Jan Dibbets
La boîte de Pandore, une autre photographie
Jan Dibbets, La boîte de Pandore
Jan Dibbets, La boîte de Pandore
Jan Dibbets, La boîte de Pandore
Jan Dibbets, La boîte de Pandore
Jan Dibbets, La boîte de Pandore
Jan Dibbets, La boîte de Pandore
Jan Dibbets, La boîte de Pandore
Jan Dibbets, La boîte de Pandore
Jan Dibbets, La boîte de Pandore
Jan Dibbets, La boîte de Pandore
Jan Dibbets, La boîte de Pandore
Jan Dibbets, La boîte de Pandore
Jan Dibbets, La boîte de Pandore
Jan Dibbets, La boîte de Pandore
 

Jan Dibbets, La boîte de Pandore

Jan Dibbets, La boîte de Pandore, Anna Atkins

"La boîte de Pandore" est une exposition sur la photographie, sur le médium photographique.
Jan Dibbets, artiste conceptuel de notoriété international, en est le commissaire. Il fait partie de cette génération, qui depuis les années soixante, pratique la photographie pour ses recherches plastiques et conceptuelles sur la réalité, hors des conceptions esthétiques, techniques ou documentaires liés à la photographie traditionnelle.

Ce n'est donc pas en tant qu'historien de la photographie qu'il a envisagé sa proposition mais en apportant un point de vue diffèrent d'artiste s'interrogeant sur le phénomène photographique et qui engendra la photographie plasticienne qui redéfinit depuis quelques décennies, le rapport de la photographie à l'histoire de l'art.

Le parti pris est clairement énoncé, ce n'est pas l'histoire de la photographie réaliste ou documentaire ou esthétique qui l'intéresse, mais plutôt les médiums photographiques tels que les chercheurs et les scientifiques du XIXe siècle les ont utilisé, pour des expérimentations de transferts chimiques et physiques. C'est cette conception spécifique, plus objectiviste de la réalité, qui distingue l'approche photographique des autres techniques et l'a fait rentrer de plein pied dans l'histoire de l'art. La sélection de l'exposition est un choix subjectif du commissaire qui pose la question du comment (comment produire une photo) plutôt que le quoi (que photographier). Jan Dibbets nous convie à une expérience " post–historique" de la photographie.

Chaque photographie est liée au temps, à l'espace-temps dans lequel elle fut produite.
Comme l'écrit dans son texte Hubertus von Amelunxen : "Chaque image fait irruption dans le temps qui ne suit pas les aiguilles de l'histoire mais imprime à la transformation du mouvement en image une rotation sur elle-même s'achevant à chaque fois dans le nouveau et commençant par la fin, résonnant doucement ou fortement, absorbant les échos" (Hubertus von Amelunxen, La soupe de Daguerre ou comment les fins touchent aux origines, dans le catalogue page 135)

Ces réflexions sur le médium photographique, déjà abordées par Duchamp, seront omniprésents chez les artistes conceptuelles et minimalistes des années 60 / 70, dont fait partie Jan Dibbets. Chez ces artistes, la technicité, le tirage manuel et original, la recherche esthétique photographique sont quasi inexistants voir rejetés au profit du document, de la trace, de la transcription de l'idée.
Ces œuvres conceptuelles et minimalistes, changeront les processus de création des générations suivantes qui modifieront elles aussi les paramètres ; tirage géant, collage sur dibond, suppression du cadre et du passe-partout, travail et réflexions sémantiques des sujets et du médium. La photographie plasticienne fera son entrée dans le monde de l'art contemporain, rivalisant avec la peinture, aux cimaises et dans les collections, tout en se distanciant de plus en plus du monde de la photographie traditionnelle.

La question de la copie est évidement très importante en ce qui concerne la photographie, la distinction entre l'original et la copie se posèrent dés le XIXe siècle à Daguerre. Cette problématique s'accentuera de plus en plus jusqu'à nos jours. La fragilité des originaux et le développement qualitatif des reproductions et de copies, décalent le rapport au tirage vintage et unique, cher aux collectionneurs et aux musées, par rapport au contretype quasi identique à l'original et aussi à la reproduction mécanique de l'édition. Contrairement à la production d'estampe, de gravure ou de copie, la photographie se distancie de la pratique manuelle, ce qui la situe dans une sphère plus intellectuelle, conceptuelle et immatérielle. Ces dernières années avec l'invention numérique, l'arrivée du digital et d'internet, les donnes se sont encore modifiées, la présence d'une photographie sur les réseaux, en reproduction, précédent la matérialisation éventuelle, mais non obligatoire, et la monstration de l'œuvre.
La chaine des référents successifs dont parlera Markus Kramer. (Markus Kramer, Objets photographiques, dans le catalogue pages 192-199)

La dernière partie de l'exposition aborde les approches les plus contemporaines des recherches photographiques plasticiennes. Des réflexions faites à partir de notions "d'indicielle-technologique" qui mènent aux modèles interdisciplinaires des Objets photographiques.
Ceux-ci ne faisant plus de référence direct à la réalité et au processus physico-chimique de la photographie traditionnelle, mais à un concept qui puisse ces données de base dans l'image transfert numérique, le référant d'un méta-niveau qui est déjà une source input mise à disposition de futur transformation vers une forme particulière d'art conceptuel matérialisé.

Cette exposition est remarquable, Jan Dibbets nous ouvre les yeux sur de nombreuses facettes de la photographie, existantes depuis l'origine, mais occultées, négligées ou marginalisées mais aussi sur les développements des champs du possible de ce médium dans le futur.
L'exposition fait bouger les frontières de l'appréhension de l'histoire de la photographie tant au niveau conceptuel et théorique qu'aux niveaux pratiques artistiques.

On peut seulement déplorer l'absence quelques démarches originales allant dans le sens de cette réflexion, comme le chimigramme de Pierre Cordier ou d'autres expérimentations comme celle liées aux travaux de Floris Neusüss, Susan Derges ou Adam Fuss.
 
Pascal Vrignaud
Paris, juillet 2016
 
 
La boîte de Pandore, une autre photographie par Jan Dibbets
Musée d'Art moderne de la Ville de Paris
25 mars au 17 juillet 2016
Iconographie © Adagp, Paris
mam.paris.fr

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