Interview de Jean Nouvel, exporevue, magazine, art vivant et actualité
Interview de Jean Nouvel

Dans le texte qui accompagnait le dossier de presse vous parlez de rue et de place à propos de l’aménagement de ce musée. Cela signifie-t-il que pour vous l’espace public est aujourd’hui structuré par la publicité ?

Cela veut simplement dire que la publicité arrive n’importe ou dans l’espace public. Le support de la publicité ce n’est pas les murs d’un musée, c’est la ville. Si ce n’est pas la ville, c’est un certain nombre de lieux triviaux qui sont le café, le cinéma. Il n’était donc pas question de faire ici un lieu aseptisé. Il n’était pas plus question de montrer une affiche comme on montre un tableau du XVIIIe siècle. Ce qui est amusant c’est d’avoir à utiliser la matière du Louvre d’une façon très brutale alors que dans le reste du bâtiment tout est policé jusqu’à la dernière moulure. Ici on est ébloui, les murs sont défoncés à certains endroits, les dorures anciennes sont mal patinées; Tout cela développe une métaphore de la ville. La publicité s’y inscrit de façon interférente, d’une façon superposée.

Comment tous ces signes s’entremêlent-ils en termes de scénographie ?

Le support est un peu travaillé. Ce lieu est surtout un lieu de distribution entre différents espaces qui ont chacun leurs propres caractéristiques. Ce qui m’amuse aussi c’est qu'il y a une forte présence du Louvre. Mais l’image que les gens ont du Louvre n’est pas ce que l’on peut voir ici. Il y a une hétérogénéité des matériaux qui ne correspond pas au Louvre. Il y a une volonté d’extériorité en fait. La publicité doit jouer sur ce critère d’extériorité. Elle ne peut pas se contenter d’être plaquée sur un mur.

En même temps nous sommes dans un espace clos.

Oui, mais les ouvertures, fenêtres et persiennes, ouvrent sur la ville. J’ai voulu que, quand on est à l’intérieur de cela, on ait l’impression d’être à l’extérieur. Je suis dedans tout en étant dehors.

Qu’est ce qui vous passionne dans ce projet ?

Ce monde de la publicité, je l’aime bien. Je me suis rapidement passionné pour ce projet.

La publicité a-t-elle influencé sur votre travail d’architecte ?

Bien sûr, je suis une personne en interférence avec la nuit, avec les images, avec les signes. Par exemple, beaucoup de choses dans mon travail sont influencées par les images de Tokyo.

Faire un musée de la publicité, n’est-ce pas un peu passéiste et correspondrait à un travers français de figer les choses qui au contraire sont toujours en mouvement.

J’espère que faire le musée de la publicité ça veut dire l’inverse. Ca veut dire mettre la publicité dans un système qui n’est pas muséal au sens premier du terme. Cela veut aussi dire accueillir aujourd’hui tous les gens qui travaillent dans la publicité comme support créatif. La publicité a souvent le support d’œuvres d’art importantes. Personnellement j’aurais préféré que cet espace ouvre avec une exposition plus contemporaine. Que l’on nous montre immédiatement des grandes photos. Le lieu permet tout cela. Aujourd’hui on a fait un flash back.

Vous n’avez donc aucune nostalgie vis-à-vis de la réclame ?

Aucune.

Damien Sausset

Ouverture Musée de la Publicité
Interview de Jacques Séguéla


D'autres informations dans le GuideAgenda
Imprimer l'article

exporevue accueil     Art Vivant     édito     Ecrits     Questions     2001     2000     1999     thémes