Daphne van de Velde

Daphne van de Velde

Daphne van de Velde

Daphne van de Velde

Daphne van de Velde

Daphne van de Velde

L'artiste photographe est représentée par la galerie Black Swan dirigée par Kristoff Tillieu. J'ai pu visiter cette galerie cette année et découvrir un lieu très ouvert avec des artistes intéressants. Je connaissais notamment l'admirable artiste, Jan van Oost qui y a exposé, et Alexi Williams Wynn, une artiste anglaise établie à Gand. Tout dernièrement, nous avons pu voir l'exposition de Ruth Devriendt.
Revenons au travail de Daphne van de Velde (1973-Borculo, Pays-Bas), une découverte ! Dès que nous sommes en présence des photos de Daphne van de Velde, on est happé par ses photos-sculptures spatialisées, par ses « déchirures » ou lacérations qu'elle opère sur certaines photos marouflées sur aluminium. Ou bien celle qui est suspendue où le corps est comme enroulé et découpé longitudinalement, ou une autre au sol. On aperçoit une femme nue, des jambes, un fragment corporel, il n'y a pas vraiment de tête sur Dress. Au sol, une sorte de ruban photographique (matière superbe et intense) dont on devine une partie physique, bras ou visage, dans State of emergency. Au sol encore, un ruban photographique d'une matière somptueuse et intense, où affleurent un bras, un visage : State of Emergency. Une proximité spirituelle avec l'œuvre de Georges Bataille s'impose. Déchirure, béance des fragments corporels, intimité mise à nu.

C'est une série très étonnante que présente son galeriste à cette foire dédiée à l'expérimentation photographique. L'imaginaire de cette artiste aux multiples facettes mérite d'être découvert. Elle aurait eu sa place à Paris Photo, sans nul doute !
Désir et violence dialoguent à travers l'autobiographie de l'artiste qui met en scène les images de son propre corps – ici, dans l'espace circonscrit de la galerie. Penthésilée, figure symbolique – série titre d'une partie de ses œuvres – reine des amazones, apparait comme emblématique de ses œuvres (elle succombe sous le glaive d'Achille, alors ce dernier tombe amoureux d'elle. Nous nous souvenons également de la pièce de Kleist qui opère un renversement du récit et de la suite de l'histoire). D'autres œuvres sont présentées tel ce cylindre de polyuréthane et résine enchâssant une photographie : Quixotic, photosculpture : Uixotic, en polyuréthane et résine. Traversée du corps en situation de fracture, de déchirement, de souffrance, de déterritorialisation au sens de Deleuze où l'ensemble de ces processus sont mis en relation avec d'autres contextes philosophiques liés à l'identité du sujet.

Daphne van de Velde est une photographe autodidacte qui a une formation de danseuse contemporaine ; elle a étudié l'architecture également.
Sa vision du monde, de l'identité corporelle et de la photographie comme art, s'émancipe de la pensée dominante quelle qu'elle soit. L'artiste fonde dans son travail sa propre expérience intérieure (ou inquiétude et joie alternent) et comme Bataille décrivait cette situation spirituelle où rire, ivresse, érotisme constituent trois figures de l'extase. Et où : "de fil en aiguille, (l'homme) prend sa bougie pour lui-même, la souffle, et criant de peur, à la fin, se prend pour la nuit".

The photographic artist is represented by the Black Swan Gallery, directed by Kristoff Tillieu. I was able to visit this gallery this year and discover a very open space featuring interesting artists. I already knew the admirable artist Jan van Oost, who has exhibited there, as well as Alexi Williams Wynn, an English artist based in Ghent. Most recently, we were able to see Ruth Devriendt's exhibition. Let us return to the work of Daphne van de Velde (1973 – Borculo, the Netherlands), a true discovery! As soon as we encounter Daphne van de Velde's photographs, we are drawn in by her spatialised photo-sculptures, by the "tears" or lacerations she makes in certain photographs mounted on aluminium. Or by the suspended piece in which the body seems coiled and cut lengthwise, or another placed on the floor. We glimpse a naked woman, legs, a segment of a body—there is no real head in Dress. On the ground lies a kind of photographic ribbon (with a superb, intense materiality) in which we can make out a physical fragment, an arm or a face, in State of Emergency. There is a sort of spiritual proximity to the works of Georges Bataille: tearing, opening of bodily fragments, an intimacy laid bare, etc.

It is a truly astonishing series that her gallerist is presenting at this fair dedicated to photographic experimentation. The imagination of this multifaceted artist deserves to be discovered. She would undoubtedly have had her place at Paris Photo!
Desire and violence converse through the artist's autobiographical approach, staging images of her own body—here, within the confined space of the gallery. Penthesilea—the title series of part of her work—presents the queen of the Amazons as an emblematic figure (the mythological character who dies by Achilles's sword, after which he falls in love with her; we also remember Kleist's play, which reverses the narrative and what follows). Other works are shown, such as a cylinder containing a photograph embedded inside, entitled Uixotic, a photo-sculpture made of polyurethane and resin. A traversal of the body in a state of fracture, tearing, suffering, of deterritorialisation in the Deleuzian sense, where the body's processes are connected with other philosophical contexts tied to the subject's identity.

Daphne van de Velde is a self-taught photographer with a background in contemporary dance; she also studied architecture.
Her vision of the world, of bodily identity, and of photography as an art form frees itself from any dominant mode of thought. The artist grounds her work in her own inner experience (where unease and joy alternate), recalling the spiritual state described by Bataille, in which laughter, intoxication, and eroticism form three figures of ecstasy. And where: "little by little, (man) takes his candle for himself, blows it out, and screaming in fear, at last mistakes himself for the night".

 

Patrick Amine
Paris, Bruges, décembre 2025