Arles 2017
Les Rencontres de la Photographie
Arles 2017
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Arles 2017

Dune Varela

Sous la houlette d'un nouveau regard, celui de Sam Stourdzé, son actuel directeur, cette édition révèle quelques personnalités étonnantes parmi un foisonnement éclectique et parfois singulièrement baroque.
"Plus nous pensons les pays fermés plongés dans des crises politiques ou économiques, et plus les photographes sont là. Ils révèlent, racontent, témoignent, inventent, réparent, reconstruisent, avec leur propre langage, celui de l'image. Ils sont les décodeurs des signes annonciateurs des sociétés en plein bouleversement." annonce son directeur hyperactif.

Nous avons tenu à mettre l'accent sur les artistes suivants : Dune Varela, Roger Ballen, Michael Wolf, qui n'est pas un nouveau, mais dont l'installation apparaît comme les plus originales plastiquement par sa scénographie, et la première rétrospective en Europe du japonais : Masahisa Fukase, intitulée : L'incurable égoïste. Promenade dans les sixties avec de nombreuses pratiques esthétiques, graphiques, dans les magazines, et des performances radicales pour l'époque. Il y a évidemment les photos des Rolling Stones par Annie Leibowitz acquises par la Fondation LUMA, des milliers d'images (1970-1983) qui donnent le vertige par leur accumulation et leur installation, - style "je rempli ma chambre de mes fans !" - pour ceux qui les connaissaient il n'y a pas vraiment de grande surprise, à quelques exceptions près, il est dommage que les cartels soient presque absents et les chronologies peu indiquées, surtout pour les non initiés. Il y a dans ce hangar monumental les images Latino-Américaines (1960-2016), et avec notamment Paz ERRÁZURIZ, Une poétique de l'humain (Primée en Arles) – voyage notamment en Colombie, toutes situations emplies de ces "Pulsions Urbaines", lieux interlopes et attractions sexuelles sur le vif !… Latina !

Dune Varela (née en 1976, à Paris-France. Vit et travaille à Montreuil) nous plonge dans une extraordinaire série d'images originales imprimées sur des pierres, du carrelage, des tomettes, ou des pierres brisées à même le sol, et des photographies en noir et blanc – à la lumière métallique argentée – de sites archéologiques ; ici et là, on est face à des colonnes doriques trouées par des balles de fusil-mitrailleur !... – et par sa technique et ses procédés divers elle met en exergue des notes de colorimétrie, sur certains côtés des tirages réalisées en numérique ; comme cette image du Temple de Bêl, une impression sur pierre brisée - qui nous plonge dans la mémoire et l'histoire antique, mais aussi dans le temps présent avec ce que cela comporte de "réel", réflexion sur des sites détruits par les barbares des temps modernes, au plus près de nous !... architectures et monuments historiques à la dérive avec leurs stigmates au fil du temps, et notamment au fil des destructions contemporaines. Toujours Le Soleil, c'est le titre de son exposition, l'une des plus originales d'Arles, une véritable découverte. – Lauréate de la résidence BWW, au musée Nicéphore Niepce, elle a bénéficié de cette exposition en Arles, faisant suite à son Prix. Catalogue publié par les éditions Trocadéro avec BMW Art & Culture.

Michael Wolf : La vie dans les villes. Dès l'entrée, on est absorbé par des séries d'images suspendues dans des cadres métalliques ou en bois qui ponctuent l'espace comme des cloisons. Vues kaléidoscopiques d'immeubles de villes chinoises. Saturation de populations derrière des barres de béton ; images de rues où parfois l'artiste saisit des instantanés de détritus flottants dans l'air qu'il a capturés pour les montrer sur des tablettes numériques – avec un certain côté détaché et humoristique. Par ailleurs, il y a cet immense panoramique, au chœur de l'église, de photos incrustées dans une nuée de 20 000 poupées en plastique, pour enfants, The Real Toy Story (de 2004), made in china, formant une rotonde, avec plusieurs images de femmes les fabriquant à Hong Kong, sur leurs lieux de travail, usines diverses. Ces poupées, il les a aussi récupérées dans des brocantes aux USA, etc. Une forme de pléthore de marchandises pour une consommation de masse, sur tous les continents. Un ensemble étonnant dans un parfait éclairage qui créé une atmosphère en regard des images !

Roger Ballen (né en 1950 à New York, il vit en Afrique du Sud) est un américain qui semble venu d'ailleurs avec sa fameuse installation filmée et mise en scène : The House of The Ballenesque, un film que l'on peut voir sur le net. Il faut absolument entrer dans son monde à travers ce film et son exposition à L'Atelier de la Mécanique – une se tenant dans une petite galerie d'Arles. Il raconte son expérience ainsi : "The House of the Ballenesque est un lieu où se rencontrent les différentes composantes de mon travail photographique et de mes installations, un lieu où tout est possible. Mon parcours photographique m'a convaincu que la maison est un lieu de profondes découvertes, chaque pièce représente un aspect important de mon langage esthétique. C'est souvent chez soi, là où les personnes trouvent refuge face au monde extérieur, qu'elles entreprennent les voyageurs intérieurs les plus périlleux. Il y a quelque chose dans la présence physique du lit défait, du canapé usé, de la vitre cassée, de la chaise bancale, du cadre de travers et des poupées démembrées qui évoque la vie vécue pleinement et dans toute sa complexité. Prenant comme point de départ la métaphore de l'esprit en tant que maison, le visiteur suit un parcours fait d'une suite d'analogies entre les images, de l'obscurité à la lumière et du sous-sol au grenier."
Tout est dit. Etonnant, inquiétant, singulier mais totalement hors du commun dans ces Rencontres. Signalons les photos d'Iran, Année 38. Accumulation avec plus ou moins d'intérêt. Très socio-politique.

Une mention pour la jeune photographe chinoise, Silin Liu (Née en 1990 en Chine. Vit et travaille à Pékin, Chine), qui s'immerge dans des images historiques avec un certain culot humoristique qui vaut le détour/et le détournement… pour sa technique d'intégration d'images et de collage numérique qu'elle intitule : I'm everywhere : Je suis partout ! Elle définit son travail ainsi : "La capacité descriptive de "Je suis partout" ("I'm everywhere") surmonte les contraintes géographiques et temporelles ; à partir de là, une personne se transforme en "dieu". Lorsque le medium n'est plus en mesure de porter l'énergie de l'information, sa forme disparaît à son tour. Ainsi, l'image est saturée d'omniprésence – elle déborde d'énergie, mais est extrêmement factice ; elle est l'endroit où tout commence et où tout finit. Chaque fois que nous prenons une photo et la partageons, nous effectuons un rituel. Nous perdons dans cette adoration irrationnelle tout en émettant une version inédite de nous-mêmes. Par ce procédé, nous expulsons la peur et l'impuissance de notre environnement. Par ce procédé, l'environnement original mais déréglé peut nous donner l'opportunité de décider d'un nouveau destin."

Dans cette nouvelle édition, une place a été accordée aux films en 3D, à la réalité virtuelle, aux expériences d'immersion pour le spectateur dans un nouveau lieu. Une volonté de son directeur qui note ce changement technologique lié aux images, aux nouvelles écritures, en créant un nouvel espace de rencontres le VR (Virtual Reality) Arles Festival au couvent Saint-Césaire. Bravo ! Sans doute que l'année prochaine, on aura de nouvelles créations dans ce sens.
 
Patrick Amine
Arles, septembre 2017
 
 
Rencontres de la Photographie d'Arles 2017
34 rue du docteur fanton, 13200 Arles
9 juillet — 24 septembre 2017
www.rencontres-arles.com - info@rencontres-arles.com - tél. : +33 4 90 96 76 06

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