Garouste ou le baroque et le retors
 
Gérard Garouste
Gérard Garouste
Gérard Garouste
Gérard Garouste
Gérard Garouste
Gérard Garouste
Gérard Garouste
 

Gérard Garouste, vue de l'exposition, photo Olivier de Champris

 
 
"Pour quelle raison tous ceux qui ont été des hommes d'exception, en ce qui regarde la philosophie, la science de l'Etat, la poésie ou les arts, sont-ils manifestement mélancoliques, et certains au point même d'être saisis par des maux dont la bile noire est l'origine ?" Aristote

Accrochez-vous avant d'entrer chez Templon : le peintre magnifique de notre temps nous emmène dans la spirale infernale de ses pensées et de ses affres. L'âge de la sagesse ne frappe pas Garouste, pas son œuvre, du moins. Tant mieux.
D'emblée, savourons encore et encore :  Garouste, quel peintre !

Leçon d'atelier, ses toiles restent emplies de maîtrise : composition, couleur, la volupté rétinienne… La brosse est vive, vibrante, volage, voire vorace. La pâte est grasse, grasse d'audace. Une leçon dis-je, mais une leçon labyrinthique. Car pour suivre le Maître de Marcilly, le peintre du Quichotte, mieux vaut s'armer d'un fil d'Ariane.

Introspectif, l'artiste pense et parle : auteur, il l'est par la brosse et par la plume. Le vernissage des tableaux est aussi une signature de livre, une peinture sur une page, une écriture sur l'autre. Besoin de nommer, besoin d'expliquer et de justifier. Sa survie et son œuvre. Ires et délires. Monts et démons. Chez Garouste, les peintures s'envolent, les écrits restent.
De la schizophrénie érigée en principe artistique. Ou des figures de déesses hindouistes croisées au fil des crises.

Question : faut-il être — ou se mettre — dans des états seconds, extravagants ou délirants pour produire une œuvre forte en notre temps ? Même en arguant de "mensonge familial" dans son enfance et en prétextant de "l'hypocrisie de la religion" ? "En un sens, ce malade dont je peins les aventures est le pur produit de son époque". Cela sonne plus juste.

"La vérité n'est jamais qu'une spéculation bâtie sur le doute". Garouste navigue entre pseudo-mystique et néo-gothique.  "Ici comme ailleurs, les références sont bibliques et reflètent ma volonté de remonter le temps et d'aller voir à la source".

Entre démantèlement des corps et démembrement des esprits, ses galipettes figurées, plus fantasques que fantastiques, ouvrent un univers de délices picturaux qui ravissent l'œil de chorégraphies pour ravir l'esprit de mystères éloquents.
 
Olivier Dordeit, Paris, février 2008
 
 
 
Gérard Garouste. La Bourgogne, la famille et l'eau tiède, du 12 janvier au 26 février 2008
Galerie Templon, 30, rue Beaubourg, 75003 Paris, www.danieltemplon.com

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