Hervé Half
"En hommage à Gustav Klimt" et "Sans école ni tribu"
Hervé Half
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Hervé Half

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En hommage à Gustav Klimt

Son talent est reconnu très jeune. A treize ans, après un stage de sculpture sur acier dans l'atelier de Philolaos, il suit un stage de peinture et dessin dans celui de Thomas Gleb, avant d'intégrer l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris.
De ses études d'architecture, l'artiste se souvient que seuls le mat et l'argent étaient considérés, jamais le brillant et l'or. Ses artistes de référence étaient plutôt Tapiès ou Ubac.

Peintre et sculpteur, l'artiste, "compose ses toiles comme une partition musicale" se laissant guider par son inspiration du moment (Hervé Half a été aussi musicien rock !). Mélangeant couleur et matières, il trace de larges courbes qui structurent l'espace de ses créations. Il aime la symbolique de l'œil, les Femmes, les couleurs et les coulures, la superposition et l'érosion.

Cet hommage à Klimt, vient surtout du parallèle que l'artiste fait entre l'or et son père qui, financier, lui présentait l'argent comme but et non pas comme moyen :
"Ce traumatisme, qui consistait, à me faire plonger les mains dans un vase rempli de pièces d'or a été pour moi synonyme d'abandon et de désespérance, que j'associais au baroque de la peinture décorative, à mes yeux de l'époque de la peinture de Klimt ; j'ai pris conscience de mon erreur très tard et voulais rendre hommage à ce grand peintre, que je rejetais alors car préféré par mon père".
 
Véronique Grange-Spahis
Paris, décembre 2009
 
 
 
Hervé Half est un fabuleux artiste solitaire, sans école ni tribu

Si le curseur s'arrête à l'Histoire de l'art, ses peintures sont achroniques. Elles ne sont pas dans le temps, elles ont la gravité de la durée. Vous faites abstraction de leur indicible beauté formelle, du trop beau, et l'émotion monte des profondeurs de la toile; d'abord aussi furtive qu'un souffle passant par un soupirail, une vie propre sourde de derrière le beau, de sous le fini, et vous envoute.

Les toiles d'Hervé Half ont une matière, une chair propre, merveilleuse.
La vie y résonne en creux, et le creux n'est pas un vide, mais le dedans d'un masque, espace matriciel où palpite un chaos, d'une vénéneuse beauté. "Par vide, explique-t-il, j'entends épuration, tenter d'atteindre le même état qu'un tireur à l'arc qui à peine lui a-t-on enlevé le bandeau qui l'aveugle tire au cœur de la cible. Ou bien j'imagine un fil qui pend, et son bout est une épée, c'est mon pinceau. La toile est mon adversaire. Je lutte avec elle".
Les coulures ne sont ni barreaux d'une cage, ni colonnes d'un temple, mais lambeaux d'un rideau de théâtre. Le peintre joue avec ces trainées, fixant les incidents, faisant éclater les bulles quand la coulée bute contre un relief, un grain". Je gère le hasard", dit-il.

Dans son atelier, Hervé Half évoque ces grands artisans, plieurs et coloristes, qui travaillent les étoffes des maisons de Haute Couture à la veille des défilés. Dextérité, expérience. Après avoir mis un fond monochrome, et choisi ses mediums, il applique son "orgue", comme les parfumeurs. Se bat avec la matière, sans lui donner un sens. Ses toiles se composent de matériaux invisibles, marc de café séché, vernis marin, sable, cailloux. Pierre ponce pilée, diluée, chauffée au chalumeau jusqu'à devenir matière grise translucide.
Son chalumeau, il l'utilise comme un pinceau, brûlant ses toiles, en surface, pour accentuer le vieillissement de la matière.

Il y a encore la grosse ponceuse, le grattoir, la règle dentelée, le couteau à enduit. Comme un spationaute poncerait les cratères de la lune, l'artiste peintre "triture", "maquille", "camoufle", "surajoute", "agresse", "fait du vide" qu'il enduira d'une couche de vernis, perçue comme "un blasphème". Le blasphème est une prière en creux ? Half ne veut pas faire du beau, du sacré. L'homme n'est ni mystique, ni religieux, ni imposteur. "L'important est d'être en accord avec moi-même". Aussi va- t-il chercher ses maîtres chez Lucio Fontana, Yves Klein, et surtout, Chirico et sa "peinture métaphysique", ce Chirico qui fut rejeté, moqué pour son goût de représenter la Grèce antique et ses figures mythologiques.

Le miracle Half, c'est qu'au terme d'une gestation qui peut prendre des mois, ses œuvres ont une luminosité, une grâce du registre du sacré, de l'ange. Les couleurs, qui lui ont été données de naissance comme des musiciens ont l'oreille parfaite, irradient : bleu (70 % cobalt 30 % outre-mer.), rouge carmin, vert pomme, argent, noir ténébreux. Et encore, il y a ses pigments d'or, "ce sable d'or" qu'il aime faire couler comme un enfant plongeant les mains dans une jarre remplie de pièces d'or, et qui "donne une hauteur à la couleur" "La couleur est la vie. Le bon coloriste va à l'essentiel, au jaune rouge bleu pour la couleur, au noir et blanc pour le contraste. Je dédaigne le secondaire", observe-t-il

La grâce, aux yeux de l'artiste, "est comme un courant d'air qui traverse l'atelier, quand mon échine se redresse et je me sens en phase totale avec l'indicible. J'aime les œuvres intuitives L'intuition est un dialogue avec Dieu. Comme tout joueur d'échec veut être opposé à l'ordinateur. On peut le battre".
 
Philippe Gavi
Paris, décembre 2009
 
 
Galerie Couteron, 16 rue Guénégaud, 75006 Paris, jusqu'au 24 janvier 2010
galerie.couteron@orange.fr - tél. : +33 1 43 25 62 49 et +33 6 61 86 61 14
Hervé Half est né à Paris en 1955. Il vit et travaille à Meudon : www.hervehalf.fr

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