Danette Auque-Landry
Éclats d'humanité
Danette Auque-Landry
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Danette Auque-Landry

Danette Auque-Landry

En pénétrant dans l'atelier de Danette A. Landry, on découvre immédiatement de grandes sculptures aux allures de totems insolites. Il faut s'en approcher pour appréhender les formes, la structure et le matériau dont ils sont faits. Dans une autre partie de l'atelier, il y de grandes toiles aux couleurs profondes où apparaissent des lignes qui soulignent horizontalement l'espace du tableau.

Quelle est l'origine de ces sculptures ? L'artiste nous révèle que ses sculptures de bronze s'intitulent : Éclats d'humanité. C'est un ensemble d'hommes et de femmes déstructurés par les épreuves de la vie. Les structures féminines des bronzes sont plus régulières et construites. Une de ces sculptures a pour titre "Reconstruite", et une autre, que me signale Danette A. Landry est emblématique par ce qu'elle représente, chargée par une émotion très personnelle liée à sa vie, se nomme Albatros.

Française d'origine américaine, Danette A. Landry est née à Detroit et a vécu en Californie avant de s'établir à Paris. Après une Maîtrise en anthropologie sociale et une thèse à l'Ecole des Hautes Etudes sociales de Paris, elle a arrêté ses études pour se consacrer totalement à la peinture. Elle a beaucoup voyagé, et habité sur quatre continents. Mais ce sont des liens divers et les lignes fragmentées de sa biographie qui l'ont conduite vers la peinture et la sculpture.

Parmi ses sculptures, il y aussi les "hommes blessés", totems composés avec des plaques, parfois géométriques, ou effilées. Toujours avec une constance, la ligne. La ligne comme le soulignait l'anthropologue, Tim Ingold (Tim Ingold, Une brève histoire des lignes, Ed. Zones sensibles, 2011), indique qu'une "étude des hommes et des choses est une étude des lignes dont ils sont faits". Tous nos mouvements, nos manières de tisser des liens ou de dessiner, en tant qu'être humain, sont "une fabrique de lignes". On pense aux théories du Bauhaus, aux textes de Kandinsky (Point, Ligne sur Plan et Du spirituel en art), et aussi à l'art Minimal et conceptuel, dont l'artiste se réclame.

Les peintures de Danette A. Landry exposent ces lignes visibles, ces traces, parfois superposées qui éclatent sur la toile, recouvertes de résine (rouge, bleu, parfois du noir et du blanc, tout en dégradé) qui absorbent la lumière et distillent une certaine harmonie reliée à la conjonction des couleurs. Toutes ces nuances s'inscrivent sur les toiles par une amplification de la lumière. Toutefois, leur géométrie reste apparente. Dans les sculptures en bronze, on aperçoit comme des ouvertures, telles nervures, des alvéoles, des accidents qui composent la matière première. On pourrait dire que ce sont les artères d'un corps qui se révèlent dans ces totems. "Au début de mon travail pictural, je faisais des sortes de pansements sur mes toiles, comme des band-aids over chaos. Puis il y a des lignes qui coulent sur la toile à certains endroits. Mes tableaux sont devenus plus abstraits, plus minimalistes, et certains monochromes laissent apparaître des lignes peintes. Quand j'étais enfant, j'avais toujours des pinceaux à la main. Sans doute parce que ma mère peignait tout le temps à la maison, puis un jour, je l'ai surpris peignant une façade extérieure de la maison tout en rouge… Cette couleur rouge m'a beaucoup marquée. L'émotion, qui s'en est dégagée pour moi, est restée liée à mon vécu jusqu'à l'âge adulte. Cette couleur rouge m'a laissé des traces inaltérables".

Danette A. Landry travaille à partir de son expérience du monde, de sa vie mouvementée, de son espace spirituel et mental. Elle doit nommer les choses, comme elle le précise. Depuis plus de quinze ans, elle se confronte à ses thèmes et à la matière qu'elle modèle. C'est un exutoire. Elle a besoin d'une dépense dans la poursuite de son travail d'artiste. Physiquement et mentalement, c'est une nécessité pour elle de matérialiser ses émotions, son passé et sa vie présente. Une manière d'extérioriser et de spatialiser son moi profond. Ce processus physique de déplacement de lignes avec ces allers et retours est une manière de creuser des sillons. L'espace de la toile incorpore la gestuelle du tracé de la main pour constituer un profond champ visuel. Ses références sont puisées dans le minimalisme : Agnès Martin, Malevitch, Rothko ou bien Richard Serra. Les œuvres de Danette A. Landry, ses totems qu'elle nomme Éclats d'humanité, sont pour elle des "êtres imparfaits", une ligne d'épreuves, de ruptures, d'imprévus, toutes les vicissitudes de l'existence semblent se croiser dans ces entrelacements de matières. "Les éclats de ma vie m'ont beaucoup inspirés. Il s'agit à présent de reconstruire tous ces éclats existentiels", dit-elle. Une catharsis en acte à travers sa vision plastique intensément sensorielle.
 
Patrick Amine
Paris, avril 2018
 
 
Danette Auque-Landry, Éclats d'humanité
Galerie MR14 Marais, 14 rue Portefoin - 75003 Paris
du 19 au 22 avril 2018
tél. : +33. (0)6 10 86 90 41.
www.danettelandry.com

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