Vive l'Art Urbain
vlu
vlu
vlu
vlu
vlu
vlu
vlu
vlu
vlu
vlu
 

Vive l'Art Urbain

Vive l'Art Urbain, Jérôme Mesnager

 
 
Vive l'art Urbain est une exposition transgénérationnelle, qui touchera tous publics. Depuis les années 80, ces artistes oeuvrent de manières originales, engendrant des rhizomes multiples de nouveaux créateurs urbains. On ne peut être qu'enthousiasmé des modifications qu'ils ont enfanté, notamment sur le visage parisien, questionnant le passant sur l'empreinte de l'homme sur le monde. Une touche de rythme artistique qu'on se doit d'admirer.

Vlp fête ses 25 ans, Michel Espagnon et Jean Gabaret invitent autour d'eux pour cette occasion plusieurs artistes urbains aux talents multiples. La rue terrain de jeux, d'art, de vie, se dynamise par leurs actions spontanées, authentiques. Pour Artzines, ils créent Zuman personnage unique qui symbolise "la réponse à un appel lancé sur internet demandant aux artistes du monde entier d'envoyer leur profil afin d'en obtenir par synthèse un prototype". Il est représentant sauvage du refus de standardisation et de mondialisation imposées. VLP dont le rock jaillit des œuvres, reste fidèle à la galerie Univer où ils ont déjà exposé et réalisé une performance.

Jean Faucheur est un détourneur d'affiches après avoir croisé la route de Tom Tom, maître du couper coller, il décide de s'arrêter dans les rues parisiennes. Allié à de jeunes artistes, peintres, graffeurs du quartier, ils réaliseront un détournement artistique hebdomadaire, mettant les passants face à une nouvelle forme d'art. Il s'inscrira par la suite comme artiste acteur de l'éphémère, fier d'œuvres qui s'autodétruiront après une décharge intense d'énergie. Militant, créatif, nomade, cet homme aux multiples facettes artistiques reste toujours un peu à l'écart des "politesses parisiennes" et défend fortement les graffiteurs, pochoiristes… Aujourd'hui, il reçoit tous les aspirants aux détournements publicitaires et revendique son statut d'artiste, ainsi que celui d'obtenir des espaces pour s'exprimer librement. Sa participation est un ressort logique à cette exposition qui propose un pan mural comme toile pour laisser simplement l'art agir.

La galerie Univer accueille également le groupe Dix10, ce dernier constitué en 1982 par JJ Dow Jones et Roma Napoli, fédérés comme entité collective, se démarque par leurs actions et leurs œuvres provocatrices. Après plusieurs interventions décisives dans leur parcours, ils tâtonnent les limites du rationnel, et trouvent un chemin en direction de l'absurde qu'ils suivront durant 25 ans. Cet art, impose une réflexion sur le prix des œuvres d'art et ses codifications, ils s'amusent à faire des créations à prix élevé tout en permettant au public d'y accéder sous différentes configurations (carte postale). La forme et le style des œuvres du groupe s'adaptent à la thématique de chaque intervention et n'a aucun rapport avec une évolution plastique dans le temps. On reconnaît la marque du groupe par trois éléments distincts : la représentation plastique d'un objet, sa présentation écrite et le signe 10/10 ou sous forme de trilogie lorsqu'il s'agit d'œuvre picturale. Chaque intervention est un rebondissement de leur questionnement vis-à-vis de ce qu'ils considèrent comme d'actualité économique, politique, culturelle.

Jérôme Mesnager est l'un des fondateurs ainsi qu'un acteur essentiel depuis 1982 de "Zig-Zag", un groupe d'une dizaine de très jeunes artistes, qui investissent la ville et dispersent leur créativité. Leur découverte artistique s'articule donc essentiellement sur les possibilités d'occuper le royaume urbain, en dessinant des graffitis, ou encore en instaurant le temps d'une performance artistique, des usines désaffectées. L'invention en 1983 de l'Homme en blanc ou Corps blanc, "un symbole de lumière, de force et de paix", Jérôme Mesnager l'a reproduite à travers le monde entier, des murs de Paris en Inde, passant par la Chine. Cet homme blanc s'associe fréquemment à la silhouette noire d'un homme en imperméable coiffé d'un chapeau, une création de Némo. Accompagnateur du mouvement Pochoir et de la Figuration Libre au début des années 1980, il aime partir à la rencontre et se mêler à d'autres techniques picturales. Ses œuvres se déposent jusqu'à la pochette CD pour la rue Kétanou, ou encore sur l'hôtel des Académies des Arts de Paris. Ses personnages articulés sautent d'une ville à l'autre, et nous emmènent dans un monde épris de liberté et d'espace à parcourir pour s'enrichir.

Paella Chimicos apparaît sur la scène artistique parisienne dans les années 80. Elle réalise des toiles ou la disposition du corps est élastique et s'étire tout au long de la toile dans divers mouvements, positions ne sortant pas des limites du format peint. Ces corps sont extensibles, flexibles dans les limites du format des toiles. Ces personnages, hommes et femmes aux têtes spiralées ne transmettent plus aucune expression, pour seule indication une frise qui encadre la composition. À l'instar des autres artistes présents dans cette exposition, il se fait remarquer en affichant dans les lieux de passage, des petites affiches sérigraphiés. Ces œuvres sont préparées avec une dose d'esprit "baba", saupoudrées et imprégnées d'une forte culture publicitaire. Aujourd'hui, ses créations sont plus tournées vers un travail ou l'image se mélange au texte, un texte qui traduit souvent les inquiétudes ou les réflexions que pose la société actuelle…

Gérard Zlotykamien, crée en milieu urbain dès les années soixante, mais c'est courant 1970 qu'il se fait remarquer, en dessinant à la bombe des silhouettes fuyantes, fantômatiques, légères en contradiction avec le chantier dit "du trou des Halles" sur Paris. Ses œuvres, les "éphémères", sont mémoire de la grande Histoire, les ombres murales laissées par la guerre après notamment l'explosion d'Hiroshima. Souffrance, et peine, souffle du passé par les arts, multiplié sur toute la planète pour ne jamais oublié que la mort est proche. En marge du milieu artistique, il cessa de peindre ses éphémères en 2003.

L'art urbain appelé "street art" outre-manche est un mouvement artistique contemporain, étendu sur toute la planète. Les artistes possèdent en commun la même passion, l'intervention artistique en ville (de manière illégale ou non). Ce terme regroupe donc tout à la fois les graffiteurs, pochoiristes, peintres, créateurs d'installations ou poseurs de stickers au sein de l'espace urbain. Lors de cette exposition, nous avons eu la possibilité grâce à VLP de présenter un joli panel d'œuvres de "cette vague". Nous avons pu constater que les buts sont variés, dénonciation économique, politique… La plupart veulent simplement que leur art soit vu du public, et pouvoir se manifester naturellement.
 
Vanessa Stchogoleff
Paris, juin 2008
 
 
Univer, Espace d'art contemporain, 6, cité de l'Ameublement, 75011 Paris
tél. : +33 1 43 67 00 67 - www.uni-ver.com
Pochoir - http://fr.wikipedia.org/wiki/pochoir
Figuration Libre - http://fr.wikipedia.org/wiki/figuration_libre

accueil     art vivant     édito     écrits     questions     archives     Imprimer     haut de page