"L'Echo" de Venezia, le lion d'or au pavillon luxembourgeois

Su Mei Tse fait la Une

Su Mei Tse fait la "Une" de tous les quotidiens luxembourgeois.
C'est la première fois qu'on honore l'art contemporain à Luxembourg

Le minimalisme











poético-musical











du pavillon de











Su-Mei Tse











est une brise











rafraîchissante,











un moment d'art











pur et sincère


Alors que la prolifération de biennales d'art contemporain participe en quelque sorte à la "délocalisation" des manifestations artistiques, la Biennale de Venise résiste très bien à cette nouvelle tendance de "périphérisation". Elle a même doublé ses accréditations ce qui prouve qu'elle reste probablement un des hauts lieux incontournables.
Depuis ses débuts, en 1895, elle a eu le temps de se développer et aujourd'hui sa structure, initialement centrée sur les pavillons nationaux, est devenue de plus en plus complexe offrant aux spectateurs une multitude d'expositions dans la ville, c'est à dire, en dehors des "giardini" qui restent cependant le coeur de la manifestation.
A côté des grands pavillons nationaux comme ceux de la France, de l'Allemagne, ou de l'Angletrerre, qui n'affichent souvent que des valeurs sûres, beaucoup de petits pavillons nationaux se trouvent à l'extérieur, éparpillés dans différents quartiers de Venise.



Su Mei Tse, lors de son vernissage, photo P. di Felice

Malheureusement ces derniers sont souvent oubliés et mis à l'écart de la critique internationale car des journalistes, trop épris par le "mainstream", les boudent tout simplement.
C'était le cas à l'ouverture de cette 50ème édition quand ce critique allemand de la FAZ a reproché aux jury d'avoir décerné le prix au Luxembourg dont, selon ses propos, le pavillon serait introuvable. Evidemment par cette voie de la facilité doublée d'un certain manque de professionnalisme la critique n'arrivera pas à éclairer une situation artistique actuelle des plus complexes.

Peut-être que ce "Lion d'Or" attribué au pavillon luxembourgeois, physiquement et symboliquement en périphérie, aidera à changer ce rapport de force injustifié dans le monde très fermé de l'art contemporain. Pour le Luxembourg et particulièrement pour la scène luxembourgeoise de l'art contemporain cette participation glorieuse arrive au bon moment.

Jill Mercedes

Jill Mercedes, autre artiste luxembourgeoise invitée à Venise par M.C. Beaud
dans le cadre de "Be the artists' guest". Elle distribue des larmes en verre de Murano
pendant les journées des vernissages, photo P. di Felice


Pour Marie-Claude Beaud, directrice du Mudam (Musée d'art moderne Grand Duc Jean), qui a eu le flair de choisir une jeune artiste, peu connue à Luxembourg (elle n'avait fait que trois expositions jusque-là), cette récompense internationale honore aussi son excellent travail de préparation en préfiguration de l'ouverture du musée, prévue seulement pour 2005-2006.

Mais revenons au pavillon luxembourgeois que Su-Mei Tse a réalisé avec beaucoup de poésie et un grain d'humour. C'est vrai qu'après un parcours exploratoire à travers les pavillons des giardini et surtout les lieux de l'Arsenale dans des conditions climatiques épouvantables (autour de 40° pendant les vernissages) le minimalisme poético-musical du pavillon de Su-Mei Tse est une brise rafraîchissante, un moment d'art pur et sincère.

L'écho

L'écho, projection vidéo, 2003

Déjà par le titre "air condition", air étant écrit phonétiquement, jouant sur toutes les variantes du mot homophone, l'artiste, qui a une solide formation musicale, annonce la musique. Qui dit musique dit silence ; le visiteur passe d'abord par une chambre insonorisée, vide du point de vue acoustique, avant de franchir la pièce de l'attente (Pénélope, le retour). Un peu plus loin des balayeurs aux uniformes verts (Balayeurs du désert) balaient le sable du désert et forment la section rythmique de la pièce vidéo d'à côté où l'artiste elle-même joue du violoncelle en solo dans une nature magnifiquement exaltée (l'écho).

Ces deux projections vidéo, réalisées avec perfection, montrent la maturation de l'artiste dans l'interprétation du thème de "l'enfermement", déjà présent dans des travaux antérieurs comme le "musicien autiste" et la "marionnette". Ici comme là cet isolement se joue d'une note absurde et grotesque.



Vue de l'entrée avec l'annonce du thème "Dreams and Conflicts"
dans un des compartiments cylindriques de Para-Site, photo P. di Felice


Fasciné par les images et capté par les sons le visiteur se balade dans cet espace-temps qui semble continu. Présence, absence, musique, silence se relaient perpétuellement. Su Mei Tse a parfaitement réussi à intégrer son concept dans ce pavillon qui pourtant n'est pas facile à occuper. En exploitant ce parcours cyclique elle renvoie aussi à l'image de Pénélope qui détruit chaque nuit ce qu'elle a tissé le jour.
Chaque visiteur fait partie de ce cycle. Devant le dispositif de sabliers conçus par l'artiste, on est tenté de paraphraser Valery: "le temps, le temps toujours recommencé".

Paul di Felice
Venise, juillet 2003

Les balayeurs du désert

Les balayeurs du désert, 2003, projection vidéo

50ème Esposizione Internazionale d'Arte, Biennale de Venise, Pavillon du Luxembourg,
Ca' del Duca, Corte del Duca Sforze, San Marco, 3052 Venezia, Jusqu'au 2 novembre 2003

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