Daros Latinamerica Collection
XXXXXXXXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXXXXXXX
XXXXXXXXXXXXXXXXXX

XXXXXXXXXXXXXXXXXX

Ana Mendieta, Anima, Silueta de Cohetes (Firework Piece), Oaxaca, México, 1976

 
 
A la suite de la fondation Cartier pour l'Art de Paris, la fondation Beyeler de Riehen (Bâle) présente un ensemble important d'oeuvres d'artistes sud-américains rassemblées au sein de la collection Daros.

Daros Latinamerica est une jeune institution zürichoise crée en 2000 par Ruth Schmidheiny qui, à travers expositions et manifestations ayant pour base la casa Daros de Rio de Janeiro, place la création artistique sud-américaine au centre de débats passionnants, "au delà de toutes contraintes politiques et sociales".
De ces 2 expositions il ressort que les artistes de ce continent sont décidément fortement conditionnés par la dure réalité sociale, politique et économique de notre époque, dans leurs pays d'origine d'abord, mais aussi du monde entier.

A l'instar des Marc Aurèle ou Sénèque, stoïciens de l'antiquité, qui gommaient les détails hideux pour ne voir que la beauté d'ensemble, l'argentin Guillermo Kuitca, prend le recul nécessaire grâce à une distanciation graphique pour effacer les détails sordides et la misère des agglomérations urbaines. Il produit alors des oeuvres qui, de loin, semblent être abstraites. De leur côté, les toupies, trompos mexicaines, de Miguel Angel Rios illustrent la place de l'homme dans une société issue et encore empreinte par le colonialisme et l'exploitation des mafias. Melanie Smith, une anglaise immigrée assimilée au monde "latino", filme et peint sans relâche Mexico City, une ville à la croissance sauvage. Quant à Juan Carlos Alom, ses photos explorent les difficultés de l'individu au sein des rituels de groupe tandis que l'installation impressionnante de Cildo Meireles dénonçe la mécanique aliénante et létale des systèmes économiques dominants. Il ressort de toutes ces expressions artistiques le même pessimisme, la même tristesse, le désespoir, qui avaient déjà marqué l'exposition de Paris.

Malgré la multiplication des moyens utilisés et la diversité des origines géographiques, les artistes sud-américains, en commun, semblent avoir de la peine, ou peut-être ne souhaitent pas, sortir de la pesanteur sociale et politique ambiante. Ils n'envisagent que la contestation et le dénoncement face aux problèmes existentiels ambiants.
Nietzsche avait pourtant dit que "l'art véritable devait être intensification de la vie et rendre heureux". La grandeur de l'artiste, avait-il poursuivi, ne saurait se mesurer aux beaux sentiments ou à des pulsions de révolte. L'artiste doit se rendre maître du chaos, de son propre chaos, agir de façon logique, simple et catégorique. Il doit procurer cet élan de jouissance intérieure qui, à l'instar de l'exclamation jubilatoire de Galilée découvrant que la Terre est ronde, envahit aussi bien l'artiste que le spectateur à la contemplation d'une grande oeuvre.

Malheureusement aucune jubilation, mais seulement une infinie tristesse s'émane des oeuvres rassemblées par la collection Daros.
 
Bernard Blum
Bâle, mars 2014
 
 
Daros Latinamerica Collection, 21 février au 27 avril 2014
Beyeler Museum, Baslerstrasse 77, CH-4125 Riehen, Basel
www.fondationbeyeler.ch

accueil     vos réactions     haut de page