La Perse des

écrivains-voyageurs




Voyage en

Orient 1904-1930

L'exotisme fut, pour l'imaginaire européen du XIXe siècle, un territoire à la fois merveilleux et terrifiant. Trois ouvrages récents aux propos complémentaires reviennent justement sur cette période. La Perse des écrivains-voyageurs raconte comment toute une génération d'aventuriers et d'écrivains pensaient trouver dans ces contrées une sorte de prolongement du Grand Tour méditerranéen. Trois écrivains sont à l'honneur : Pierre Loti (le célèbre académicien fasciné par l'ailleurs), Robert Byron (historien esthète de l'architecture) et Annemarie Schwarzenbach (écrivain suisse à l'écriture tourmentée). Chaque chapitre est agrémenté d'illustrations contemporaines retraçant les différentes étapes de leurs périples respectifs. Le texte se compose de fragments de leur journal de voyage et de commentaires sur la vie actuelle des iraniens. Malheureusement, l'ouvrage souffre de multiples défauts. La maquette reste très cahotique, hésitant sans cesse entre le catalogue pour vacances huppées et l'ouvrage historique. Nombres d'illustrations sont de vulgaires succédanés de ces chromos publicitaires.

Voyage en Orient aux éditions Hazan est d'une toute autre tenue. Cet ouvrage historique retrace l'évolution de la photographie orientaliste au temps des pionniers (1850-1880). Ici, les auteurs ont sélectionné les plus importants photographes de notre XIXe siècle. Les clichés sublimes de beauté (et parfaitement reproduits) constituent une sorte de voyage qui, de la Haute-Egypte au Liban en passant par la Syrie et Jérusalem, inventorie les fragments d'un passé prestigieux. Ici, un Jérusalem isolé au milieu d'un désert, là une vue d'un souk si sombre que l'on ne distingue plus la foule qui s'y presse. La parfaite qualité des commentaires font de ce livre un remarquable témoignage sur une région depuis bouleversée par les conflits.

Orient 1904-1930 des éditions Marval est également un recueil de photographies étonnantes réalisées par Lehnert et Landrock au début du siècle. Les deux compères se sont essentiellement attachés à enregistrer les fragments de la vie et du travail quotidien des populations autochtones. Les images sont donc plus anecdotiques même si une certaine vision, un certain sens de l'événement président aux prises de vues.

Damien Sausset