Sean Scully
Première rétrospective en Europe
Sean Scully
Sean Scully
 

Sean Scully

Sean Scully, Cut Ground Orange Pink 6.11, 2011, Öl auf Leinwand,
Privatsammlung © 2012, ProLitteris, Zürich

Pharaonique la logistique qui a permis de monter au Kunstmuseum de Berne, Suisse, la première rétrospective de Sean Scully en Europe. Sean Scully, une des figures de l'art abstrait américain joue les grands formats, les très grand formats (de 5 à 12 m2) depuis toujours. Il semble que seules ces dimensions lui permettent de mettre en œuvre ses concepts de peintures et il a fallu transporter sur des milliers de kilomètres d'énormes caisses renfermant ses œuvres gigantesques qui ont eu de la peine à passer par les portes du musée et réaménager de fond en comble les salles d'exposition.

Parti dans les années 70 d'un art abstrait géométrique, cherchant à créer par un jeu de couleurs superposées l'impression de la tri-dimensionnalité, ses voyages dans les pays "du sud" (Maroc, Mexique, Afrique…) et l'empreinte très puissante que lui a donné Rothko, le conduisent dans un registre très personnel qui le pousse à enfermer ses impressions personnelles dans un cadre "parageométrique" omniprésent.

Les amateurs de Sean Scully le classent dans le registre de l'abstrait, mais ses toiles sont en réalité des recueils colorés de sentiments et de paysages qui l'ont impressionnés. A l'instar de Nicolas de Staël qui, par ses vastes jets de couleurs, a rempli ses toiles d'impression de paysages, Sean Scully cache ses impressions et ses souvenirs dans une déclinaison personnelle de couleurs malaxées et complexes épousant de vagues formes géométriques faites de damiers et de bandes droites. Les titres des oeuvres sont rélateurs : Catherine (chaque année) en l'honneur de sa première épouse, The Bather (1983) en hommage à Matisse, Africa (1989) en souvenir des sols et des sables africains, Vita Duplex (1993) le portrait d'une double existence (laquelle ?), Wall of Light Desert Night (1999) Becket (2006), pour la beauté et la folie disciplinée de Samuel Becket. La célèbre toile The Grey Wolf (2007), acquise par le musée de Berne est symptomatique : elle raconte le face à face nocturne inopiné de Sean avec un loup dans les Pyrénées, alors en route pour Barcelone.

Cette magie des couleurs complexes, comme usées par le temps, créent des harmonies qui ne sont pas sans rappeler celles de ces pays exotiques qui sont furtivement mentionnés dans ses œuvres. Dans ces compositions savantes, l'Afrique est presque toujours présente. On voit surgir au détour d'un tableau ou d'un autre, ces couleurs vives qui illuminent les tissus traditionnels indiens ou les draperies du marocaines.

Naturellement chaque œuvre a sa propre histoire. Elle reste un tout, mais une telle rétrospective permet de mieux saisir la démarche picturale d'un artiste qui, tout au long de sa vie, persiste dans la recherche d'une perfection qui justifie sa réputation. Une exposition rare pour un artiste américain unanimement reconnu, mais en réalité encore fort peu présent en Europe, en dehors de ses pays d'origine, l'Angleterre et l'Irlande.
 
Bernard Blum
Basel, mars 2012
 
 
Sean Scully. Grey Wolf, Retrospective
du 9 mars au 24 juin 2012
Kunstmuseum Bern
Hodlerstrasse 8, CH 3000 Bern 7
www.kunstmuseumbern.ch
Catalogue édité par le Kunstmuseum de Berne/ 200 pages
Allemand et Anglais, ISBN, 978-3-86859-183-5, CHF 38.00

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