Eros dans l'art moderne et contemporain, exporevue, magazine, art vivant et actualité
Eros dans l'art moderne et contemporain
 
Depuis les temps les plus anciens, la sexualité et l'éros ont hanté les imaginations et inspiré ceux qui avaient la fonction de la représentation et de l'illustration.
… la plupart

des artistes,

… n'ont pu

échapper

malgré tout au

conformisme …

Pepilotti Rist
 
Pepilotti Rist
 
 
Ils ont largement utiliser leur talent pour suggérer, représenter, montrer, faire entendre les formes et les contours de cette quête permanente, personnelle ou collective. Au cours des âges, les artistes, chacun avec sa technique, ses propres sentiments, ses impulsions intimes et son propre vécu, ont participé à leur façon à cette farandole qui mélange le réel et l'imaginaire.
 
 
Egon Schiele
 
Egon Schiele
 
 
La fondation Beyeler de Riehen, près de Bâle, s'est lancée avec passion dans l'aventure avec une grande exposition en 2 volets, qui après avoir montré comment Rodin et Picasso ont appréhendé et mis en scène "leur" vision, ou peut être même leur vécu, de l'érotisme, entend passer en revue, de façon non exhaustive d'ailleurs, la manière dont beaucoup d'artistes renommés du 20ème siècle ont produit des œuvres sur ce thème. Avec retenue, réalisme, sensibilité, brutalité parfois, ces artistes se sont laissés entraîner par la drogue magique qui permet au détenteur du don de la représentation, d'exercer son talent.
 
 
Rebecca Horn
 
Rebecca Horn
 
 
Ainsi il ressort avec clarté que l'Eros a d'autant plus fortement marqué l'art moderne, que nombre de tabous sont tombés et que, par provocation ou simplement grâce à la "libéralisation" des mœurs, il devenait de plus en plus licite, non pas de produire, mais d'exposer au public les "contours du désir". Car cette multitude d'œuvres manifeste une quête sans fin, tout au moins dans un univers fondamentalement unisexe, et il ressort de cette exposition que Eros est souvent, trop souvent ?, conjugué au masculin.

Les œuvres de Rebecca Horn (The Lover's Bed, 1990), Rosmarie Trockle, Louise Bourgeois ou de Pipilotti Rist (Pickelporno, Pimple Porno, 1992) apparaissent alors d'une autre veine, semblent moins complexées et s'adressent plus directement à la fonction sexuelle, sans pourtant cacher le trouble et les interrogations confuses qui s'en dégage. Malgré un petit nombre de tentatives comme par exemple Le Grand Masturbateur de Dali, la plupart des artistes, en dehors de ceux qui ont cru devoir enfreindre les tabous en magnifiant le sexe masculin, n'ont pu échapper malgré tout au conformisme qui associe imperturbablement Eros au corps féminin.

"Naturellement" pourrait-on dire avec les dessins d'Egon Schiele dont l'art naturaliste a choqué la bourgeoisie viennoise au début du 20ème siècle, "avec métier" à propos des photographies de Man Ray ou les nus de Bonnard ou Edgar Degas, "avec complexité" pour Francis Picabia, Yves Tanguy ou Anselme Kiefer, toujours "avec bonheur", enfin, dans les œuvres de Paul Klee, Van Dongen, Weselman et tant d'autres.
 
 
Dali
 
Dali
 
 
Cette exposition ouvre d'ailleurs les portes à nombre d'autres expériences visuelles, sinon sensorielles : soirées de danse (Cathy Sharp Dance Ensemble, compagnie Nomades, Ballet Basel), de musique et même de cinéma par la projection de films cultes traitant de l'amour, du désir et de la sexualité.
Bernard Blum
Bâle, octobre 2006
 
Man Ray
 
Man Ray

Fondation Beyeler, Baslerstrasse77, 4125 Riehen (Basel), tél. : +41 645 97 00, www.beyeler.com
Du 8 octobre 2006 au 18 février 2007, tous les jours de 10h à 18h, jusqu'à 20h le mercredi.
Catalogue illustré édité chez Hatje Cantz Verlag

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