Xylon 14
Triennale internationale de l'impression artistique en relief
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Christof Donin, Xylon 14

Christof Donin, "Fortuna", 2007, Autriche

 
 
A force d'épargne, de copeaux jonchant le sol, de concentration parfois épileptique, le labeur du graveur découvre des formes aux lignes toujours pures. Au combat s'affrontent les deux dimensions papier/plaque et la tridimensionnalité de la profondeur du creux révélateur. Creuser, épargner, même s'il n'est d'épargne que le terme donné à l'acte de graver, tel est le lot de ces artistes du négatif, de l'inversé. Pensent-ils à l'envers ? Quand dans une douce folie ils amorcent les pleins de l'image rêvée. Le peintre ajoute, produit de la matière, révèle touche après touche les contours de son sujet. Le graveur enlève, arrache à son support les lambeaux des formes pour ne les révéler que dans une inspiration angoissée lorsque le rouleau de la presse officie. Les doutes, la technicité se gomment lorsqu'enfin apparaît l'œuvre. Si la technique pure le distance parfois, les courbes, les angles happent le spectateur dans une émotion teintée de respect.

120 artistes, 28 pays ;
Un tour du monde de l'impression artistique en relief, tel est le propos de cette exposition, avec pour maître de cérémonie Xylon, Société Internationale de gravure sur bois. (ou xylographie : technique consistant à pratiquer une taille d'épargne en préservant le motif, l'objet étant d'obtenir une matrice d'impression en relief. On utilise traditionnellement le bois d'arbres fruitiers, mais également le linoléum ou toutes autres matières synthétiques.) Au-delà d'une revendication toute légitime de proposer un panorama de la création contemporaine dans ce domaine, la variété des œuvres souffle sur la poussière d'une technique injustement considérée comme artisanale et trop souvent lésée. Cette nouvelle triennale Xylon 14 nous révèle dans une bouffée salvatrice des artistes jeunes et moins jeunes, inspirés et techniquement irréprochables.

120 œuvres et autant de propositions ;
La "Suzanna" de Mariek Basiul (Pologne) se frotte dans la sensualité de ses pointillés pop à la violence schieléenne des personnages d'Haydee Landing (Porto Rico).
Rappelant la poésie enlevée de l'artiste chinoise Hu Xiaoyuan découverte à Kassel, le japonais Kanako Watanabe complète la leçon de corps avec "Red Hand" et cette main fragile, suspendue dans un geste d'adieu, celui d'une marionnette à son créateur.
Si l'abstraction en peinture n'offre guère aujourd'hui que peu de modernité, les artistes Zenon Burdy (Canada), Luc Etienne (Belgique) ou encore Patrick Moreau (France) présentent des oeuvres dont la maîtrise et l'inspiration injectent une aspiration nouvelle à cette forme d'art.
Un clin d'œil pour finir à la technique de gravure au bois de fil que certains auront redécouverte sous la main de Munch lors d'une exposition à la fondation Beyeler en 2007. L'outil devient acteur de la représentation, les veines du bois soulignent les contours de l'imaginaire de l'artiste, comme dans "Fortuna" de Christof Donin (Autriche).

Avec cette triennale, l'Espace d'Art contemporain Fernet Branca recouvre ses murs dans une scénographie parfois trop sobre mais en revanche fort lisible (les thématiques sont directes et les rapprochements évidents tels le corps, l'environnement, l'abstrait…) où chacun, dans une pêche quasi miraculeuse, se projette à la fois dans le confort d'une esthétique séculaire et le bouleversement d'une technique transcendée par les univers changeant d'artistes tellement dissemblables mais réunis autour d'une dextérité commune.
 
Caroline Spindler
Saint-Louis, avril 2008
 
 
Espace d'Art Contemporain Fernet Branca, 2, rue du Ballon, 68300 Saint-Louis, tél : + 33 3 89 69 10 77
musee-fernet-branca@wanadoo.fr   www.museefernetbranca.fr   www.xylon-international.org

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