Ferdinand Hodler
de la Nuit à la lumière
Ferdinand Hodler
Ferdinand Hodler
Ferdinand Hodler
Ferdinand Hodler
Ferdinand Hodler
Ferdinand Hodler
Ferdinand Hodler
Ferdinand Hodler
Ferdinand Hodler
 

Ferdinand Hodler (1853-1918)
La pointe d'Andey, vallée de l'Arve (Haute Savoie), 1909. Huile sur toile
Paris, musée d'Orsay © photo RMN, Gérard Blot

 
 
Dans la volonté de revaloriser le peintre symboliste suisse Ferdinand Hodler (1853-1918), demeuré relativement méconnu jusqu'à présent, le musée d'Orsay présente une rétrospective de l'artiste. Peintre de la fin du XIXe et du début du XXe, son œuvre correspond précisément à la période caractéristique du Musée d'Orsay, dont la politique depuis 1995, s'attache à faire (re-)découvrir des artistes étrangers.
Par ailleurs, la simultanéité de deux rétrospectives Courbet (à la Galerie nationale du Grand Palais) et Hodler (au musée d'Orsay) donne l'occasion de confronter le réalisme du premier à la peinture plus symboliste du second.

Considéré de son vivant comme un peintre important de la modernité, son parcours est parsemé de succès et de scandales. Il prit effectivement part à de nombreuses expositions sécessionnistes, invité notamment à Vienne par Koloman Moser ou à La Libre Esthétique de Bruxelles.
S'attachant d'abord aux thèmes des paysages et de la figure dans un style réaliste, il se dirige ensuite vers le symbolisme en élaborant sa propre théorie esthétique dès 1897, s'inspirant entre autres des travaux de Puvis de Chavannes. Celle-ci est conçue sur l'observation des parallélismes, répétitions et effets de symétrie comme étant des lois immuables de la nature, à partir desquelles il construit ses compositions.
Mais Hodler précise toutefois : "Le dessin et la couleur sont mes seuls moyens d'expression. La signification intime de mes œuvres est représentée directement par la ligne, la composition et la couleur, il n'y a rien à deviner, il n'y a qu'à voir. Je ne suis ni allégoriste, ni danseur de cordes, ni symboliste car mes œuvres ne représentent rien de surnaturel, d'invisible, qu'il faille expliquer ; ce n'est que la vérité telle que je la vois. Je suis un synthétiste." (Loosli, 1921-1924, repris in Ferdinand Hodler (1853-1918))

Après des débuts modestes et souvent difficiles, le succès viendra du scandale que suscite la présentation à Genève de La Nuit (1889-1890), l'une des toiles majeures présentées à Orsay. Cette œuvre monumentale représente l'artiste assailli par une inquiétante figure drapée de noir, alors que six autres personnages sont allongées autour de lui, dont sa femme et sa maîtresse. Cette dernière est présentée de dos dans une nudité qui fut jugée indécente à Genève et conduisit à sa censure.

Avec plus d'une centaine d'autoportraits, l'exposition démontre le rôle important de l'introspection dans l'œuvre de Hodler et permet d'en retracer son évolution artistique. La série de toiles et de dessins réalisée au cours de l'hiver 1914 lors de la maladie et de l'agonie de sa maîtresse Valentine Godé-Darel, nous introduit presque de manière indécente dans leur intimité, mais aussi dans la vision du peintre de la maladie, du corps et finalement de la mort de celle qu'il a aimé.
Par l'acidité de certaines couleurs, de traits acérés et anguleux, ses figures évoquant parfois des portraits et autoportraits d'Egon Schiele, il trace âprement les contours des corps, telles de sèches arrêtes, douloureux contenant physique et mortel.

Avec ses paysages, le peintre propose une alternative à l'impressionnisme à travers laquelle se devine déjà la montagne Sainte-Victoire de Cézanne, comme est également perceptible une certaine filiation avec la peinture romantique allemande tel que Friedrich. Ses paysages sont directement tirés de son environnement immédiat avec un sentiment de grandiose et de sublime, accentués par des formats monumentaux d'où se dégagent la prédominance du vide sur la matière et les vibrations de la couleur. Leur construction, dont il réduit les lignes à l'essentiel pour en extraire la beauté naturelle, peut également s'apparenter à la série d'arbres de Mondrian.
Dans le contexte de la rétrospective, l'actualité de sa peinture est soulignée par le parallèle établie avec le peintre Helmut Federle, dont l'œuvre 4,4 The Distance (2002) y est exposée.

En quête d'une reconnaissance artistique et critique sur la place de Paris tout au long de sa vie, cette rétrospective permet de le resituer dans cette période de l'histoire de l'art et met en lumière les nombreuses correspondances à établir avec ses contemporains et successeurs. Tourments, sensibilité, émotion, principaux moteurs de la peinture de Ferdinand Hodler, en font un artiste universel et intemporel.
 
Jennifer Beauloye, Paris, décembre 2007
 
 
 
Ferdinand Hodler (1853-1918). Musée d'Orsay, 1, rue de la Légion d'Honneur, 75007 Paris
du 13 novembre 2007 au 3 février 2008.
  www.musee-orsay.fr

accueil     art vivant     édito     écrits     questions     archives     Imprimer     haut de page