General Idea

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Première rétropective dédiée au groupe collectif canadien General Idea (1969-1994), fondé à Toronto, par 3 artistes, AA Bronson, Felix Partz et Jorge Zontal, qui voulaient "se libérer de la tyranie du génie individuel", de la paternité et du mythe de l'artiste démiurge et questionner le rapport sémantique de l'art aux médias.

General Idea établit des liens entre le monde de l'art et de la société médiatique et consommatrice contemporaine, glissant de l'un à l'autre, brouillant les repères entre sérieux et provocation, militantisme et humour, fétichisme et culture populaire. Héritier d'Andy Warhol et des mouvements conceptuels des années 60, General Idea est multimédia, il crée librement entre peintures, sculptures et installations, photos et videos, performances et progammes télévisés populaires. Le groupe édite des showcards, cartes issues du milieu publicitaire et dévoilant leur théorie artistique. Il détourne, récupère sarcastiquement les codes publicitaires comme dans la photographie Nazi Milk, 1979-1990. En 1972, la création du magazine FILE, plagiat du magazine LIFE, 26 numéros jusqu'en 1989, constituera une apogée conceptuelle du groupe dans son rapport au monde.

Emblèmatique le concept de Miss General Idea : issue de concours de beauté organisés par le groupe à partir de 1971, la Miss sera le personnage fictif entre la muse/image et l'objet conceptuel; elle sera la métaphore du processus artistique, création/production/présentation.
Autre figure : le caniche, comme image de "l'instinct de plaire" des artistes, sera utlisé dans diverses oeuvres, comme la performance "XXX bleu", en hommage à Yves Klein ou dans "Mondo Cane Kama Sutra" où un trio de caniches expérimente les positions du Kama Sutra. Le groupe interroge le rapport social à la sexualité, l'homosexualité et la figure du trio comme modèle anti-patriarcal ; mais aussi dans les années 80, il s'interroge sur le désastre du sida, en s'appropriant le LOVE, créé en 1964 par Robert Indiana en AIDS, que le groupe diffusera sur forme d'affiche dans le monde entier et de papier peint dans l'exposition.
General Idea élabore sa propre mythologie sémantique et iconographique, qu'il ne cessera de construire/déconstruire, dans des rapports fictifs, créatifs et décallés. Comme dans le Pavillon de Miss General Idea 1984 dans la section Architecture/Archéologie liée à l'idée du monde de la représentation en art. En 1994, General Idea perd deux de ces géniteurs (Felix Partz et Jorge Zontal) ce qui, paradoxalement, achève l’aventure de ce groupe singulier.

L'exposition présentée à l'ARC, très complète, permet de se faire une idée globale sur la démarche du groupe. Elle nous retrace aussi le contexte culturel dans lequelle il a sévi, portrait socio-historique d'une société en train de changer.