Alexandra Duprez
Charme et envoûtements
Alexandra Duprez
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Alexandra Duprez

Alexandra Duprez, 2014

 
 
 
 
Non contente de captiver ses admirateurs, elle les capture dans un filet magique de haute densité. Comment pourraient-ils s'en échapper ? Pas à pas, ils avancent le long des étranges linéaments de ses peintures ; ils se laissent piéger par ces faisceaux de lignes qui divergent sans fin tout en s'incurvant et tournoyant en un microcosme grouillant de vie.

Quelle fascinante richesse dans cette création du monde à partir de points, de nœuds qui rayonnent dans l'espace et forment des bras, des jambes, des mains, des chevelures, des visages et même des bois de cervidés, dans un joyeux désordre sans chaos. Ces créatures graphiques semblent les premières étonnées d'être ici, peintes sur la toile. Elles semblent vouloir s'insérer dans ce canevas en pleine expansion, à moins qu'elles se laissent capturer dans la nasse réticulaire d'un maelström convergent. Divergence ou convergence, tels sont les possibles, parmi d'autres, dans l'univers arachnéen d'Alexandra Duprez.

Sur un tableau, deux avant-bras se sont assemblés en une sorte de monobras muni d'une main à chaque extrémité. Un possible de l'évolution. Mais non retenu par la nature, (à ma connaissance) ! Pourquoi pas ? L'amphisbène a bien existé, ce serpent à double tête, une à chaque extrémité de son corps longiforme ! Il marchait aussi bien en avant qu'à reculons dans les récits mythologiques. Quelles seraient les redoutables possibilités de ce monobras, s'il existait ! On frémit.

Une autre toile présente des jumeaux délicatement unis pour la vie en un personnage quadrupède, bibrachial et bicéphale de la plus belle prestance. D'une élégance aérienne, il se présente à la fois de face et de profil, divergent et convergent, selon la rose des vents des courants ondulatoires. Ce thème de la géméllité est cher à l'artiste, puisqu'elle y revient dans trois peintures agencées autour de la même troublante symétrie axiale. Une symétrie qui se développe soit autour d'une colonne centrale, soit autour d'un vertigineux vide central. Dans l'une de ces compositions, des cerfs à la belle ramure se joignent aux humains. Ensemble ils sonnent l'hallali pour bouter les chasseurs hors du pays.

Les cerfs majestueux et candides s'ébattent encore en famille, en compagnie de chevaux, de paons et d'oiseaux de paradis. Ce serait un véritable jardin d'Éden, s'il n'y avait, couchée dans le ciel, l'étrange constellation d'une silhouette humaine qui cherche à s'assembler à partir de membres épars.

Le regardeur n'en finit pas de découvrir les raffinements de ces œuvres qui procèdent d'un art magique de la métamorphose. Le flux incantatoire de ces lignes ductiles, glissant sans fin comme un flot caressant autour des êtres qu'elles suscitent, semble répondre à un double paradigme. Il invente les formes vivantes tout en s'interrogeant sur la possibilté même de leur existence.

Avant de quitter la galerie, arrêtons-nous devant l'une des œuvres les plus énigmatiques : le face à face d'elle et de lui. Ève et Adam ? ou, peut-être, l'artiste et son œuvre ? Est-ce Adam qui insuffle vie à une créature née de son seul désir ou est-ce Ève, venue d'un autre monde pour se réaliser dans le songe d'Adam ?
 
Michel Ellenberger
Paris, janvrier 2015
 
 
Galerie Marie Vitoux, 3 rue d'Ormesson, place Sainte-Catherine, 75004 Paris
Alexandra Duprez, jusqu'au 24 janvier 2015
www.galeriepierremarievitoux.com

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