Art Basel Miami Beach : concept innovant

Thomas Ruff

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Miami Beach














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Art Basel a envahi la Floride en décembre dernier. La direction d'Art Basel a signé en juin 2000 un contrat de plusieurs années avec la ville de Miami Beach et le Miami Beach Convention Center. La manifestation devait à l'origine se tenir en 2001. Elle avait été reculée à 2002 après les attentats tragiques du 11 septembre 2001. Elle a déchaîné les passions en décembre dernier. Pour sa première édition, la foire a connu un succès fracassant tant au niveau de la fréquentation que des ventes.

Pourquoi Miami ? Miami Beach, avec ses hôtels de première catégorie, ses excellents restaurants, ses fameuses artères commerçantes et sa vie nocturne animée, était l'endroit idéal. Pont entre les cultures nord-américaine, latino-américaine et européenne, Miami dispose en effet d'un grand potentiel culturel et économique, d'un aéroport et d'un port maritime internationaux, d'une architecture hors pair, de nombreuses merveilles naturelles et jouit d'un climat agréable. C'est notamment la concentration unique d'un niveau de vie élevé, d'ambitieuses institutions culturelles, d'une active communauté de collectionneurs d'art et d'une scène artistique animée qui a joué en faveur de la Floride. Les musées de Floride du Sud ont inauguré à cette occasion des expositions hors du commun destinées à enrichir la nouvelle foire d'art et à créer des pôles d'attraction supplémentaires pour le public international. Le haut comité, fondé l'an dernier en Floride du Sud, a réuni plus d'une centaine de personnalités issues des milieux de la culture, de la politique et de l'économie. Il a cette année encore soutenu Art Basel Miami Beach et s'est engagé à assurer aux exposants et aux hôtes de la ville un accueil particulièrement chaleureux. La présidence de ce comité était assurée par le couple de collectionneurs Irma & Norman Braman, le président honoraire en était le maire de Miami Beach, David Dermer. L'objectif déclaré des instances de la ville était d'élever Art Basel Miami Beach au rang de sommet événementiel de la vie culturelle et sociale des deux Amériques. Bon nombre de musées américains de premier plan ont fait le voyage à cette occasion.

On a pu lire dans une manchette du New York Times consacrée à la nouvelle manifestation : "C'est sûrement la foire d'art contemporain la plus torride des États-Unis". Samuel Keller, directeur d'Art Basel Miami Beach, a renchéri : "Et cette année le sera encore plus " ! La célèbre foire d'art contemporain de Bâle a pris ses quartiers d'hiver sur la plage de Miami (Floride) en décembre dernier, où convergent des milliers d'amateurs d'art, d'artistes et de galeristes. "Presque toutes les galeries les plus importantes d'art contemporain étaient présentes", a déclaré Samuel Keller. C'était la première fois que la foire de Bâle, une des plus importantes foires d'art contemporain du monde, organisait une manifestation hors de Suisse. Tous les médias (toiles, dessins, sculptures, installations, photographie, éditions, performances, art numérique et vidéo) étaient à voir et à acheter.

Art Basel Miami Beach concrétisait un concept innovant, dont la pièce maîtresse était constituée d'une foire d'art contemporain. 160 galeries d'art contemporain (66 d'entre elles venaient des États-Unis et du Canada, 75 d‘Europe, 10 d'Amérique latine, 3 d‘Asie et une d'Afrique du Sud), comptant parmi les leaders du marché et venant en majorité d'Amérique du Nord, d'Amérique latine et d'Europe, avaient été soigneusement sélectionnées.

Elles présentaient 5 000 œuvres d'art d'un millier d'artistes, considérés comme "les plus respectés et les plus intéressants" des XXe et XXIe siècles. «Les prix démarraient à quelques centaines de dollars pour les jeunes artistes et montaient à plusieurs millions pour des œuvres dignes de figurer dans un musée", selon les organisateurs. Cette nouvelle manifestation a été organisée en étroite coopération avec les musées d'art et des collections privées du sud de la Floride. Des manifestations culturelles transsectorielles réunissant musique, mode, cinéma, design et architecture, complétaient habilement le programme. Le styliste Karl Lagerfeld dévoilait notamment, lors d'un défilé, ses dernières créations.

Différents espaces intérieurs ajoutés à des stands extérieurs situés à proximité pour des manifestations et des expositions, faisaient partie de cette gigantesque mise en scène, tout en intégrant largement l'architecture Art Déco unique de Miami Beach. Un des stands extérieurs les plus frappants de la nouvelle foire d'art se trouvait à quelques pas de là, sur la plage proprement dite. De jeunes galeries qui n'avaient pas encore suffisamment de moyens pour participer aux foires d'art internationales, se voyaient proposer une formule à la fois intéressante et économique pour présenter le nouvel art ("Art Positions"). Art Basel Miami Beach avait conçu, en partenariat avec les jeunes architectes Steinmann & Schmid, des lieux d'exposition mobiles en transformant des conteneurs de bateaux. Regroupés dans un petit village, ces espaces n'ont pas manqué de susciter un vif intérêt de la part du public.

À Art Basel Miami Beach, l'occasion était donnée aux jeunes artistes de se présenter dans des expositions personnelles. Leurs galeries respectives montraient leurs travaux dans la section "Art Statements", laquelle permet depuis des années, à Art Basel de précipiter la carrière de bon nombre de jeunes talents. «Art Statements" offrait des conditions extrêmement avantageuses pour présenter leurs poulains sur une plateforme leur garantissant l'attention maximale des collectionneurs, des organisateurs d'expositions et des médias. Le comité de sélection avait donné sa préférence à des artistes encore méconnus ou présentant des positions difficiles à communiquer. Au nombre des artistes déjà sélectionnés l'an dernier se sont ajoutés MR (Tomio Koyama Gallery), Candice Breitz (Galleria Francesca Kaufmann) Elisa Sighicelli, (Galleria Giò Marconi), Javier Téllez (Serge Ziegler Galerie) et Alessandro Pessoli (Anton Kern Gallery).

Sur les dix-neuf artistes retenus, quatre venaient des États-Unis, deux du Japon, de Grande-Bretagne, d'Italie, d'Allemagne et de Suisse, et un d'Afrique du Sud, du Brésil, du Nigéria, d'Espagne et du Vénézuela. D'autres projets artistiques hors-du-commun de l‘espace public de Miami Beach ("Art Projects") étaient exposés dans plusieurs lieux du Art Deco District. Dans le Collins Park, et plus exactement dans la rotonde de la Public Library de Miami Beach (à quelques pas du Miami Beach Convention Center), les visiteurs assistaient à des projections vidéo et se rendaient dans la vidéothèque qui proposait un programme complet de travaux vidéo. L‘"Art Video Lounge" était installé par le groupe d'architectes américains d‘avant-garde LO/TEK de New York. "Art Sculpture Park", "Art Video- Lounge" et "Art Projects" étaient réalisés avec la collaboration du célèbre conservateur américain James E. Rondeau, du Art Institute.

Art Basel n'a pas choisi la Floride pour y organiser un salon axé sur le marché local, mais une manifestation d'art internationale, qui a attiré des galeries et des collectionneurs d'art de premier plan de toute l'Amérique du Nord, d'Amérique latine et d'Europe. Les critères de qualité élevés d'Art Basel s'appliquaient aussi à Art Basel Miami Beach, "voire encore plus", a précisé Samuel Keller, directeur des deux foires. La direction de la foire et le comité de sélection, composé des célèbres marchands d'art Jane Corkin (Jane Corkin Gallery, Toronto), David Juda (Annely Juda Fine Art, Londres), Dr Ursula Krinzinger (Galerie Krinzinger, Vienne), Lawrence Luhring (Luhring Augustine, New York), Mary-Anne Martin (Mary-Anne Fine Art, New York), Lucy Mitchell-Innes (Mitchell-Innes & Nash, New York), Tim Neuger (Neugerriemschneider, Berlin), Shaun Caley Regen (Regen Projects, Los Angeles), Angel Samblancat (Prats/Polígrafa, Barcelone), Frederic Snitzer (Frederic Snitzer Gallery, Miami), Luisa Strina (Galería Luisa Strina, Sao Paulo) avaient décidé d'un commun accord de simplifier le processus de sélection.

Les galeries retenues dès l'édition de 2001 avaient été automatiquement admises à participer cette année à Art Basel Miami Beach. 95 % des participants de l'an dernier s'étaient à nouveau inscrits, laissant de ce fait très peu de places disponibles pour d‘autres galeries candidates. Malgré cela, cent nouvelles inscriptions s'étaient ajoutées aux quatre cents déposées l'an dernier. La direction et le comité de sélection n‘ont pratiquement pas augmenté le nombre des stands. Avec les nouvelles admissions, l'éventail des galeries participantes était encore plus remarquable que l'an dernier. Samuel Keller commentait ainsi les résultats des réunions de sélection organisées début mars à New York : "Les galeries d'art contemporain les plus importantes du monde se retrouvent pratiquement au complet à Art Basel Miami Beach. Que cette nouvelle foire d'art soit la meilleure sur le continent américain dès sa première édition, est stupéfiant".

Plus de 150 galeries parmi les plus influentes du monde, comme Marian Goodman, Barbara Gladstone, Luhring Augustine, Gagosian, Hauser & Wirth, Max Hetzler, Jay Jopling, Yvon Lambert, Donald Young, David Zwirner, Lisson, Gavin Brown's enterprise, Schipper & Krome, 303, Regen Projects, Perrotin, Tanja Bonakdar, Tomio Koyama, Juana de Aizpuru, Victoria Miro et bien d'autres, présentaient les artistes les plus éminents et les plus appréciés de notre époque. Parmi les nouvelles candidatures, le comité de sélection avait retenu les galeries suivantes : Taka Ishii Gallery, Andrea Rosen, Kukje Gallery, Claes Nordenhake, Anthony Reynolds, Massimo de Carlo, P.P.O.W. Gallery, Christian Nagel et Christina Guerra. Les illustres marchands des classiques du XXe siècle faisaient incontestablement figure de références pour les galeries de la génération montante. Trente d'entre elles, dont les légendaires marchands d'art Jan Krugier, Richard Gray, Ernst Beyeler, Achim Moeller, Annely Juda, Mitchell-Innes & Nash et Mary-Anne Martin, étaient représentés. Jahr Robert Landau et Leslie Waddington se sont joints à eux cette année. Ils exposaient tous des œuvres d'art du XXe siècle aussi rares qu‘exceptionnelles. Étaient également retenues les dix meilleures galeries établies en Amérique latine. Quatre venaient du Mexique, quatre du Brésil, une d'Argentine et une autre du Costa Rica. Avec les galeries européennes et nord-américaines qui présentaient des artistes d'Amérique latine, la scène de l'art des Caraïbes et d'Amérique du Sud était également représentée par des douzaines de galeries. Une marionnette représentant Hitler en médecin y côtoyaient des Picasso, Keith Haring, Fernand Léger, René Magritte ou Andy Warhol. Parmi les œuvres phares figurait le tableau Olga de Picasso, qui n'avait pas été montré depuis dix ans !

Le concept et l'offre affichés à Miami Beach n'étaient toutefois pas une copie de Bâle, mais un complément doté d'un profil spécifique. Il s'agit en fait de la petite sœur d'Art Basel. Les deux manifestations sont organisées sous une direction commune, ce qui assure une interaction optimale dans la promotion mutuelle des événements proposés à un rythme semestriel. Les dates ont été fixées en fonction des besoins du monde international de l'art et évitent une collision avec d'autres salons d'art et ventes aux enchères existants. Aussi bien la haute saison dans les métropoles du marché de l'art que la haute saison touristique en Floride étaient ainsi évitées. Les conditions les plus favorables étaient réunies pour que Art Basel Miami Beach s'impose en tant qu'événement culturel et social incontournable sur le continent américain. Le rendez-vous est désormais pris chaque hiver à Miami pour tous les collecteurs, les galeristes, les artistes, les commissaires d'expositions, les critiques et les amoureux d'art.

Muriel Carbonnet-Caumes
Bâle, juin 2003

— 30 000 visiteurs de tous les continents (à 15 $ l'entrée) : "la première édition d'Art Basel Miami Beach a depassé de loin toutes nos attentes, c'est un succès total", s'est enthousiasmé Samuel Keller. "Nous voulons que cette manifestation soit l'exposition d'art la plus importante sur le continent américain, un point culminant culturel et social", a-t-il poursuivi.
— 400 représentants des médias.
— 160 galeries dont 56 % provenant de l'étranger.
— 7 000 VIP : collectionneurs, marchands…
— Environ 50 représentants de musées internationaux : du Museum of Modern Art de New York au Contemporary Art Museum Reina Sofia de Madrid, en passant par le Museo de Arte Moderna de Sao Paulo ou la Contemporary Art Gallery de Toronto.
— "Un vent de folie souffle à Miami : en quarante minutes, plusieurs stands ont été assaillis et les œuvres se sont vendues comme des petits pains !", s'est exclamée la presse américaine.
— La galerie Lisson a vendu, dans la première heure, une œuvre d'Anish Kapoor pour 375 000 $.
— La galerie Boesky a vendu trois énormes chiens en fibre de verre de Yoshitomo Nara pour 75 000 $.
— Exemples de prix : un collage de Johnathan Pylypchuk à 250 $, une œuvre de l'artiste Thomas Grünfeld pour 48 000 $, une peinture de Fernand Léger pour 275 000 $, une tête en tissu de Louise Bourgeois pour 590 000 $, une peinture de Mark Rothko pour 8,5 millions de dollars.
— Les dépenses totales pour un marchand qui venait exposer à Art Basel Miami Beach, comprenant les honoraires de location, l'expédition, le transport et le logement : "environ de 15 000 à 100 000 $", selon la presse américaine. "C'est le double du coût de l'exposition à la foire de New York", a confirmé le marchand James Cohan de New York, "mais les organisateurs ont fait un travail formidable de communication." En deux mots : "Excellente manifestation", pour reprendre les termes du marchand Margo Leavin de Los Angeles. "J'ai rencontré de nouveaux clients et j'ai vendu des œuvres aussi bien à des collectionneurs de New York, de Floride, d'Allemagne ou de France".

Lire aussi :
Art Basel
Musées bâlois
Rothko - Beyeler
Khbl, Kunsthaus Baselland
Interview de Samuel Keller

www.ArtBasel.com

Miami Art Week 2015

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