Matthew Barney : une débauche visuelle spectaculaire

On est directement





branché sur le





"monde intérieur"





de Matthew Barney

Pour la première fois en France, Matthew Barney présente à l'ARC, l'intégralité du cycle "Cremaster" (nom donné au muscle tenseur des testicules), selon un dispositif inédit qui associe au langage du cinéma la sculpture, la photographie et le dessin.

Il faut avant tout savoir que Matthew Barney met en scène des êtres hybrides, des corps fictifs aux prises avec des forces d'ordre divers – organique, mécanique, institutionnel, psychologique. Savoir également qu'il faut abandonner toutes ses références pour se laisser glisser dans son univers organique et hermétique de l'Ile de Man, aux lacs salés de Bonneville dans l'Utah en passant par Budapest, le Brocon Stadium ou le Chrysler Building. En somme qu'il y a davantage à voir qu'à comprendre. Laissez-vous juste guider par le revêtement du sol en astroturf aux couleurs pistache, abricot et bleu roi. Laissez-vous happer par les projections fascinantes et éblouir par l'éclairage uniforme et intense qui concourent à donner une identité globale et cohérente à l'exposition.

Décryptage…

Pour la première fois, on peut ressentir la relation fondamentale qui existe entre les objets et les images des films de Matthew Barney, commencés dès 1994 qui décrivent l'évolution du corps à travers des métaphores biologiques, physiologiques, géologiques et généalogiques, tournant autour des conditions anatomiques de "l'ascension" et de la "dégradation" pour décrire des organismes mythologiques.

Outre ces mises en scène sorties tout droit de son imagination débordante, le performer façonne des légendes de personnages historiques réels se battant contre les forces de leur propre histoire personnelle. Son imaginaire mêle mythologie grecque et athlétisme professionnel, cinéma hollywoodien et art de la magie, psychanalyse et musique "hard-core". Tous les clichés du kitsch américain défilent dans le désordre. On est directement branché sur le "monde intérieur" de Matthew Barney et ses fantasmes… Et on éprouve une sensation de vertiges par l'effusion d'images inouïes (comptant parmi les plus belles de synthèse), par leur composition dans des séquences qui s'enchaînent en une suite de gigantesques zooms en avant, en arrière.

Murel Carbonnet-Caumes
Paris, novembre 2002

Jusqu'au 5 janvier au musée d'art moderne de la ville Paris, 11, avenue du Président Wilson, 75016 Paris

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