Art Basel, 41 ans déjà
un marché des œuvres d’art dans tous ses états
Art 41 Basel
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Art 41 Basel

 
 
 
Art Basel, 1970/2010 :

2010 sera l'année de la première foire de Bâle ouverte en l'absence d'Ernst Beyeler disparu ce printemps, qui fonda et organisa, avec deux autres galeristes (Hilt et Riehentor) et l'appui institutionnel des directeurs des musées de Bâle et de Zürich, la première ART' qui s'appelait alors Salon d'art contemporain.
 
 

Celui-ci s'ouvrit en 1970, sur 6000 m2, dans les locaux de la Mustermesse, place de la foire aux échantillons, l'équivalent à Paris du bâtiment dit Foire de Versailles. Ce salon comptait 90 stands : des galeries européennes, essentiellement allemandes (31) et suisses (25) auxquelles s'ajoutèrent trois galeries New-Yorkaises (les déjà célèbres Emmerich et Marlborough). 20 autres stands furent réservés aux maisons d'éditions de livres d'art.
Au Comité International de sélection siégeait Aimé Maeght, en tant que directeur de galerie et éditeur, et parmi les 5 galeries françaises figuraient celles de Denise René (alors rue de la Boétie), de Daniel Gervis, de Rudolf Stadler et d'Anne Lahumière ainsi que "Nouvelles images" située à Lombreuil et Union Latine d'Editions, sis quai des Grands Augustins, à Paris…
Dans la préface du catalogue (205 pages illustrées par des photos en noir et blanc) le concept d'ouverture du salon s'appuie sur l'observation d'une relance économique (c'était la période dite des 30 glorieuses), une relance analysant l'accroissement "du temps des loisirs, des bons salaires et des moyens de communication" comme autant d'arguments favorables à la stimulation des "collectionneurs en puissance" or, quel meilleur signal à lancer à ces "collectionneurs en puissance" que la réunion, en un seul lieu, d'offres multiples provenant de divers pays !
Déjà Cologne, l'année précédente avait lancée sa foire bientôt suivie de celle de Düsseldorf. La Fiac ouvrira en 1973, à la Bastille.

Les 10 premières années de l'ART' furent marquées par un important apport d'œuvres historiques en Picasso, Giacometti, Léger, Dubuffet, Chagall, Matisse, Rouault…. Les allemands et notamment la Gmurzynska de Cologne- proposa des Schwitters, Malewitsch et autre Richter…Les américains vinrent avec des Pollock, Kline, Motherwell, Nevelson ou Sol LeWitt…
Peintres et sculpteurs étaient (ou avaient été) passionnés par une recherche d'expression du sensible, une volonté de visibilité, qui passaient par la maîtrise de leurs outils avant de se soucier d'un éventuel acquéreur. Si ces œuvres, déjà très coûteuses, visaient des collections muséales ou de très riches industriels privés, d'autres étaient financièrement plus accessibles, telles cette "longue marche" colorée, signée Jean Dewasne et présentée en 14 sérigraphies par Anne Lahumière.
En ces années soixante dix il régnait une cohabitation bon enfant entre galeries, grandes et moins grandes.

En 2010, tout discours romantique sur l'art, l'artiste et l'œuvre paraît naïf et incongru tant la concurrence économique que se livrent nombre d' artistes, s'est durcie. Il ne s'agit plus pour ces derniers de maîtriser un savoir mais de faire un "coup médiatique" qui pourra rapporter gros.

En 2010 le marché de l'art, malgré la crise, bat son plein.
Le nombre de galeries sélectionnées, sur les 1100 candidatures déposées, dépasse le chiffre de 300 (contre 90 en 1970 !). Les galeries sont issues de 37 pays (contre 10 en 1970) provenant des 5 continents, la Goodman gallery, installée à Johannesburg et à Cape Town, signant l'entrée du marché de l'art contemporain sur le continent africain.
D'autre part les galeries nord- américaines (72) distancent largement les offres allemandes (53 galeries) et suisses (32) même si ces dernières sont plus nombreuses qu'en 1970. Le catalogue de 750 pages (contre 205 la première année) est à présent illustré de photos en couleur et pèse près de 3 kilos !
L'Art Basel est aujourd'hui reconnue mondialement comme la première foire internationale d'art contemporain et donne envie de l'imiter, à de nombreuses capitales.

Comment est –elle parvenue à ce résultat alors que démographiquement c'est une ville moyenne (400.00 habitants) sans rôle politique comparable à celui que purent jouer dans l'histoire : Berlin, Londres, Madrid, Paris ou New York ?
Notre hypothèse est que Bâle, comme Cologne, est une ville rhénane qui depuis le Moyen Age s'est développée et enrichie par une amélioration sans cesse renouvelée d'un savoir faire aigu du commerce, portant la plus vive attention aux fluctuations de possibles échanges quelle qu'en soit la nature.
Comme le rappelait la préface du catalogue de 1970, le constat de l'amélioration du niveau de vie ont convaincu Ernst Beyeler et la Direction de la Mustermesse de l'opportunité d'ajouter aux entreprises bâloises celle du marché de l'art et très vite Art Basel a délaissé le titre de salon pour affirmer son caractère de foire, foire où la segmentation du marché y est géographiquement affichée.


Unlimited

Un collectionneur à très gros budget, qu'il soit marchand, responsable d'entreprise, de fondation ou de musée(1) souhaite sécuriser la valeur de son achat. Il visitera donc les galeries regroupées au rez-de-chaussée, proposant des œuvres historicisées et leur éventuelle et future prolongation au bâtiment annexe d' Unlimited : une plateforme de 17000 m2 (contre 6000m2 pour la totalité de l'Art en 1970), créée il y a 10 ans pour y installer des œuvres monumentales et des cabinets de projections, certaines œuvres étant réalisées spécifiquement pour le lieu.
L'accès (payant bien sur) à Unlimited offre à chacune des galeries participantes le miroir grossissant de leur impact commercial et à l'artiste, dont l'œuvre est exposée, une vitrine d'appel plus luxueusement promotionnelle qu'un clip publicitaire.

Ainsi par exemple, de l'installation murale de Latifa Echakhch couvrant, du plafond au plancher, les 4 murs de son habitacle de feuille de papier carbone, de ce très léger papier bleu marine qui au temps des machines à écrire servait à dupliquer un texte. Le vide, intensément bleu de l'espace, enveloppait le visiteur de drapés discrètement mouvants qui, chez les plus avertis, convoquait le souvenir des expérimentations de "zones sensibles" menées en 1958 par Yves Klein.
Latifa Echalkhch, marocaine, est managée par la galerie parisienne Kamel Mennour dont c'est non seulement la première année de participation à l'ART' mais qui se trouve être présent sur deux autres lieux d'Unlimited (fait exceptionnel) avec les circonvolutions ferreuses du hongrois Yona Friedmann et en co-produisant, avec la galerie Kelly de New York, une projection fantasque titrée : "bed", du vidéaste belge Johan Grimonprez.

La co-production entre galeries, témoigne de l'amplitude économique d'une foire quand celle-ci ne se limite pas à faciliter le marché issu de rencontres ponctuelles entre collectionneurs et œuvres mais aussi entre des galeries, tissant ainsi un rhizome de connections internationales qui agira bien au delà du temps et du lieu de la foire, laquelle s'inscrira d'autant plus comme une référence.
Par ailleurs ajoutons, que s'il fut un temps où les artistes d'une galerie formaient une équipe se reposant sur celui ou celle qui travaillait à leur promotion, ce temps semble révolu.
Tels des footballeurs de l'équipe de "France" s'expatriant au gré des offres financières les plus convaincantes, des artistes contemporains prennent leur devenir économique en mains.
Ainsi de Kader Attia, hier chez Kamel Mennour, aujourd'hui doublement représenté par la galerie viennoise Krinzinger- la plus importante d'Autriche- et celle de Christian Nagel à Berlin ; toutes deux se sont associées pour coproduire à Unlimited "couscous Kaaba", une très grande installation, déjà montée à Vienne en 2009 : un immense plateau au sol est recouvert de blé dur surmonté en son centre d'un petit volume noir symbolisant la Ka'ba, cette pierre noire conservée dans une petite chapelle de la Mecque ; et ce volume noir –qu'éclaire le titre de l'œuvre- fait basculer ce qui pourrait être pris pour une simple représentation de nature morte –genre très prisé dans l'histoire de l'art occidental– dans le champ d'une revendication politique à la gloire de l'islam, d'autant que Kader Attia amalgamant habilement des mœurs culinaires arabes à l'islam suggère que cette religion –fondée au 7éme siècle de notre ère- remonterait à plus de 3000 ans (sous entendu avant la chrétienté)…
Français de papier mais algérien de cœur –tout en résidant en Europe et aux Etats-Unis– Kader Attia agite ainsi, au sein de la foire, le rappel d'une guerre idéologique menée actuellement contre l'occident, une guerre commençant par une contamination des esprits sans s'interdire de recourir à des attentats meurtriers (les 3 RER parisiens, le 21 septembre 2001 à New York, le métro londonien etc…) et des prises d'otages occidentaux suivies d'exécutions.
Le commerce d'œuvres d'art, comme le sont les rencontres sportives, n'est pas à l'abri d'un soupçon de propagande ! Ajoutons que des œuvres de Kader Attia sont entrées dans la collection du richissime londonien Saatchi.


Statements

Après avoir arpenté le luxueux gigantisme des 56 installations d'Unlimited, l'amateur curieux s'engageait dans Art Statements, un espace réunissant à quelques exceptions près la production de jeunes artistes. En 2010, présentés par leurs galeries, 26 artistes venus de 17 pays, ont été sélectionnés sur 300 dossiers, chacun d'entre eux profitant d'une exposition personnelle.
Ce concept spatial de regrouper le marché des oeuvres des jeunes artistes s' est appelé au cours des ans : "jeunes galeries", "Perspectives", "Nouvelles Tendances" ou "art Première" et depuis 1996 : Statements, mais Art Basel a toujours veillé à réserver un espace au marché des "jeunes pousses", simplement, avant Statements les galeries, qui étaient alors installées au premier étage de la foire, ne dédiaient pas obligatoirement la totalité de leur stand à un seul artiste ; de plus, en insérant Statements de manière contigue à Unlimited, l'espace le plus attractif de la foire, Art Basel vise à focaliser l'accessibilité d'achat des collectionneurs au budget plus restreint.
Pour donner une image du possible impact que peut engendrer une participation à Statements, rappelons que s'y sont fait connaître avant de devenir des "stars" internationales : Mariko Mori, Vanessa Beecroft, William Kentridge, Pierre Huygue, Ugo Rondinone, Georg Schneider, Manfred Pernice, Ernesto Neto, Ghada Amer et bien d'autres… Certains ont ensuite investi un pavillon national à la Biennale de Venise (tels Pierre Huygue pour la France ou Gregor Schneider qui gagna le Lion d'or en 2001 pour sa transformation du pavillon allemand) un autre, à Paris occupe actuellement deux salles du Louvre et le Jeu de Paume (William Kentridge) sans oublier la majestueuse mise en scène d'Ernesto Neto au Panthéon, il y a quelques années… Et bien sur, le coût de leurs œuvres a considérablement augmenté.
Ce qu'il ne faut pas oublier, à propos d'Art Basel, c'est que ce marché des œuvres s'appuie sur une notion d'appartenance quasi citoyenne à la ville. L'ART' est une des images fortes de Bâle. Il y a comme une consanguinité entre les bâlois (de souche, bien sur) et l'ART', ce qui facilite les bonnes relations entre la Direction de la foire et les entreprises locales.

Ainsi,il y a 12 ans, Art Basel a sollicité avec succès la participation financière du groupe d'assurances La Bâloise pour créer un prix qui apporte un éclat supplémentaire de participation à la Foire, et le groupe décerne, depuis, chaque année un prix à deux artistes de Statements, prix qui ne consiste pas seulement en un versement aux lauréats d'une somme de 30 000 francs suisses mais qui présente une grande originalité puisque La Bâloise achète un groupe d'oeuvres de ces lauréats, œuvres qu'elle offre ensuite à trois musées européens : La Hamburger Kunsthalle, Le musée d'art moderne fondation Ludwig de Vienne et le Stedelyjke Museum voor actuelle kunst à Gand !… De plus, La Bâloise s'est engagée à participer au financement des expositions de ces artistes primés, quelque soit le lieu ; ainsi on a pu voir récemment au CREDAC d'Ivry –en banlieue parisienne- les œuvres de Geer Goiris, artiste primé par La Bâloise aux Statements 2009. Pour les jeunes artistes comme pour leurs galeries on devine tout l'intérêt qu'ils portent à cet agrément aux Statements En 2010, les lauréats de La Bâloise furent la britannique Claire Hooper et l'espagnol Simon Fujiwara.


Art Public, Art Parcours

Confrontée depuis quelques années, à la concurrente prolifération de Biennales étrangères qui relèvent –du moins en apparence– davantage d'une monstration des œuvres que d'un souci de vente, la direction d'Art Basel s'atèle à créer sans cesse des évènements pour se maintenir en tête du peloton.
Ainsi Art Public déploie depuis 2003 des œuvres monumentales sur le grand parvis du bâtiment de la foire et dans les rues adjacentes. Le public s'attardait cette année autour d'une gigantesque structure réalisée dans une faïence blanc/bleu –rappelant le style Ming– par un artiste chinois : Ai Weiwei (1957) dont une autre œuvre avait été précédemment exposée en 2007 à Unlimited et qui s'installera prochainement dans le vaste hall de la Tate Modern à Londres.
En 2010 le choix des œuvres Art Public a été confié au commissaire bâlois Martin Schwander tandis qu'Art Parcours, qui depuis cette année, investit le contexte urbain, avec des performances et 10 interventions sur des institutions très éloignées de la Foire –ainsi de l'action d'Angela Bulloch dans la cathédrale, de celle de Daniel Buren sur les fenêtres de la plus vieille Université…– a été conçu par le Directeur du CCA Wattis Institute de San Francisco lequel souhaitait insister, d'une manière contemporaine sur l'histoire de la ville.

La Foire s'est encore, depuis 2002, des "Conversations" où débattent –dans un auditorium confortable– des artistes, des critiques et divers responsables d'institutions venus du monde entier et c'est aussi des projections de films d'artistes –et sur des artistes– se tenant chaque soir, dans un cinéma de la ville.
Tout est pensé pour stimuler l'envie de s'approprier une œuvre, pour que le visiteur de passage (60 000 en 2009 sur 4 jours) baigne du matin au soir dans l'art contemporain et le plus étonnant (du moins pour un non bâlois) est encore le parti pris qu'a su tirer Art Basel des si nombreux refus de candidatures que le manque de place rendent inévitables chaque année.
Le parti pris fut de co-produire voilà 15 ans et pendant la durée d' Art Basel : "La Liste, the young art fair in Basel", foire qui devient pour une soixantaine de jeunes galeries une sorte de prélude à l'agrément aux Statements. Au cours des années précédentes nous y avons vu la galerie parisienne Jousse Entreprise et la bordelaise Cortex Athletico, la première est entrée depuis à la prestigieuse Design Miami/Basel et l'autre à Art Basel.


Design Miami/Basel

En juin 2000, Art Basel a signé un contrat de plusieurs années avec la Ville de Miami Beach, en Floride, pour lancer une nouvelle manifestation d'art contemporain qui s'appelle "Art Basel Miami Beach". La première a eu lieu en décembre 2001. Pourquoi Miami Beach ?
"Formant un pont entre les cultures nord-américaine, latino-américaine et européenne, Miami dispose d'un grand potentiel culturel et économique, d'un aéroport et d'un port maritime internationaux, d'une architecture hors pair et jouit d'un climat agréable, " écrit en 2000, La Direction de la foire Bâloise, dans le dossier remis à la presse, ajoutant entre autres arguments "la concentration unique d'un niveau de vie élevé, d'ambitieuses institutions culturelles et une active communauté de collectionneurs…" On retrouve là, l'esprit des propos fondateurs d'Art Basel.
Miami Beach/Art Basel a concrétisé un nouveau concept de manifestation transectorielle réunissant mode, design et architecture, et en retour, avec le partenariat de la banque privée américaine HSBC de Miami, elle a ouvert, en 2005, la première session de Design Miami/Basel. Jusqu'à cette année les exposants y ont présenté des objets innovants quant à leur forme et leur usage, tous étant produit industriellement.
En 2010, il en a été tout autrement puisque y participaient des galeries telles que celle de Didier Aaron, de Paris, avec une quinzaine de meubles datant du 18ème siècle, des pièces uniques dont un secrétaire à la forme particulière dite "violonée" caractéristique du style rocaille à l'époque de Louis XIV. Didier Aaron défend l'idée que le 18ème siècle français et européen "a profondément influencé la conception des meubles à la fin du XIXe et le design des XXe et XXIe siècles" et de fait cette forme dite violonée se retrouve dans un chiffonnier d'André Groult de 1925 et également en 1987 dans un meuble dessiné à Sydney par Marc Newson.
La galerie Ammann, de Cologne, présentait de Florian Borkenhagen une superbe table "Asamoa" en bois précieux de mahogany, en édition très limitée ce qui est en contradiction avec la définition même du design tel que Jean Prouvé, Charlotte Perriand et de nombreux autres l'on défendue.
Design Miami/Basel tenait plus cette année d'une luxueuse foire du meuble, une foire attractive pour une couche de la société peut être plus susceptible d'investir dans le décor de son intérieur que dans des peintures ou sculptures contemporaines.




Les foires satellites


L'aura économique entourant Art Basel s'ajoutant aux crispations provoquées par des centaines de refus de candidatures –justifiées par un évident manque de place- a suscité chez les refusés la volonté de regroupements de galeries qui, par affinité, décidèrent, avec l'accord de la Ville, la création de leur propre lieu de foire. Et cela pendant les cinq jours de l'Art' afin de profiter du flot de probables collectionneurs. En 2010, il fallait donc visiter (en plus de l'ART', d'Unlimited, de Liste, de Design Miami/basel, d'Art Public et Art Parcours, des "conversations-débats" et films) quatre autres foires !


Volta

La première de ces manifestations fut Volta, créée en 2005 et réunissant une centaine de galeries et d'éditeurs d'art, venus essentiellement d'Europe et des Etats-Unis ; cette foire est la sœur jumelle de Statements ou de Liste. Les galeries y sont plutôt jeunes pratiquant avec bonheur la photographie et les récentes technologies.
Ainsi des clichés retravaillés à l'informatique, par le couple Heather et Ivan Morison à la galerie londonienne Danielle Arnaud. Les photographies du couple Morison se forgent à partir d'une intense observation des paysages qu'ils traversent et sur lesquels ils greffent des images évoquant de possibles drames environnementaux tels qu'une chute de météorite, une nature dégradée par des cristaux envahissants etc… A la galerie 401 contemporary (Londres/Berlin), Jakob Mattner et Laura Buckley travaillaient sur le rapport ombre/lumière, des sculptures cinétiques et lumineuses se réfléchissant sur les murs tandis qu'à la galerie bruxelloise Think21 le belge Arnaud Gerniers (1974) proposaient, à partir d'une combinaison de photographies et d'une source lumineuse, des cercles de halos veloutés semblant se dilater ou se contracter.


Hot Art

2006 marqua l'ouverture de Hot Art, une trentaine d'exposants de 21 pays répartis sur les cinq continents et ayant en partage la culture hispanique.


Scope

La même année 2006, Scope International s'installait sur les bords du Rhin avec une prédilection pour la présentation d'oeuvres asiatiques. Auparavant, Scope –fondée en 2002 par un artiste : Alexis Hubshman– s'était annexée aux foires annuelles de Miami, New York, les Hamptons et Londres. En 2007 Alexis Hubsham a lancé la Fondation Scope, une organisation sans but lucratif pour soutenir la communauté artistique internationale.
Depuis 2009, Scope a investit 8000m2 soit une surface supérieure à celle de l'Art' initiale- dans une ancienne caserne proche de la Mustermesse, et se concentre, en 2010, sur de jeunes artistes de Berlin et d'Asie.


Solo Project

Enfin "Solo Project", la dernière née des foires satellites débuta en 2008. Telle les Statements, elle présente sur chacun de ses 22 stands, les oeuvres d'un seul artiste.
Ainsi la galerie portugaise Arthobler (de Lisbonne) présentait le praguois Jakob Nepras (1981), un jeune vidéaste tentant ambitieusement de symboliser par des images tirées d'une sélection aléatoire de programmes télévisés- les mœurs actuels et la hiérarchie sociale de nos priorités…

Pour les galeries présentes à l'Art', deux facteurs, qui sont hors de leur pouvoir, peuvent doper l'attractivité de leurs offres, le premier élément étant une exposition monographique d'un de leurs artistes dans l'un des musées de la Ville ou des proches environs. Rosemarie Trockel, Gabriel Orozco, Matthew Barney.
Ainsi, en co-production avec le musée de Bonn et l'Université d'Edimbourg (2), le cabinet graphique du Kunstmuseum a inauguré, quelques jours avant l'ouverture de l'ART', la présentation de 200 dessins, collages et recueils d'esquisses de Rosemarie Trockel (1952), soit près de 30 années de production de cette artiste allemande dont on pouvait voir d'autres travaux sur 7 stands de la foire dont celui très influent de la galerie Gladstone (New York, Bruxelles). Toujours au Kunstmuseum, une autre aubaine pour quatre galeries de la foire (dont celles de Marian Goodman et White Cube…) : la rétrospective sur vingt années du mexicain Gabriel Orozco (1962), une rétrospective déjà tenue ce printemps au MOMA de New York et qui séjournera cet automne au Centre Pompidou puis, au début de 2011, à la Tate Modern de Londres (3).
A quelques stations de tram depuis la Mustermesse, la fondation Laurenz à Schaulager présentait "Prayer Sheet with the Wound and the Nail"(4), une exposition exclusivement conçue pour le lieu, par l'américain Matthew Barney (1967). Ce dernier, bien connu pour la coûteuse extravagance de ses films, performances et installations (voir la série des Cremaster) a choisi de se confronter à de très nombreuses toiles de maîtres anciens des 15 et 16ème siècles (des Baldung Grien, Cranach, Dürer, Graf, etc…) évoquant l'héroïsme de la passion, la souffrance et la mort, jouant le plus souvent d'une recherche gratuite de l'effort et d'une mise en danger sans finalité.




Sigmar Polke, Jean-Michel Basquiat, Felix Gonzalez-Torres


Le second facteur, qui développe assurément l'attractivité de l'achalandage d'une galerie en en faisant monter les coûts, est en relation avec la mort. Un journaliste suisse du Temps, en 2008, avait noté la soudaine prolifération à l'ART', d'objets et peintures de Rauschenberg, alors que l'artiste venait de décéder le mois précédent.
En 2010 dix galeries, d'Europe et des Etats-Unis. proposaient des dessins de Louise Bourgeois, qui venait de disparaître, des œuvres inédites sortant comme miraculeusement des cartons.
A Unlimited, la galerie Michael Werner (Cologne et New York) a opportunément installé "clouds paintings" une peinture très grand format, datée 1992, de Sigmar Polke, décédé, à l'ouverture de la foire, d'une longue maladie. Ses œuvres se trouvaient aussi sur une dizaine de stands.
Pour sa part, la Fondation Beyeler a monté une vaste rétrospective des œuvres de Jean Michel Basquiat (Haiti 1960 /NY 1988) à l'occasion du cinquantenaire de sa naissance, des œuvres qui pouvaient s'acheter sur 7 stands de la foire dont celui de Bischofberger qui a fortement travaillé en Europe à la promotion du millier de peintures et dessins que Jean Michel Basquiat a laissé derrière lui.
Toujours à la Fondation Beyeler il y avait un autre météorite du marché de l'art : Felix Gonzalez-Torres (Cuba 1957 NY1996) le seul artiste à ce jour qui a représenté de manière posthume les USA à la Biennale de Venise.

La mort clôture la grande œuvre d'un artiste et aucune modification ne peut lui être dorénavant portée sans invalider son authenticité, une valeur primordiale qu'agitent les experts en histoire de l'art.
Coté galerie, c'est-à-dire coté marché, la mort signale indéniablement la mise en route d'un processus d'appauvrissement du stock d'œuvres qui, ne pouvant se renouveler, va déclencher une spéculation au plus offrant.
En quelque sorte, l'œuvre échappe à son créateur pour briller, selon ses forces artistiques, l'éclat et le contexte de la collection qui l'abritera, quelques années ou une infinité de siècles.
 
Liliane Touraine
Bâle, juillet - août 2010
 
 
 
 
Art Basel 41 : www.ArtBasel.com
 
Notes :

1 - Le musée autrichien des Beaux Arts de Vienne vient de payer 18 millions de dollars un Kokoschka de 1970.

2 - catalogue Rosemarie Trockel : Drawings, collages and Book Drafts
Coproduction : Kunstmuseum Basel, Kupferstichkabinett, Talbot Rice Gallery, University Edinburgh,
Kunstmuseum Bonn, Hatje Cantz verlag Ostfildern (Germany)
163 pages 234 illustrations couleur, Isbn 978-3-7757-2613-9
L'exposition est visible jusqu'au 5 septembre 2010 - www.hatjecantz.com

3 - catalogue Gabriel Orozco Tate Publishing
255 pages, illustrations couleurs, Hatje Cantz verlag, Isbn 978-1-85437-921-4
L'exposition Bâloise sera au Centre Pompidou à Paris du 15 septembre au 3 janvier 2011
puis à la Tate Modern du 19 janvier au 2 mai 2011
- www.kunstmuseumbasel.ch

4 - catalogue Matthew Barney : Prayer Sheet with the Wound and the Nail,
Schwabe verlag Basel édité par Laurenz Foundation, Schaulager,Basel
172 pages, illustrations noires et couleurs, Isbn 978-3-7965-2707-4
L'exposition est visible jusqu'au 3 octobre - www.schaulager.org

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