On prend ceux dont on dispose et on les redispose |
![]() Angel Vergara Santiago, La guerre en couleur, 2003
Collection MAC's, propriété de la Communauté française de Belgique
On prend ceux dont on dispose et on les redispose dans un autre ordre, à soi seul connaissable.
Laurent Busine aura trouvé là une occasion de faire parler ses collections, qui, dans les réserves, ne voient pas toujours la lumière. Ce fonds de la collection, invisible souvent, est accroché ça et là sans ordre apparent. C'est en parcourant les salles, que, tout à coup, on se prend à rêver sur une œuvre ou une autre dont on avait entendu parler, qu'on avait vue il y a bien longtemps, et que voilà retrouvée. À cet égard, Anagramme, parce que c'est une exposition née à partir d'une collection publique, tient là un inventaire intéressant des artistes qui comptent en Belgique au milieu de personnalités de tous horizons géographiques. Ainsi se répondent, parfois se côtoient simplement, des installations, des photos, de vidéos dont la très belle Rebirth de Francois-Xavier Courrège vue à l'abbaye de Maubuisson, faite d'apparitions puis de disparitions d'un point fixe dans une abondance d'images fluctuantes. De sorte que cette mobilité de l'image chez Courrège, on pourrait la retrouver dans la peinture d'un autre. Car nous voyons un tableau, celui d'Angel Vergara Santiago, artiste et performer qui projette des émissions de télévision ou des films (Godard, Welles, Cassavetes) sur la toile vierge et en suit ensuite les contours au feutre, au crayon pendant que défilent les images. La guerre en couleur, TF1, 2001, chapitre VI procède de cette façon. Des personnages cachent tous leurs mains, leurs intentions ? Et qui du gris usine, au bleu narcisse, du rouge affaire, fait la guerre à qui ? Un entrelacs qui est aussi le partage du sensible au cœur d'une communauté désœuvrée. À tout le moins on suivra le tracé, les épisodes dispersés des visages changeants ; un chemin dans la foule de ceux qui marchent. ![]() Michel François, La sieste, la réserve, le monde et les bras, 1991
Collection de la Communauté française de Belgique, dépôt au MAC's
Les monochromes de Marthe Wéry, ensuite, font peut-être un pendant acceptable à l'espace de sommeil de La Sieste, la réserve, le monde et les bras, musée imaginaire consacré à la perception sensorielle de Michel François. Mais on emporte ces sensations pour s'abriter un temps plus tard dans l'ermitage bleu, herbier des jours de Thierry De Cordier.
Une vitrine d'Ann Veronica Janssens, caisson de vide vu à travers une lentille découpée et posé ici comme une géométrie du néant, se trouve face à face avec un autre étalage transparent, le Pavillon de Michel François, encore, constellé de giclures de plâtre comme une relecture de la carte du ciel.
![]() Thierry De Cordier, Chaque matin d'hiver…, 1991
Collection MAC's, propriété de la Communauté française de Belgique
À la rencontre des photos de Thomas Ruff prisonnières de la machine, de l'outil de production photographique, les villes de nuit de Rut Blees Luxemburg redoublent l'idée que l'humanité se raconte aussi bien quand elle est absente. Et puis placé plus loin, et répondant de lui-même, le bras marmoréen de Mapplethorpe, une aile veinée à la fois dépassant du torse et occupant tout le cadre donne à voir les points où peut prendre appui la crucifixion.
![]() Rut Blees Luxemburg, Viewing the open, 1999
Collection MAC's, propriété de la Communauté française de Belgique
Une exposition donc qui chemine sans souhaiter savoir où elle mène. Une promenade, qui peut se terminer dans la cour sévère du Grand Hornu, avec l'installation de Bernd Lohaus, Temse (1999), madrier sur lesquels sont posées des poutres, anciens pieux de soutènement de la jetée d'Anvers. Cette trace d'un chantier naval dans un ancien site de charbonnage, dont l'architecture a été pensée à partir de l'organisation du travail, termine volontiers cette errance par un clin d'œil à l'histoire.
![]() Bernd Lohaus, Temse, 1990
Collection MAC's, propriété de la Communauté française de Belgique |
Anagramme, Histoire réécrite de la collection du Mac's, du 29 janvier au 7 mai 2006
Musée des Arts contemporains, Site du Grand-Hornu, Rue Sainte Louise, www.mac-s.be
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