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Silvana Reggiardo

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Lieux communs : paysages, photographies couleur au format 60 x 60 cm (de 1 à 6)

Entre la porte qui sépare l'immeuble de la rue et celle qui donne accès aux appartements, dans ces espaces hybrides où l'on tolère encore les colporteurs, les marchands ambulants et les placiers, dans les “non-lieux” des immeubles, se déploient parfois des choses un peu incongrues censées meubler l'espace : des galets, des pierres, des morceaux de bois secs, des plantes vertes, qui, dans la scénographie de leur disposition, peuvent évoquer des paysages.
Ce n'est pas pour dénoncer leur laideur, ni pour m'attarder sur leur pouvoir de fascination kitsch que je me suis intéressée à ces compositions : c'est leur force d'évocation, qui m'a attirée, renvoyant à des simulacres de paysages, offrant comme des points de fuite à notre imaginaire.



Objet télévision, Paris 1990 - 1997, photographies couleurs au format 40 x 60 cm (de 7 à 9)

Je réalisais un reportage sur les chambres de bonnes. Carmen vivait dans l'une d'entre elles depuis près de vingt ans, dans un amoncellement d'objets les plus divers. Alors que je la photographiais, une image soudain a envahi tout l'espace: dans l'écran d'une télévision démesurée, au milieu des chatons en porcelaine, de réveils et de représentations religieuses, un oeil est apparu.
C' est ainsi que j'ai décidé de m'engager dans un travail documentaire sur les télévisions et leur environnement. J'ai toujours été fascinée par ces objets du quotidien qui, accumulés, entassés au fil des ans, agissent comme autant de révélateurs d'une histoire humaine fugace, entr'aperçue. Or de tous ces objets la télévision occupe une place à part. Eteinte, elle est une parmi d'autres choses. Allumée, elle éclaire d'un relief particulier l'univers familier dans lequel elle semblait appelée à se fondre.
J'ai voulu photographier ces moments où les objets du quotidien, à la lumière des images diffusées par l'écran de télévision, semblent s'animer soudain pour acquérir une dimension nouvelle, inattendue et troublante.



Les présences désagrégées, Paris 1998 – 2000, photographies couleur au format 100 x 250 cm contrecollées sur dibond (la dernière)

Dans ces images je mêle des photographies de Paris et de sa banlieue, le centre historique et la ville contemporaine. Des images de reflets, captées dans les miroirs, dans les vitrines, sont accolées les unes aux autres, pour réaliser ces panoramiques. Par ce jeu de montages, je veux perdre le regard, faire tomber les frontières de l'espace, les contours du réel et de sa représentation, je veux introduire l'illusion. A partir de cette entreprise de déconstruction, dans les interstices d'une réalité urbaine sans cesse recomposée, évolutive et fragmentée, je tente de saisir les traces fugitives et fantomatiques d'une mutation, celle des corps au contact de la ville.

"Je vois encore mon image en compagnie de Faustine. J'oublie qu'elle est une intruse ; un spectateur non prévenu pourrait croire qu'elles sont également amoureuses et dépendent l'une de l'autre. Ou bien n'est-ce qu'une illusion due la faiblesse de mes yeux? De toute façon il est consolant de mourir en assistant à un résultat aussi satisfaisant. Mon âme n'est pas encore passée dans l'image ; si cela se faisait, c'est que je serais mort et que j'aurai cessé de voir (peut-être Faustine), pour demeurer avec elle dans une apparition que personne ne recueillera. A celui qui, se fondant sur ce rapport, inventera une machine capable de rassembler les présences désagrégées, j'adresserai une prière : qu'il nous cherche Faustine et moi, qu'il me fasse entrer dans le ciel de la conscience de Faustine. Ce sera là une action charitable." L'invention de Morel.Adolfo Bioy Casares.

Silvana Reggiardo

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