Les "Céphalopodes de Louis Rollinde" ou "Le doute des Vanités"


Louis Rollinde

sculptures









caissons vitrés




verre opalescent









le vu, le su




biomorphe, image




doute, vanités




apparition, disparition




vrai, faux









cabinet de curiosités

Installée dans le magnifique cabinet de curiosités anatomiques qu'est le Musée Fragonard à Maisons-Alfort, l'exposition des œuvres (sculptures, huiles, caissons vitrés) de Louis Rollinde ne pouvait trouver plus merveilleux écrin. En fait, l'artiste a travaillé dans le cadre de cette confrontation scientifique pour continuer à questionner et décliner certaines occurrences de l'image et de ses troublantes apparitions/disparitions.

Présentés dans des boîtes vitrées, d'étranges mollusques se laissent deviner pour les uns, ou nous laissent perplexes pour les autres. Les premiers sont enfermés dans des caissons dont le couvercle en verre opalescent empêche la reconnaissance de l'animal biomorphe. Un certain malaise peut surprendre le regardeur frustré d'une saisie visuelle rassurante. En effet, le "vu" dans ce qu'il entraîne de reconnaissance et de dénomination est empêché. Il se dérobe et inquiète le "su" jusqu'à nous faire croire à l'improbable comme seule réalité accessible.


Louis Rollinde


Les seconds, plus petits et cette fois-ci bien visibles sont épinglés comme des papillons dans deux grandes vitrines au verre clair mais glissées elles-mêmes dans les véritables armoires vitrées du musée. Ainsi, le doute s'installe de nouveau mais autrement. Le visible, le soi-disant reconnu en tant que forme biologique primitive - un semblant de tête autour de laquelle s'enroule des tentacules de petite méduse ? - ne nous satisfait pas davantage quant à la certitude de ce que l'on voit. L'œil et l'esprit se disputent le désir de savoir autant que celui de se laisser déprendre par l'impossible à connaître.


Louis Rollinde


N'est-ce pas de nouveaux spécimens anatomiques entrés récemment dans la collection du musée ? Ou bien est-ce de véritables sculptures en argile vernissée blanche, modelées par l'artiste passionné depuis sa première série Météorites par cette "indéfinition" de l'image comme l'exprime Laurent Gervereau, ou plus précisément par la création de "non-images".

A l'image des cabinets de curiosités du 17ème, l'installation malicieuse de Louis Rollinde distille le doute chez le spectateur innocent de ces vanités contemporaines. Le vrai et le faux nourrissent alors ces allers et retours créateurs que l'art nous permet d'expérimenter chaque fois qu'il rencontre l'écho de sa propre manifestation.

Michelle Debat,
juin 2002.
Louis Rollinde


A lire et à regarder le catalogue de l'exposition - petit objet aussi précieux que dense dans la qualité de sa forme et de son contenu - dont le texte de Michel Ellenberger ouvre à une découverte érudite et rêveuse du monde des céphalopodes.

Musée Fragonard, Ecole Vétérinaire de Maison-Alfort, 7, Avenue du Général De Gaulle, 94704 Maison-Alfort
du 28 mai au 5 juillet 2002, tél : 33 (0)143967172

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