"Making Worlds"
53ème Biennale de Venise 2009, exposition Internationale d'Art Contemporain
 
 
Han & Him

"The collectors" pavillon nordique les butterflies de Han & Him

 
 
"Making Worlds" du 7 juin au 22 novembre 2009 aux Giardini avec ses 50.000 m2 et à l'Arsenal avec ses 38.000 m2 comme dans plusieurs lieux dans Venise.
Le directeur artistique est Daniel Birnbaum, recteur de la Staedelschule de Francfort en Allemagne depuis 2001. Plus de 77 pays et 96 artistes du monde entier y participent. Elle accueille de nouveaux pays tels que les Emirats Arabe Unis, la Principauté de Monaco, Abou-Dhabi et son autorité pour la culture et le Patrimoine, "Plateforme pour les Arts Visuels".
L'ancien Pavillon Italien est devenu le "Palais des Expositions" conjointement avec la réouverture de la bibliothèque. Le pavillon a été transféré à l'Arsenal et complètement rénové avec une augmentation de sa superficie.

Un petit tour des pavillons nationaux aux Giardini…

Le Pavillon Russe a pris pour thème "Victoire sur l'avenir" sur la peur de l'incertitude économique actuelle, titre en parallèle avec l'opéra du début du XXème siècle "Victoire sur le Soleil" événement politique qui engendra les catastrophes de l'époque. La commissaire Olga Sviblova s'appuie sur sept artistes dont Andrei Molodkin présente une installation multimédia avec deux sculptures de verre, silhouettes en creux de la Victoire de Samothrace (symbole de la Victoire). Une des deux est remplie d'un liquide noir en pulsation (le pétrole), l'autre d'un liquide rouge aussi en pulsation (le sang). Filmées toutes les deux en temps réel par une caméra, elles sont projetées et superposées sur grand écran. Les flux rouges et noirs se rassemblent au sein de la Victoire de Samothrace d'où le symbole ambivalent de toute victoire, pouvoir, richesse, force et souffrance. Cet artiste est défendu par la galerie Orel Art basée à Paris et à Londres depuis cette année.
En outre, Anatoly Shuravlev travaille sur le thème de la mémoire historique. Ses photos miniatures de personnages historiques du XXème siècle de Ghandi à Einstein, de Churchill à Picasso, (toutes des personnes qui ont changés le monde) remplissent la salle dans des gouttes de hauteurs différentes. Il joue sur les différentes échelles, les textures et les fractures. Il soulève le problème de la manifestation du futur à travers le passé.

Plus loin au le Pavillon Français, "le Grand Soir" de Claude Lévêque a choisi pour commissaire Christian Bernard directeur du Mamco (Musée d'Art Moderne et Contemporain) à Genève. Il est question d'enfermement pour cette installation, un parcours nocturne dans une cage panoptique en forme de croix. Au bout des trois couloirs plongés dans le noir un drapeau fantôme flotte, inatteignable. Il est celui de la victoire de l'anarchie. Des particules métallisées recouvrent les murs du péristyle de l'édifice entouré d'ampoules, une ambiance féérique mais aussi mortuaire. Les personnes se retrouvent en cage et sont conditionnés. L' atmosphère est tendue, la circulation est imposée comme dans une prison accompagnée du bruit sourd d'un navire. L'artiste a toujours privilégié l'ambivalence, l'ambigüité. Le dispositif renvoie à une période de transition entre un changement idéal ou une destruction, l'illusion ou l'espérance. Il joue sur la situation du monde et de la France avec sa propre perception sur l'aspect honorifique de sa participation à la Biennale. Le public semble perplexe et déstabilisé. Le terme "Le Grand Soir" expression exclusivement française est la propriété de la Révolution Française. Claude Lévêque est défendu par le galeriste parisien Kamel Mennour (présent à la biennale).

Puis encore, le Pavillon Australien dont le commissaire est Doug Hall, expert des plus important de son pays, présente Shaun Gladwell, artiste vidéaste et quatre jeunes artistes de la nouvelle génération montante. Prˇsentée sur grand écran, son œuvre "Maddestmaximvs" est une suite de cinq vidéos dont les images sont inspirées de l'arrière pays australien et de "Mad Max", film culte. Notre regard ne quitte plus l'écran absorbés par ses images de toute beauté, réflexion sur le paysage et l'animal mythique, le temps et l'espace.

"The Collectors" est une proposition du duo d'artistes Michael Elmgreen (Danemark) & Ingar Dragset (Norvège). Ils ont fusionné le pavillons nordique (Finlande, Norvège, Suède) et Danois. Une mise en scène psychédélique pour une fiction humoristique ne manquant pas de charme sur le mental du collectionneur.
En passant devant le pavillon danois transformé en une maison bourgeoise, nous repérons un panneau "For sale". Accueillis par une hôtesse, un "speudo" agent immobilier nous fait la visite commentée. Les pièces sont aménagées avec beaucoup de goût et de rigueur, mais la réalité est tout autre. Apparemment, un drame familiale s'est produit dans ce décor un peu trop parfait. La grande table de la salle à manger est fendue en deux, les couverts des invités y compris. L'incendie est passé dans la chambre à coucher, œuvre de Klara Liden. L'escalier est brisé. L'ensemble est harmonieux. Le trio de designers norvégiens Norways Says y a installé ses propres meubles. Quelques sculptures de Maurizio Cattelan et de Guillaume Bijl, entre autre. Dans la cuisine une collection de céramiques multicolores vient de chez Massimo De Carlo, marchand milanais. On comprend qu'Elmgreen & Dratget ont obtenu une mention spéciale.

L'autre pavillon reflète un décor intérieur style des années 70/80, revu et corrigé à caractère hédonistique. Une réflexion socioculturelle, spirituelle et sexuelle, à tendance gay d'ailleurs o¯ l'on peut remarquer entre autre une collection de shorts moulants de Han & Him, les "Butterflies" et une vidéo de William E.Jones.
L'architecture intérieure, portrait des anciens habitants, est fondée sur les métaphores, décoration élégante. Au centre, la salle de bain "The Hockney Bathroom" d'où surgissent de terre deux arbres augmente la sensation d'une habitation difficilement habitable. La sortie débouche passage obligé devant la piscine où flotte un corps d'homme ; évidemment le mystère subsiste.

Deux Lions d'Or ont été décernés :
• Un pour l'artiste allemand Tobias Rehberger en tant que meilleur artiste. Il a notamment décoré le nouveau Pavillon International de la Biennale de Venise (ex pavillon italien) pour l'exposition "Majing Worlds". A l'intérieur, il a conçu la cafétéria s'inspirant du motif "dazzle" (peinture décorative inventée par les Britanniques pendant la 1ère guerre mondiale pour camoufler les bateaux). Les meubles et les murs sont habillés de lignes brisées, puissants contrastes colorés visuels qui perturbent la visu.
• Le Deuxième Lion d'Or est pour Bruce Nauman, né en 1941, pour le meilleur pavillon national aux Giardini, donc le pavillon officiel américain, lié plutôt à une reconnaissance tardive. Trois expositions sont éparpillées dans Venise. Une à l'université Ca'Foscari le long du grand Canal face au Palazzo Grassi et à l'IUAV de Venise "Topological Gardens" organisé avec le Philadephia Museum of Art et la dernière près de la gare.

De même deux Lions d'Or honorifiques ont été décernés un à Yoko Ono pionnière de l'Art Conceptuel et des performances dont son exposition "Anton's memory" est à la Fondation Bevilacqua la Masa et l'autre à John Baldassari.

On peut déplorer cette année l'absence de l'Inde et de l'Afrique à part le Gabon, l'Egypte, le Maroc. Les lieux off aussi à voir; "Glass Stress" à l'Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti au Palazzo Franchetti est organisée par Murano présente des créations en verre de César à Tony Gragg, de Luciano Fontana à Dan Graham, de Man Ray à Louise Bourgeois et bien d'autres. Des nouveaux, comme Orlan ont imaginés des œuvres à base de verre. Cette dernière a su créée un travail différent de sa ligne.

On termine par un passage au nouvel Arsenal où "Unconditionel Love" présente parmi d'autres artistes la toute dernière œuvre du collectif d'artistes russes AES+F, "Le Festin de Trimalchio", une œuvre incomparable, de toute beauté, à vous couper le souffle. Elle est inspirée des passages du Satyricon de Pétrone. Les artistes l'ont remaniée à l'époque du troisième millénaire. Trimalchio incarne le luxe, la richesse et le plaisir démesuré. Les maitres-clients se croisent avec les domestiques-personnels dans un hôtel de luxe exotique. On a pu voir également cette œuvre à la gare Saint Sauveur de Lille dans le cadre de Lille 3000, Europe XXL, magnifique et grandiose.
 
Elisabeth Petibon
Venezia, août 2009
 
 
53¸me Biennale de Venise du 7 juin au 22 novembre 2009.
Giardini della Biennale et Arsenale.
www.labiennale.org
Lire aussi : Fondation François Pinault à la Punta Della Dogana et Biennale de Venise 2009
 
Lion d'Or pour l'ensemble de son œuvre: Yoko Ono (Japon)
Lion d'Or pour l'ensemble de son œuvre: John Baldessari (États-Unis)
Lion d’Or de la participation nationale: Pavillon des Etats-Unis: Bruce Nauman
Lion d’Or du meilleur artiste ayant répondu au thème 2009 «Fare Mondi / Making Worlds»: Tobias Rehberger (Allemagne)
Lion d’Argent du meilleur artiste prometteur: Nathalie Djurberg (Suède)
Remaking Worlds: Lygia Pape (décédée en 2004) (Brésil)
Curating Worlds: Michael Elmgreen et Ingar Dragset, commissaires des Pavillons Danois et des pays nordiques (Finlande, Norvège et Suède)
Expanding Worlds: Ming Wong (Singapour)
Translating Worlds: Roberto Cuoghi (Italie)

accueil     vos réactions     haut de page