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Cézanne et les seize ânes ou Suzanne et les bananes

Lorsqu'il y a un an, Christine Decome, directrice de la galerie Amana à Aix-en-Provence, me proposa une exposition pendant la grande rétrospective du centenaire cézannien au musée Granet, unique en France et conjointe avec la National Gallery of Art de Washington, je fis le choix de proposer un travail autour du Maître d'Aix. Cela s'avérait d'autant plus indiqué que la galerie Amana avait programmé de longue date d'exposer cette année sous ses vastes voûtes Léo Marschutz, ce peintre venu d'Allemagne s'installer au pied de la Sainte-Victoire en 1928 et qui se fit, auprès de certains des plus fameux historiens de l'art, de John Rewald à Lionello Venturi, Douglas Cooper et Jean Leymarie, le meilleur héros cézannien.

Car, on le sait, nul n'est prophète…. et Cézanne qui n'avait en tête que de devenir "l'interprète" des trésors de son "pays", et s'y fixa inéxorablement, en fit l'amère expérience. A Aix mais aussi à Paris, d'Henry Roujon, le directeur des Beaux-arts à Emile Zola, "l'ami-traître", ses détracteurs se montrèrent intraitables. Curieusement, il semble que chercheurs et historiographes ne se soient guère attardés sur ce terrain délicat…
Il revenait donc à un peintre, lointain héritier spirituel du Maître de s'emparer du sujet… littéralement, pour célébrer le centenaire de sa succession. Du cubisme à l'abstraction, une succession presqu'aussi nombreuses que les étoiles du ciel.

Avec tant d'ânes contenus dans son nom, la piste, le chemin rocailleux s'annonçait prometteur. Si l'âne devant la flaque d'eau pile net, croyant voir le ciel, ou plutôt le vide, les ânes, face aux pommes, ne voient – ne sont – que des bananes. Insulte suprême pour les ânes (ban, fin XIIe, du francique "ban", (proclamation officielle, publique de qqch., en particulier d'un ordre, d'une défense), l'exclamation "banane !" met l'accent sur la maladresse de l'intéressé. Une maladresse d'autant plus flagrante que le sujet ne s'en rend pas compte et qu'il n'est pas près de l'entendre – de cette oreille. Ou plutôt de l'écouter de cet œil, selon l'expression de Claudel ! Seuls les spectateurs qui ont pris suffisamment de recul, dans l'espace-temps, voient l'erreur. Ou plus exactement, ils la sentent… car elle leur saute aux yeux !

… tel un bouchon de champagne. Au point d'en être aveuglés. D'ailleurs, dans une première version, j'avais donné comme titre : Cézanne et les seize ânes ou Suzanne et les aveugles. Aveugles ou vieillards, ils sont atteints, non pas tant de sénilité ou de cécité, que, par un excès d'orgueil ou de sensualité, d'un manque de sensibilité ou de jugement. Référence au texte de Daniel (13,19-24) certes, avec le long cortège de ses développements iconographiques au fil des siècles de l'histoire de la peinture, qu'accompagnent les interprétations et commentaires les plus riches et variés.

Mais, dans un souci de privilégier une approche poétique, je retins une rime plus explicite et énigmatique à la fois. Plus symbolique en un mot. En l'occurence, ce second – ou énième - clin d'œil cézannien s'imposa.
Champagne ou … pomme-banane pour tout le monde ! Même pour les ânes, sans état d'âme.

Olivier de Champris, Aix-en-Provence, le 7 juin 2006
 
 
"En dépit de la prophétie patronymique du Maître d'Aix, qu'il avait vraisemblablement perçue dès sa jeunesse brillante et lettrée, et quoique le titre de cette suite l'annonce, ce ne sont point seize mais une infinité d'ânes que Cézanne devait rencontrer de son vivant comme dans le siècle qui s'en suivît. C'est pourquoi, au-delà de ses détracteurs parmi les plus notoires, nous n'avons attribué de classement qu'à quinze d'entre eux, classement arbitraire puisqu'alphabétique. La position n°16/16, acide entre toutes, revenant à chacun de ceux qui – aussi innombrables que les pommes à cidre, … pardon ! : que les régimes de bananes - ne manqueront pas de s'y joindre."

Note : Non sans humour, alliant toujours techniques traditionnelles et nouvelles technologies, Olivier de Champris présente une suite de compositions mettant en scène le Maître d'Aix face à ses détracteurs. Ici, douzes personnalités (seize dans l'exposition) sont retenues pour ces face-à-face inédits. Zola, "l'ami-traître" et sa femme, critiques, académiciens, entre autres, sont convoqués à la défiguration des autoportraits. Avec, pour thème focal et prismatique du rapport au sujet, celui des Baigneuses, malentendu ouvert à toutes les interprétations…
 
Olivier de Champris, exposition "Cézanne et les seize ânes ou Suzanne et les aveugles", du 1er au 30 septembre 2006
Galerie Amana, 10, rue Laurent Fauchier, 13100 Aix-en-Provence, tél : +33 4 42 26 56 01,
amana.galerie@wanadoo.fr
 
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