"Famille de sang"
à la Fondation Francès
Fondation Francès
Fondation Francès
Fondation Francès
Fondation Francès
Fondation Francès
Fondation Francès
Fondation Francès
Fondation Francès
 

Fondation Francès

Fondation Francès, Michaël Matthys

 
 
 
 
Les Francès sont toujours aussi pertinents dans leur accrochage. Cette fois leur deuxième exposition s'organise autour de l'artiste Michaël Matthys, originaire de Charleroi en Belgique, défendu par le galeriste Jacques Cérami de cette même ville, en connotation avec la série "Royal Blood" d'Erwin Olaf et de Sophie Muller.
Michaël Matthys s'impose, au départ, dans le monde de la bande dessinée. Puis, en 2003, il dessine la ville de Charleroi, dessins noirs d'une ville qu'il perçoit sombre. Plus tard, en 2004, il en fait une série de peintures surnommée "La ville en rouge". Il décide de donner à cette ville un côté "humain" en utilisant du sang de bœuf prélevé aux abattoirs. Cette série sera exposée au Centre Pompidou et dans le cadre de Show-Off, foire parisienne se déroulant au moment de la Fiac.
S'ensuit la série présentée à Senlis, "Famille de sang", consacrée à son propre cercle familial. Quoi de plus logique que de faire cela avec son propre sang en utilisant des pipettes pour mettre en avant le "relationnel humain".

Il peint ce que sa mémoire a capté. Sur ses supports maculés de sang, d'un trait rageur, il raconte des histoires de famille, des réunions festives. Neuf planches d'un déjeuner de famille incarnent l'anniversaire des enfants et une, sa grand-mère assassinée. Union et désunion, il vient casser tout cela. Le sang montre la vie difficile, le lien familial paraissant solide, mais qui ne l'est pas en réalité : des personnages sont caricaturés, raturés, rendus méconnaissables, avec son propre sang, symbole du lien direct à la vie. Il lance des balafres linéaires et gestuelles pour mieux transcrire les tensions et les non-dits. Peintre copiste de Picasso, son père est une honte à ses yeux… Il présente le portrait de sa famille proche, "sa femme, lui et ses deux enfants" crayonné et strié à l'hémoglobine, laissant apparentes les traces de crayon. Il dit : "La famille c'est dur, c'est un poids que j'ai sur les épaules, la position du père est difficile".
Les Francès ont fait l'acquisition d'un tableau de cette série à Art Brussels il y a 3 ans ; les autres sont présentés par la galerie.

En revanche, dans la collection Francès, la série "Royal Blood" du célèbre photographe et vidéaste hollandais Erwin Olaf exprime un travail sur des photos figées par la violence de la mort. Cette série fut présentée à Paris Photo en l'an 2000. Avec ce thème audacieux, il met en scène des personnages médiatisés ou historiques, mis en avant par leur lignée et par là même à l'origine de leur mort tragique. Des figures célèbres sur papier glacé, au destin effroyable, comme que Marie Antoinette, Lady Di marquée au fer rouge Mercedes, Jackie 0 avec son chapeau taché de sang. Telle une photographie de mode, ce blanc immaculé taché de rouge nous "glace le sang", tandis que la posture et le regard figé nous disent les difficultés de ces origines hautement placées.

Nous remarquons également une œuvre de Sofie Muller, artiste belge néerlandaise intitulée "Tristan", partie de l'installation "Be devided" de 2007. Cette sculpture en bronze représente un petit garçon assis sur un lit médical avec un regard absent, sans vie, négatif. Tristan ne vit pas encore…. L'artiste travaille sur l'alchimie des corps, l'enfermement… Eléments tirés au "noircissement" et "au blanchiment" comme l'est aussi la sculpture de marbre blanc de sa grand-mère sur une balançoire dans le jardin. La réflexion sur l'artisanat traditionnel et le concept d'authenticité est important pour Sofie Muller. Elle est défendue par les galeristes Geukens & De Vil à Anvers et Knokke Zoute, présents à Art Brussels du 23 au 26 avril 2010.
Les œuvres de Michaël Matthys expriment des scènes vivantes et actuelles en opposition aux scènes passées et finies d'Erwin Olaf.

Pour les Francès collectionneurs, créateurs de la Fondation, leur thème unique est l'homme et ses excès. Ils possèdent 300 œuvres, 145 artistes, de 30 pays différents. Ils sont judicieux dans leur choix, passent au dessus des tabous. Le sang n'est pas seulement signe de mort mais est également signe de vie.
 
Elisabeth Petibon
Bruxelles Paris, avril 2010
 
 
Fondation Francès, 27 rue Saint Pierre, 60300 Senlis
www.fondationfrances.com
Lire aussi Mort ou Vif

accueil     vos réactions     haut de page