Mode et transfiguration
David LaChapelle
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© David LaChapelle

 
 
 
 
David LaChapelle nous offre une vision allégorique contemporaine du monde, revisitée par les tableaux des grands maîtres de la peinture et les mythes de la bible.
Fervent admirateur, puis ami de Warhol, formé à l'école du Pop Art, David LaChapelle a su explorer la mode et les thèmes de la vie contemporaine au travers d'un prisme personnel incomparable.

Au croisement de la peinture, du cinéma et de la photographie, l'univers de LaChapelle est ample, à la fois kitsch et inspiré, ludique, provocateur et vision sociologique. Amené à créer ses décors et ses mises en scènes complexes et précises par nécessité à ses débuts, il a continué à le faire par inclination pour l'unique, l'inoubliable. Découvrir le making-off de l'œuvre intitulée "le déluge" permet de rentrer dans son monde mouvant et métaphorique. L'œuvre est pleine de détails actuels illustrant la vision éternelle de la bible. Tous les détails contribuent à donner un sens universel aux symboles bibliques. Du Caesar Palace en train de s'effondrer aux références à Gucci, le monde de la consommation et du luxe sont convoqués dans une métaphore de la fin du monde. Vision contemporaine des péchés capitaux. Vanitas vanitatis.

Par des juxtapositions improbables (chaussure de luxe auprès d'une chaise électrique, chaussure blanche vernie qui pleure, hamburger géant écrasant un modèle dont n'émergent que des jambes superbes…), il met du sens dans ses photos, une vision sociétale derrière ses clichés léchés et sublimes.
Car ses clichés sont sublimes, parfaits, incomparables. Longtemps photographe attitré de Vogue, il en a conservé cette maîtrise glacée du magazine mythique.
Proche des people, il les a tous photographiés, les embarquant dans son monde étrange, souvent fantasque et toujours décalé. Eclairages spectaculaires, maquillages et postures provocants et colorés, mémoires des codes kitsch dont il se revendique, mises en scènes abouties dans les moindres détails, l'érotisme est palpable et transcende les corps, sublimes ou énormes, jusque dans ses représentations angéliques ou mystiques. (la femme obèse du déluge devient corps de désir et de souffrance)
Il a réalisé des clips aux confins du réel (pour Amy Winehouse, Britney Spears, Norah Jones…) sa vision de l'ange blanc incarné par Christina Ricci portant Moby en vieil homme, a été primée par MTV. Cet explorateur des frontières intimes les a amenés à leurs propres limites, dans un jeu partagé d'une esthétique sans faille.

Le mysticisme gagne dans ses œuvres récentes, un mysticisme à la fois glacé et sophistiqué, détourné, ludique. Evoquant les visions sud américaines des Pietas, des Christs colorés et exacerbés, Madonna angélique et divine, Courtney Love en "Mater Dolorosa" pulpeuse et sensuelle, chevelure flottant dans la lumière d'une ampoule solitaire telle un halo désirant. "Last Supper", univers coloré et métissé où flottent la drogue, le sexe, le Sida, et la perte des illusions. Sa vision mystique rachètera-t-elle les excès d'un monde illusoire et décadant. Ses œuvres seront-elles des augures d'une innocence retrouvée ? sa vision est-elle rédemptrice ?

L'univers de LaChapelle croise aussi celui de ses contemporains ; selon les angles, on ne peut s'empêcher de penser à Bill Viola, et regarder leur en parallèle leurs œuvres dont les sujets se rejoignent et les approches esthétiques se confrontent (comparez "awakened" de LaChapelle aux "five angels for the millenium" ou "an ocean Without a store" de Viola…)
On pense aussi à l'univers Kistch et coloré de Jeff Koons, à sa vision des célébrités et son ton irrévérencieux, iconoclaste, d'où pourtant aucune vision mystique n'émerge…
Pourtant, David LaChapelle reste unique, brillant et déconcertant de profusion créative.

L'exposition rétrospective à ne pas manquer se déroule à "La Monnaie de Paris", du 6 février au 31 Mai 2009. Témoignage assez exhaustif de son œuvre, parfois mal éclairée, souvent manquant de recul pour regarder les photos ou vidéos à bonne distance. L'effort de mettre les films de "making off" des œuvres est excellent, mais l'espace minuscule dans lequel on doit se bousculer et se contorsionner pour les regarder est une erreur flagrante.

Si l'univers personnel de David LaChapelle s'est manifesté tôt, de manière évidente depuis ses premières images, il s'est peut-être révélé en puisant dans une fidélité amoureuse à sa mère, Helga, plantureuse et élancée, sure de sa beauté, si belle et capable de se mettre en scène dans des clichés intemporels devant son fils de 7 ans, complice et admiratif.
Y lira-t-on aussi la vision rédemptrice du monde, la recherche de l'innocence perdue, intégrée et sublimée au travers de sa vision de la mère intouchable.
 
Edith Herlemont-Lassiat
Paris, mars 2009
 
 
Monnaie De Paris, 11, quai de Conti, 75006 Paris
www.monnaiedeparis.fr/musee - tél. : +33 1 40 46 56 66 - www.davidlachapelle.com

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