Nina BeierAuto, CAPC, Bordeaux
Nina Beier
Nina Beier
Nina Beier
Nina Beier
Nina Beier
Nina Beier
Nina Beier
Nina Beier
Nina Beier
Nina Beier
Nina Beier
Nina Beier |
En entrant dans le CAPC, on est immédiatement enveloppé par ce puits de lumière de la grande nef où sont installées les œuvres de l'artiste danoise Nina Beier (née en 1975) sur une moquette blanche et sous un éclairage particulièrement vif. Cette exposition est une première dans un musée en France, elle sera présentée en Finlande, à Helsinki.
Ici, il faut se déchausser pour arpenter le sol de la nef où d'étonnantes sculptures animalières sont transformées par l'artiste. Tout autour de l'espace des mannequins d'enfants regardent des photographies. Des chiens en céramiques ont le corps troué, des éléphants-toboggans déversent des graviers et des pierres, des vases chinois altérés, des mini-voitures emplies de perruques, certaines roulent sur le sol de l'exposition, des cageots de fruits, des tas de pains cramés, des serviettes de plage où sont imprimés des billets de banque de plusieurs pays, des insectes noirs que l'on trouve dans les pochettes-jouets ou de farces et attrapes. Des lions en marbre renversés avec du lait versé dans leurs interstices. Plus loin, il y a de grands verres emplis de poissons séchés, des poussettes où gisent des petites bouteilles d'alcool vides, etc. Sur les côtés, en dehors de la nef, figurent des armures installées sur une table… Les objets de consommation qui sont mis en scène ici par l'artiste expriment, d'une certaine manière, notre aliénation et révèlent nos comportements. Il y a dans cette recherche plastique des attitudes et une démarche qui rappellent un artiste tel que Edward Kienholz (1927-1994) mettant en scène la violence de sa société. Le propos de Nina Beier tend à retourner les systèmes de valeur, à mettre en question les relations entre les objets, les éléments quotidiens, et leurs fonctions. Il y a dans cette approche quelque chose de Warholien… Arthur Danto n'écrivait-il pas sur le geste de Warhol – dans son livre édité en 1993 en France –, qu'il transfigurait le banal (la Brillo Box, 1964) ? Geste ironique et plein d'humour également, s'agissant en quelque sorte "d'expulser l'idée de beauté". Nous pouvons dire que les œuvres d'art ne peuvent pas toujours être appréhendées par leurs formes esthétiques. L'objet d'art s'accompagne et dialogue avec des éléments théoriques de son époque et dans un contexte où les spectateurs entrent en contact avec lui. Le titre de son exposition "Auto" fait référence à l'automatisme industriel, à la reproduction en série, mais c'est aussi un clin d'œil à sa biographie, et à ses déplacements dans le monde. Nina Beier utilise tous les ressorts de la critique sociale en mettant en scène des matériaux et des formes plastiques aux effets percutants d'un point de vue visuel. Elle choisit, parfois, d'accumuler des clichés pour révéler l'envers des choses. Elle détourne les objets et les images pour suggérer l'insolite et une inquiétante étrangeté. Le spectateur peut être désarçonné par cet univers tout comme impressionné par des œuvres aux multiples entrées et significations. Patrick Amine
Bordeaux, mars 2024
Nina Beier, Auto, du 08/03 au 08/09/2024
CAPC, Bordeaux, 7 rue Ferrère, 33000 Bordeaux www.capc-bordeaux.fr |