Au Pays des Merveilles
galerie Magda Danysz
 
 
Mark Ryden, Eric White, Marion Peck et les Clayton brothers les tenants du pop surréalisme
wonderland

pop surréalisme

lowbrow art

subversif

antisocial
les Clayton brothers
 
les Clayton brothers
 
 
Mark Ryden, Eric White, Marion Peck et les Clayton brothers, artistes phares de la scène américaine, exposent aujourd'hui pour la première fois en France et représentent fièrement un mouvement en émergence originaire principalement de Californie. Leurs œuvres déjantées participent d'un nouveau courant, que l'on nomme outre-atlantique "pop surréalisme". Ce mouvement principalement originaire de la côte ouest des Etats-Unis a vu le jour dans les années 1970 avec Robert Williams et Gary Panter. Le terme de "pop surréalisme" regroupe des artistes aux styles très différents, sans avoir de manifeste commun ou d'unité stricte. Il désigne plutôt un style de peinture qui se trouve au croisement de l'art et de la pop culture. Ce mouvement a véritablement explosé dans les années 1990. Les artistes "pop surréalistes" explorent les plaisirs et cauchemars de la culture américaine dans des peintures audacieuses, provocantes et quelquefois violentes, comme celles du tenant de ce mouvement, Mark Ryden.

Ce mouvement artistique se veut beaucoup moins élitiste, en reprenant des influences, des figures et formes très populaires, du dessin animé aux animaux de compagnie. Il s'agit d'une peinture presque exclusivement figurative. La narration est également un élément très important dans ce mouvement. Chaque peinture pourrait en effet être extraite d'un film ou d'une bande dessinée.
 
 
Eric White, divorced
 
Eric White, divorced
 
 
Le terme, réducteur au départ, de "lowbrow art" est également employé pour qualifier ce mouvement artistique. Il désigne ce qui n'est pas cultivé, érudit ou intellectuel. Cette expression s'oppose au discours dominant concernant les beaux-arts. En fait, ce ne sont pas tant les peintures elles-mêmes qui sont "lowbrow", mais surtout leurs sources d'inspiration. Celles-ci proviennent toutes, de ce que l'on peut appeler la culture de masse. Les influences sont extrêmement nombreuses, mais elles ont en commun leur caractère très populaire, voire même liées au folk art dans une certaine mesure pour les Clayton brothers.

Les artistes "pop surréalistes" ont été particulièrement influencés par le cartoon en général, de Disney à Robert Crumb. Nombre d'entre eux ont d'ailleurs créé leur propre bande-dessinée plus ou moins underground, ou ont travaillé dans l'animation, à l'instar de Gary Baseman qui a même reçu trois Emmy Awards pour son dessin animé "Teacher's pet". Le cartoon a influencé ces artistes au niveau du style et du graphisme mais leur a donné aussi une certaine vision et conception de la société. L'humour est ainsi très présent avec un détournement récurrent des modèles de la société américaine, des icônes mais aussi des idéaux classiques de la beauté, comme le fait systématiquement Marion Peck. Dans ces peintures, l'ordre des choses est modifié dans un esprit carnavalesque où la figure de l'imbécile devient héroïque, le laid devenant sublime. Les artistes expriment ainsi leur rejet de certaines valeurs et leurs commentaires sur la société. L'aspect subversif et antisocial est très souvent présent dans ces peintures.
 
 
Marion Peck
Marion Peck
 
 
L'univers du skate, du surf, du biker, qui au départ étaient des formes de contre cultures, ont influencé en profondeur ces artistes. La culture pop des années 1950 et 1960, la science fiction, le cinéma, pour Eric White en particulier, mais aussi le courant punk rock sont des sources d'inspirations majeures que ce soit au niveau du style, des formes ou du propos. Dans ces peintures transparaît une certaine nostalgie pour les films de monstres ou pour les illustrations et reproductions d'enfants. Le monde de l'enfance perdue est également un thème récurrent.
Le graffiti et les tatouages sont d'autres sources d'inspiration. Dans les années 1950, la culture polynésienne était à la mode sur la côte ouest des Etats-Unis. Les bars et restaurants étaient décorés dans un style pseudo-polynésien. Cette "tiki culture" comme le nomme les américains, se retrouve aussi dans les peintures pop surréalistes.

Le courant artistique et littéraire du romantisme, au 19ème siècle, influence également les artistes "pop surréalistes". Il est possible de retrouver cette même opposition contre le concept de rationalité et un partage des mêmes valeurs : émotion extrême, grand pouvoir de l'imagination, exploration du pathétique et de l'horreur, et surtout exploration de l'excessif et du décadent.

Le mouvement "pop surréaliste" transcende ainsi toutes ces influences pour constituer un mouvement particulier et unique, isolé des courants artistiques plus conventionnels. En revanche tous les artistes n'adhèrent pas à cette terminologie de "lowbrow art", ne reconnaissant pas l'existence d'un mouvement artistique à part entière. Certains préférant parler de partage d'influences communes, réfutent cette notion d'école préférant parler de phénomène artistique.
S.N.
Paris, mai 2005
 
Mark Ryden
 
Mark Ryden

du 16 avril au 28 mai à la galerie Magda Danysz, Paris 13, www.magda-gallery.com

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