Mais que cherchent-ils ?
Bastogne
Mais que cherchent-ils
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Mais que cherchent-ils
Mais que cherchent-ils
 

Mais que cherchent-ils

Mais que cherchent-ils ? Bruton, His Master's voice, Collect Rousseau

 
 
 
 
Etre intéressé par l'art contemporain n'est pas une évidence.
Collectionner l'est encore moins, cela demande un investissement personnel, intellectuel et sensitif.
L'Orangerie, espace d'art contemporain de Bastogne, propose depuis quelques années, des réflexions sur la notion de collection. Cette année c'est Michel Clerbois, le commissaire de l'exposition "Mais que cherchent-ils ?" qui fait une proposition sur des parcours d'amateurs d'art et d'artistes et leurs rapports à la collection. Il a choisi des collectionneurs, qui sont des personnes à la fois ordinaires et singulières, ne possédant pas forcément de moyens financiers exceptionnels, ni des connaissances artistiques encyclopédiques mais qui sont passionnées et qui établissent dans la relation l'art, à l'esthétique, une philosophie de vie.

Commençons par la collectionneuse écossaise Anne Buckingham, celle-ci privilégie les rapports d'amitié et de connivence avec les artistes, elle établit au fil des ans dans des échanges fraternels avec eux et suit leurs parcours et leurs évolutions, elle a une vision hétéroclite et ouverte aux diverses réflexions contemporaines. La présentation d'œuvres aussi différentes que celle de Fernando Alvim (Angola), John Beech (GB), Gast Bouschet (Luxembourg), Mariuz Kruk (Pologne), Eric Stenmans (Belgique) nous donne un échantillon du potentiel diversifié de cette collection.

Serge Parternoster, collectionneur belge craque, quant à lui, pour des démarches allant du surréalisme à Dialogist Kantor en passant par Fluxus. Pour l'Orangerie, le commissaire a choisi de ne présenter que deux séries d'œuvres de cette famille artistique : l'une, d'œuvres de Marcel Marien, le maître historique du surréalisme belge et de l'autre, des assemblages poêtiques d'images et d'objets de Marcel Vandeweyer, qui en est un heureux prolongement actuel.
Le collectionneur Etienne Rousseau se consacre, lui, au patrimoine design industriel des années d'après guerre, il est fasciné par ces objets fusionnant l'épure esthétique et l' ingéniosité fonctionnelle et présente des séries surprenantes de chauffages électriques et d'objets d'art ménagers, glanés lors de quêtes quotidiennes dans les brocantes, sur les puces ou sur internet.
Anciens professeurs de La Cambre, Jean Glibert et Félix D'Haeseleer sont passionnés de couleurs. Leur installation "couleurs" est composée de quelques objets hétéroclites sélectionnés dans la collection de Jean Glibert et d'un choix de livres sur la couleur, d'échantillons, de nuanciers, empruntés de la bibliothèque de la Cambre par Félix D'Haeseleer, présentés sous vitrine l'ensemble s'accompagne d'audio reprenant leurs commentaires et leurs dialogues sur le sujet.

Jacques André est l'artiste auquel le commissaire a laissé la possibilité d'intervenir à sa guise.
Pratiquant des achats compulsifs à répétition, collectés par série, ceux-ci s'intègrent dans une réflexion conceptuelle sur la place de l'objet dans la société de consommation.
Il nous présente, discriminés dans la salle d'exposition, une série de vomis en plastique - objets de farces et attrapes - achetés un peu partout dans le monde, jumelés et surveillés par de fausses cameras de surveillance. Cette intervention, à la fois discrète et efficace, trouble l'ensemble de l'exposition et nous fait glisser vers d'autres réflexions sémantiques liées aux statuts de l'objet.

Mais quel statut pour l'objet ?
L'exposition "Mais que cherchent-ils ?" interroge aussi le statut à l'objet - du désir que l'on peut avoir vis à vis de celui-ci - qu'il soit d'art ou quotidien, usuel, esthétique ou encore détourné.
Le questionnement de la valeur intrinsèque, qualitative ou symbolique de l'objet est ici envisagée dans le rapport aux projections et aux appropriations personnelles qui s ‘établissent dans le choix, la reconnaissance ou l'indifférence, le désir de possession et le plaisir du vécu.
Comme le dit Michel Clerbois dans la préface du catalogue : "depuis un siècle, avec Marcel Duchamp et ses ready-made (objets d'art, ni beaux, ni laids) les choses ne sont pas simples !"

A ce niveau, l'exposition propose de subtils glissements sémantiques de l'objet à l'œuvre, de l'ordinaire vers l'extraordinaire; d'un artiste vers l'autre. D'une collection, l'autre
Comme les nuanciers de couleurs édités et conservés en bibliothèque et que l'on retrouvent confrontés à des gammes de faux ongles ou une palette de crayon de couleur dans l'installation de Glibert/D'Haeseleer, comme dans les couleurs industrielles utilisées par John Beech pour peindre ses photos trouvées et les vieux pots de couleurs «Amterdam oil couleur» installés sur une étagère par Fernando Alvim et prêts pour être massacrés ou encore dans les objets "vintage" des années cinquante sauvés et restaurés amoureusement par Etienne Rousseau aux objets trouvés, accaparés, détournés, et re-signifiés de Marcel Marien et Marcel Vanderweyer mais aussi Mariuz Kruk ; jusqu'aux vomis surveillés de Jacques André, simulacres trop signifiants, parsemés ici et là dans toute l'exposition et qui nous poussent à se poser la question récurrente du néophyte depuis l'aube de l'art moderne :

"Mais est-ce vraiment de l'art ?"
"Mais que cherchent-ils ?" dresse un panel de visions et de conceptions diverses, qui projettent le visiteur dans le rapport que celui-ci, établit à l'objet en général et à l'œuvre d'art en particulier. Elle lui montre que l'art est à la portée de tous ceux qui le désire et ouvre la porte peut-être pour les nouvelles vocations
 
Pascal Vrignaud
Bruxelles, novembre 2012
 
 

Mais que cherchent-ils

Mais que cherchent-ils ? Jacques André

 
"Mais que cherchent-ils ?" du 20 octobre au 25 novembre 2012
 • Des collectionneurs : Anne Buckingham, Jean Glibert , Félix D'Haeseleer, Serge Paternoster, Etienne Rousseau
 • Des artistes : Fernando Alvim, Jacques André, John Beech, Gast Bouschet, Mariuz Kruk, Marcel Marien, Eric Stenmans, Marcel Vandeweyer
 • La collaboration de la Bibliothèque de l'école nationale supérieure des arts visuels de La Cambre
 • Commissariat : Michel Clerbois - Production : Willy Doris, l'Orangerie, espace d'art contemporain
 • Catalogue de 24 pages couleurs

L'Orangerie, Centre d'art contemporain, Parc Elisabeth, rue Porte Haute, 6600 Bastogne
www.lorangerie-bastogne.be - tél : +32 61 21 65 30

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