Stéphanie Moisdon-Trembley est une jeune femme de 32 ans, docteur en sémiologie de l'image et recherches cinématographiques. La vidéo est son cheval de bataille. Elle organise pour cela des expositions, des soirées et édite, produit (une trentaine de titres en VHS à 199 FF) et distribue des vidéos d'artistes (Closky, Rist, Paradeis, Guillemunot, Fleury...) au sein de l'agence BDV (bureau des vidéos) créée en 1995. En octobre, elle est la co-commissaire de l'exposition ZAC : zone d'activité collective au Musée d'art moderne de la ville de Paris, qui est une réflexion sur l'émergence de structures indépendantes (Büro, Glassbox, Infozone, Toasting Agency, Pubic...) fonctionnant en réseaux et qui montrent les travaux de nombreux jeunes artistes (plasticiens, architectes, graphistes, designers...). Invités dans un musée, ce sera pour ces derniers l'occasion de s'exposer, d'expérimenter un autre type de fonctionnement, d'élargir leur public et ainsi d'apporter leur propre dynamisme. Cette exposition est davantage un espace d'événements qu'un espace d'exposition stricto sensu : c'est un lieu de travail, de production et de rencontres. Tous les participants sont présents pour activer le lieu. C'est une exposition non pas sur les formes d'art mais sur les processus artistiques, précise Stéphanie Moisdon-Trembley. ZAC renvoit aussi à zone d'autonomie temporaire, sorte de zone de squat pour créateurs, vastes bulles de créations !

Parallèlement, elle organise au CNP les soirées Prospect en donnant carte blanche à de jeunes artistes qui développent un axe de leur travail. La vidéo n'est plus ici forcément un médium, ce n'est pas la démonstration d'une pièce mais plutôt une image comme support, immédiatement dépassée qu'a envie de transmettre l'artiste au public. Ces soirées sont des petits workshops où se mêlent performances, lectures, installations temporaires d'une heure ou conversations ouvertes avec l'assistance. Il y a un manque réel à Paris d'espace alternatif, d'espace de rencontres, informel, convivial, pas orienté, ni limité, fait remarquer la jeune femme. Au programme : Bless, un label de mode créé par Désirée Heiss et Inés Kaag, qui produit des accessoires, des vêtements, du design résultant d'une analyse transversale des comportements, modes de vie et désirs d'une communauté, du monde contemporain. Pour cette soirée, elles présentent une vidéo spécifique sur leurs recherches expérimentales. Et également : Brice Dellsperger qui propose pour la première fois son film Body Double X, remake de L'important, c'est d'aimer de Zulawski. Dans cette nouvelle version, tous les personnages sont incarnés par Jean-Luc Verna, se dédoublant à outrance afin d'obtenir (ou de conserver) une lecture fluide et multiple de la fiction. Mais Stéphanie Moisdon-Trembely continue toujours et encore. Elle prévoit des insertions de Pipilotti Rist, d'Erwin Wurm ou Sylvie Fleury dans le magasine Self-Service. Elle monte l'exposition Présumé Innocent au CAPC de Bordeaux en mai 2000... Elle n'arrête décidément jamais !

M. C.