Le polaroïd baroque
Jacques Courtejoie
Jacques Courtejoie
Jacques Courtejoie
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Jacques Courtejoie
Jacques Courtejoie
Jacques Courtejoie
 

Jacques Courtejoie

 
 
Les polaroïds rehaussés de Jacques Courtejoie nous convient à dresser l’œil. De taille minimale, ils nous forcent à nous pencher pour en débusquer le détail. Et même au-delà : chaque détail en révèle un autre, adjacent, à demi caché, voire enfoui. Mais ces photographies miniatures méritent vraiment ce penchant : on y plonge, et malgré leur taille on se laisse capter. On rebondit d’œuvre en œuvre, par petits sauts de ronce en ronce, passant de l’une à l’autre avant de se fixer sur l’une d’elle. Happé en spirale.

On entre dans un monde à chaque photographie, phases de lune, catafalque… Mais on pénètre également un monde unique, à la découverte des quarante-sept polaroïds exposés à la galerie d’Ys. Celui de Courtejoie est fait de nostalgie non datée, de profondeur ténébreuse, d’une richesse de tons, de teintes, de langages sourds, qu’il nous fait partager sans concession. Rien n’est fait pour plaire : à prendre ou à laisser. Nous sommes pris. Voyagé en Afrique, cerné de bosquets fleuris mais sombres, parmi des personnages distants, absents, qui dansent des sarabandes lentes. Le tout sur fond immatériel. Intemporel.

La technique importe beaucoup : les œuvres sont d’abord des tirages séparés, puis assemblés, croisés, disposés, avant d’être tirées sur polaroïds, eux-mêmes repeints à l’aquarelle ou aux encres. Mais la technique au scalpel se fait absolument oublier. Le pays natal de Jacques Courtejoie n’est sans doute pas étranger à la sensation déclenchée : le Congo et ses cascades, ses léopards tapis dans une végétation fantasmatique, luxuriante, brumisent la perception. Chavirent lentement l’horizon. Plus rien n’est ordinaire, les âmes rougies rejoignent le ciel noir, les lueurs brûlantes entrent profondément en forêt brune. Plus rien n’est comme avant.

Il y a des miniatures qui méritent qu’on se les agrandisse dans la tête. Même si un de leur grand charme est d’être miniatures, justement.
 
 
Pierre-Louis Humbert
Bruxelles, février 2008
 
 
 
Galerie d'Ys, Rue de l'Arbre Bénit 84, 1050 Bruxellles, jusqu'au 16 mars 2008
tél. : +32 (0)2 511 95 11 www.galeriedys.com

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