LE MAGAZINE
d'ExpoRevue


Les formes de Duchamp-Villon reprennent leur place


De la brève carrière de Raymond Duchamp-Villon (1876-1918), on a surtout retenu le Cheval (1914), travail qui n'a cessé d'évoluer dans des études successives (petit, très petit, mécanisé, grand, majeur). Figure emblématique de son œuvre, elle a fini par faire oublier le reste de sa production. Car, si sa réputation de pionnier de la sculpture moderne est assurée après sa mort par la fonte posthume de cette pièce, cette brillante fusion entre animal et force motrice qui est devenue une icône de l'ère des Machines, il n'en est rien de ses autres facettes. L'exposition se propose d'accorder la place qui leur revient aux œuvres qui, pour être moins connues, sont pourtant des jalons essentiels dans l'itinéraire de l'artiste, soulignent Isabelle Monod-Fontaine, Bénédicte Ajac et Marie Pessiot, les co-commissaires. Il fallait redonner au sculpteur sa contribution à l'art moderne, et imaginer ce que sa recherche de formes toujours plus radicales aurait pu être s'il n'avait pas disparu si prématurément, poursuivent-elles.

On découvre dans la première salle des œuvres de jeunesse, figuratives (1903-1905) : Esope, Joseph Prud'homme. On s'arrête devant la massive Femme penchée, dite Torse (1907). Puis, son travail se dégage des chemins de la sculpture traditionnelle. Il fait preuve de qualités synthétiques dans ses bustes (Emile Nicolle, 1907) et s'intéresse à l'expression du mouvement (Joueurs de football, 1906), ainsi qu'à l'intégration du sujet à l'architecture (Pastorale, 1910). Ensuite il prend part au mouvement de la Section d'Or (1911) qui ouvre une nouvelle perspective au cubisme. Il géométrise alors, simplifie, recompose les formes : Maggy (1912), la Femme assise (1914). On reste quand même sur sa faim même si la Tête du Professeur Gosset, 1917-1918 conduit sur les chemins de l'abstraction alors que les Sémaphores, 1918 et ses personnages absurdes entraînent vers Dada et le surréalisme. Noyé dans les documents d'archives, les nombreux dessins, maquettes et plâtres, on voudrait davantage encore de sculptures mais le temps a manqué à Duchamp-Villon...

M. C.

Raymond Duchamp-Villon, Musée des Beaux-Arts de Rouen, Rouen, France, jusqu'au 24 mai 1999.

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