Renversement de tendance
"Les Yeux enchantés", Kunstmuseum Basel et "Venise de Canaletto", Fondation Beyeler
Venise Fondation Beyeler
Venise Fondation Beyeler
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Venise Fondation Beyeler

Canaletto, Il Molo dal Bacino di San Marco, 1733/34

 
 
 
 
Alors que les acteurs les plus en vue de la Jet Art Society (JAS) envahissent les monuments et palais historiques, tel Jeff Koons à Versailles, les espaces d'art habituellement consacrés à l'art moderne et contemporain se replongent dans le classique. Deux expositions à Bâle sont une parfaite illustration de ce phénomène.

Le musée des Beaux Arts ressort de ses archives et collections un ensemble inédit et presque oublié de 90 dessins et estampes surréalistes. Cette exposition,nommée "Les Yeux enchantés" en souvenir du premier numéro de la revue La Révolution surréaliste de décembre 1924, nous replonge dans le mouvement de littérateurs et intellectuels réunis autour d'André Breton, Louis Aragon et Paul Eluard. La question de la représentation graphique étant posée, il devenait difficile pour les artistes attirés par cette tendance de "faire de la peinture" et le croquis, les esquisses sur papier devenaient un moyen naturel d'expression. L'exposition est donc constituée principalement de dessins et estampes de Max Ernst, André Masson, Man Ray Yves Tanguy, Joan Mirò, Picabia, Paul Klee sans oublier Meret Oppenheim, Otto Abt et Hans Arp. Quelques dessins de Picasso et de Giocometti indiquent le magnétisme exercé sur les artistes de l'époque, une attirance qui s'est poursuivie longtemps, au-delà des frontières de Paris, comme le montrent les travaux de Kurt Seligmann et Otto Tschumi. Le mouvement surréaliste entendait lutter contre la violence à la source des guerres, briser les tabous, laisser libre cours à l'influx créatif personnel, explorer des nouveaux moyens d'expression. "Les Yeux enchantés" montrent à quel point il a été l'initiateur de bien des tendances actuelles.

C'est à un voyage à Venise que nous convie cette fois-ci la Fondation Beyeler. Un voyage qui nous fait parcourir les extraordinaires représentations des artistes qui, de Canaletto au 18ème siècle, à John Singer Sargent, Claude Monet ou Paul Signac au 20ème siècle ont été comme envoûtés par cette ville mythique. Comme le souligne le professeur Giandomenico Romanelli, Venise est une ville qui se confond avec son mythe et qui, contrairement à ce que l'on croit, est animée d'une vie intérieure qui la rend éternelle. Cette visite de lieux connus de tous est en fait une rétrospective habile de presque 2 siècles de l'histoire de l'art. Une rétrospective qui plante les jalons et les bases de l'art actuel. Le classicisme de Canaletto ou de Guardi se prolonge dans les toiles "révolutionnaires" de William Turner. Venise a été le prétexte donné aux plus grands artistes européens et américains pour exercer leur talent. Certains comme John Sargent y sont retournés sans cesse, d'autres ont du premier coup pris conscience et exploité les vertus picturales de la ville. Ainsi Edouard Manet, lors d'un unique séjour, cherchant sans relâche des motifs, est reparti à Paris avec 2 toiles seulement, à l'opposé de Claude Monet qui en 2 mois produisit 37 tableaux.

Cette extraordinaire exposition dans un palais de Renzo Piano, démontre à l'envi que l'art moderne, comme notre monde contemporain, est la suite logique d'une longue lignée de créateurs inspirés.
 
Bernard Blum
Bâle, octobre 2008
 
 
"Les Yeux enchantés", Kunstmuseum Basel, du 27 septembre 2008 au 18 janvier 20009
Catalogue par Anita Hadelmann 152 pages, edition Kerber Biellefeld / Leipzig

"Venise de Canaletto et Turner à Monet, Fondation Beyeler, du 28 septembre 2008 au 25 janvier 2009
Catalogue 224 pages et 182 illustrations (CHF 68) par les éditions Hatje Cantz, Ostfildern comprenant une introduction de Martin Schwander.

www.kunstmuseumbasel.ch - www.beyeler.com

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