Ulla Von Brandenburg
"Le milieu est bleu" au Palais de Tokyo
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Ulla von Brandenburg (Karlsruhe, 1974) a eu une formation de scénographe, avant de s'immerger dans l'art contemporain. Pour son installation au Palais de Tokyo, elle a imaginé une mise en scène d'espaces se déclinant comme un opéra en trois actes et une ouverture, où le visiteur tel Alice, se retrouve plongé sur un cheminement personnel d'énigmatiques propositions où son imaginaire et ses interprétations sont mises à l'épreuve.

Dès l'ouverture dans le hall, nous sommes accueillis par une série de grandes bâches monochromes de couleurs vives, suspendues et trouées en leurs centres. Ces surfaces parfaitement peintes, traitées aux versos de façon plus brute se jouent de l'espace et de notre regard. Elles nous évoquent les jeux visuels de l' Art Optique et aussi le diaphragme de l'appareil photographique. Mais dès l'entrée de l'exposition, le visiteur passera de l'optique à la pratique en franchissant la trouée dans la toile, passage symbolique !

Nous sommes engagés inconsciemment dans le décor et notre corps fait partie de l'installation. Le présent - cinq espaces/cabanes de toiles suspendues aux couleurs raffinées, récupération d'installations précédentes de l'artiste, qu'elle utilise pour se confronter théâtralement à l'espace du Palais de Tokyo, contrastant les espaces en architectures souples à celle du Palais, dé - hiérarchisant les rapports entre dedans et dehors, les jeux de lumière naturelle, les points de vue, les points de vie. Ulla von Brandenburg désire flouter les perceptions du visiteur et l'entrainer dans un espace théâtralisé où sa connexion aux choses, le travaille au corps et à la tête. Le tissu porte les traces du vécu, des corps, des lieux et de la matière.

"Le tissu, c'est la première matière qui nous touche quand on est bébé et c'est la dernière matière qui nous touche quand on meurt, probablement." disait l'artiste. *
Ces petites scènes personnelles sont habitées d'éléments/œuvres, façonnés par la main, hétéroclites et énigmatiques, trainant ici et là : des craies surdimensionnées, une œuvre d'art, des structures en bambous, une meule de foin à l'ancienne, des nasses de pêcheurs en osier, des cordages, des shrutis box créant une temporalité musicale, des cannes à pêche, et des poupées grandeur nature, alter-ego des performeurs qui œuvrent tous les samedis à faire vivre ces espaces. Nous sommes dans le cadre d'une présentation qui est mouvante, instable et métaphorique, et qui évoque une temporalité, un univers factice ou réel où le visiteur/acteur est confronté à lui-même, à ses connaissances, à ses références culturelles.

La seconde phase de l'exposition évoque le passé. Constituée par la projection d'un film réalisé par l'artiste ** dans le Théâtre du Peuple de Bussang dans les Vosges. Celui-ci fut érigé dans un décor naturel à flan de montagne à la fin du XIXe siècle Créé en 1895 par Maurice Pottecher (1867-1960). Ce lieu est chargé historiquement et symboliquement d'un " idéal à la fois humaniste et artistique". Dès l'origine il fonctionne sur des concepts utopistes visant à supprimer les hiérarchies d'accessibilité de la culture, ouvertes à toutes classes sociales, le rapport entre le rural et l'urbain, la culture et la nature, le fond de scène du décor étant constitué de la forêt.

Ulla von Brandenburg y filme ses acteurs/performeurs en action, théâtre filmé où elle évoque une micro-société ayant la capacité à changer, déchanger et à s'ouvrir sur l'extérieur, aux rites étranges, "une ethnologie fantasmée", abolissant les rapports binaires nature/culture, nomadisme/sédentarité, professionnalisme/amateurisme.  La chorégraphie met en scène les accessoires/œuvres et les performeurs en lien avec la première phase de l'exposition. La fin du film nous montre les acteurs partir vers la forêt pour rejoindre le Palais de Tokyo pour y performer. Le passé rejoint le présent !

Le futur, 3e acte de l'exposition accueille cinq projections de films tournés sous l'eau, évoquant la mer et son insondabilité. Projetés dans une structure labyrinthique, souple et translucide, des perceptons subaquatiques dans lesquels des objets apparaissent et disparaissent. Les visiteurs font une plongée interactive dans cet univers submergé. Visions floues et oniriques de l'inconscient où l'humain n'est présent que par des objets (miroir, robe, chaussure) flottants et coulants finalement.

"Ces objets vont disparaître dans le noir, dans l'infini. Comme nous on va disparaître aussi" ! dit l'artiste ***
 
Pascal Vrignaud
Paris, juillet 2020
 
 
Notes :
* Interview par Olivia Gesbert d’Ulla von Brandenburg :
l'art est un théâtre, la grande table, France culture 14 mars 2020
** https://www.youtube.com/watch?v=3XFxhXI37Pk
*** Interview Ulla Von Brandenburg - exposition "Le milieu est bleu", Palais de Tokyo.


Ulla Von Brandenburg, "Le milieu est bleu", Palais de Tokyo, jusqu'au 13 septembre 2020
www.palaisdetokyo.com

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