René Farabet, atelier de création radiophonique, exporevue, magazine, art vivant et actualité

René Farabet, atelier de création radiophonique, extrait
"à propos des deux sons qui composèrent le générique de l'ACR
(Atelier de création radiophonique, sur France Culture)
pendant de longues années (un générique de Yann Paranthoën)"



           Le coup de tonnerre – le bruit d'ailes, etc.


A – D'abord, avez-vous quelque chose à dire ?

B – Je n'ai que des questions, je crois.

A – Est-ce ici le lieu approprié ?

B – Je ne sais pas… Peut-être pas… Certainement pas…

A – Que présentez-vous, aujourd'hui ?

B – Je n'arrive pas à terminer la dernière pièce.

A – que faites-vous donc ici ?

B – Je suis à la recherche de quelques idées… des idées comme graines, comme promesses de fleurs…

A – Vous vous croyez dans une pépinière ? En tout cas, j'espère que vous avez en mémoire la phrase d'Arthur Rimbaud : "Il faut être absolument moderne". Attention, je n'ai pas dit "post-moderne" !

B – Pour l'instant je n'ai que deux sons.

A – Vous êtes prêt pour une œuvre minimaliste !

B – Il me semble qu'au fond, nous devrions, à chaque fois, partir de zéro, ou presque…, déplier une nappe d'oubli sur ce que l'on a fait.

A – Vous ne croyez pas à l'expérience professionnelle ? Vous rejetez l'idée de "modèle" ?

B – L'idée mécanique de la série, oui sans doute.

A – Vous faites allusion à ces produits manufacturés, issus de scénarios et de structures toujours identiques, régis par des codes rigides, invariants, et qui défilent sans arrêt, jour après jour, ou semaine après semaine, d'une manière circulaire, comme les chevaux de bois du manège ?

B – Il faut éviter que, dès sa conception, l'œuvre soit condamnée à entrer dans un moule pré-fabriqué.

A – Et naturellement, vous récusez la notion de "genre". Vous vous situez dans la non-catégorie radiophonique – celle des "monstres sonores", en quelque sorte. Mais les institutions n'imposent-elles pas des limites à vos jeux ? Comment allez-vous vous insérer dans ces grilles de programmes, aussi inexorables que les indicateurs de chemin de fer, où les horaires, les correspondances et les itinéraires sont standardisés, et quadrillent strictement le temps quotidien, sans laisser le moindre espace libre, flottant ?

B – Il est vrai que le "magasin acoustique" dont parlait Brecht, manque aujourd'hui de fantaisie. Peut-être tout programme devrait-il commencer, comme le Finnegans Wake de Joyce, par un coup de tonnerre, de manière à faire vaciller cet échafaudage raisonné du temps, conçu par des comptables.

A – Un coup de tonnerre… Vous êtes donc spécialisé dans les bulletins météo ? Ou bien vous vous prenez pour Zeus, et vous voulez transformer le haut-parleur en "bouche oraculaire".

B – Le coup de tonnerre est le premier son dont je dispose.

A – Ah ! et il a donc pour effet de déchirer cette espèce de tapisserie musak qui nous enveloppe.

B – Oui, si l'on veut. Et dans le même temps, il appelle à l'attention…

A – Comme la cloche appelle à la prière…

B – L'attention est une sorte de prière.

A – Et votre tonnerre promet pour plus tard le ciel bleu ?

B – Une autre configuration du ciel, en tout cas.

A – Alors, en route pour l'aventure – pour la terra incognito – à travers des chemins de traverse – et peut-être des impasses ?

B – Oui, "Holzwege", disait Heidegger – des chemins qui parfois ne mènent nulle part. Mais je vous propose d'en rester plutôt à la métaphore aérienne, puisque la finalité de tout programme, c'est d'être propulsé "on the air". Du reste, le deuxième son que j'ai avec moi, c'est un bruit d'ailes…

A – A cause de Mercure, peut-être, le messager des dieux aux chevilles ailées : le premier des médiateurs, notre ancêtre… Ou bien à cause de Cupidon, que la force du désir fait voler…

B – Du désir et de l'imagination.

A – Alors fendez les airs et traversez les ondes… Wings, waves… Vous avez la musique de votre générique. Maintenant, nous attendons la pièce !

B – Un moment encore, s'il vous plaît. Comme les Anciens, nous devrions peut-être observer le vol des oiseaux – le glissement des ailes dans l'air… Que disent les augures ?

A – "… la radio… est moribonde… C'est une vieille dame centenaire… elle n'en a plus pour longtemps…". Quel est votre sentiment ?

B – Je reconnais que la radio, parfois, se farde avec du maquillage rance. Elle se croit encore au temps de Rudolf Arnheim, et avec une obstination maniaque, elle persiste à polir certaines formes éculées.

A – Penseriez-vous au radio-drame, par hasard ?

B – Je n'entends blesser personne… A d'autres types d'œuvres aussi.

A – Oui, la radio a la nostalgie de sa splendeur passée. A votre avis, croit-elle encore à sa capacité de façonner les esprits, comme autrefois ? Elle est parfois si dogmatique…

B – Elle est surtout conformiste – et profondément conservatrice : l'alliée des pouvoirs existants, des valeurs établies.

A – C'est qu'elle est soumise à la loi du marché et de l'économie, à la tyrannie des courbes d'audience…

B – Elle rêve d'une société soudée et homogène. Et pour cela, il lui faut véhiculer des idées et des faits "omnibus" - c'est-à-dire banals, sans conséquences : qui font le consensus, et laissent intacts les structures mentales.

A – Fast-food culturel pour fast-thinkers !

B – La raison en est peut-être que la vieille coquette s'est laissée séduire par les discours des "media-theorists"…

A – Avez-vous dit "theorists" ou "terroristes" ?

B – … "terroristes", qui ne cessent de scander que sa spécificité, c'est la transmission en direct, en temps réel, d'informations.

A – Les journalistes, oui, sont, de nos jours, ses principaux souteneurs… News, news, news… a stew of news ! Alors la meilleure issue ne serait-elle pas d'intervenir comme artiste-esthéticien de la communication – et de travailler sur la radio comme dispositif de mise à distance, de révéler l'essence même de la technique, de réfléchir sur l'idée de réseau, d'ubiquité, en somme ?

B – Pensez-vous que l'artiste des temps modernes ne peut être qu'un ex-employé du ministère des postes et des télécommunications ?

A – S'il appartenait au ministère des Beaux-Arts, je suis sûr que vous le trouveriez académique ! Dites-vous bien que nous sommes entrés aujourd'hui dans l'empire d'Hermès, dans l'ère du multi-média. Votre pièce devra se faire flexible !

B – Flexible… Le mot est à la mode, et circule maintenant dans de nombreux milieux.

A – L'œuvre de demain sera protéiforme ou ne sera pas !

B – De la pâte à modeler, quoi…

A – Elle sera polyvalente…

B – C'est-à-dire convertible, à la façon d'un canapé-lit ?

A – Ne soyez pas sceptique ! Elle va être dispatchée sur de multiples haut-parleurs, insérée dans un ensemble machinique extrêmement complexe…

B – Et peut-être réduite à une simple force d'appoint ?

A – Peut-être ! Elle sera morcelée, dépecée…

B – Allez-vous comparer la séance d'écoute à une leçon d'anatomie ?

A – Les gens, aujourd'hui, ne se satisfont plus d'un mince filet de son. Ils ont besoin de se gorger de sensations, d'une orgie de sensations. L'écoute n'est pas une épreuve d'ascétisme. Il leur faut aussi des écrans avec des images. Et bientôt ils pourront ouvrir le récepteur des ondes olfactives, celui des ondes tactiles, etc…

B – Donc pour plaire, les sons doivent se faire visibles – et, pourquoi pas, comestibles ? Il est vrai que la terre est devenue une ruche bruyante et colorée. Les sirènes ont déserté leur passe secrète, elles sont partout maintenant, elles occupent et saturent l'univers. Elles se sont d'abord équipées de transistors et de haut-parleurs, et voici les nouvelles technologies à leur service. Bits against atoms !

A – Ecoutez leur chant, mon cher Ulysse – le chant de la computer-mediated perception : "tellement, tics, tics, tics/molecular time, time, times, time/dance of meaning, ning, ning, ning/cy, cy, cy, cyberspace/machine, chine, chine, chine/etc.

B – E t où est l'auteur, dans tout cela ?

A – C'est le système inter-actif lui-même.

B – Un auteur multiple, donc – dispersé, nomade ?

A – Pour une œuvre jamais finie, oui. L'art n'est-il pas d'abord un processus ?

B – Un processus, où les participants n'auraient plus de corps, plus de nom, plus d'identité : des silhouettes immatérielles se décomposant comme un spectre de lumière.

A – Mais vous savez, la radio, c'est une histoire de fantômes, un pur jeu d'ombres. Et comme dans toute télé technologie, on assiste à une sorte d'effacement du sujet. Finies, les promenades narcissiques dans les jardins du moi !

B – J'aimerais croire que l'acte radiophonique est un acte de responsabilité, qui a pour effet, non simplement de dévoiler le monde, mais de le révéler, de le rendre lisible – le monde non comme modèle, mais comme "sujet". Or vous semblez admettre que notre activité est purement ludique, qu'elle est une simple activité de loisir… En fait, vous avez cessé de croire à la radio !

A – A vous de nous emporter ailleurs, sur vos ailes…

B – Vous rêvez d'un rapt pour un quelconque lieu d'utopie. Non. Le médium, du reste n'est pas aussi chaud que le prétend Mac Luhan. Il n'est pas apte seulement au lavage de cerveau.

A – Au gadget exotique, vous préférez l'objet culturel ?

B – Culturel… Quelle serait votre définition de la culture ?

A – Certains disent que c'est l'ameublement des cerveaux.

B – Ils estiment sans doute qu'elle n'est qu'un ornement !

A – Si vous avez une préférence pour les têtes vides, je vous recommande, comme bruitage propre à les évoquer, les noix de coco.

B – Je veux dire que les idées ne sont pas des marchandises, de même que les sons ne sont pas des objets. Le monde n'est pas une entité statique, mais un champ énergétique. Aux formes, préférez les tensions !

A – Une des fonctions de la radio n'est-elle pas de distribuer du savoir ?

B – Oui, mais aussi de l'interroger, et non d'écouler, tel quel, un stock de connaissances déjà constituées et codées. Savoir, ce n'est pas seulement savoir que.

A – La culture, dite-vous, est une aventure…

B – Il faut la concevoir comme une expérience existentielle, personnelle, oui – une approche réflexive, critique, herméneutique…

A – …tique, tique, tique. Mais êtes-vous bien sûr que la radio est le canal idéal pour cette espèce de socratisme ? On dit que le son ne permet guère de recul, n'offre aucune terrasse, aucun belvédère pour des "vues panoramiques". Le son vous envahit, vous pénètre comme une éponge. On appelle ça "l'étreinte télématique" !

B – Oui, écouter, c'est d'abord se faire poreux. Le son ricoche sur la boucle de l'oreille, et, s'enfonçant dans le pavillon, emprunte un chemin labyrinthique à travers le corps (un dédale de canaux tortueux, de poches de résonance, de filtres, etc.). Mais surtout, il va irriguer le système nerveux, cette usine alchimique d'humeurs et d'affects, de souvenirs, de pensées… Il déclenche ce qu'on pourrait appeler une "radiophonie intérieure".

A – Il y a un aphorisme - de Lichtenberg, je crois –qui dit : "Je me mis à réfléchir, c'est-à-dire à écouter plus fort".

B – Donc l'écoute n'est pas une activité passive.

A – Vous savez pourtant que, dans certaines langues, ouïr veut dire obéir !

B – Jetez un regard sur votre oreille. Vous voudriez la réduire au rôle d'un simple entonnoir où se déverserait souverainement le son ? Non, observez-la : elle a la forme d'un point d'interrogation.

A – Qu'entendez-vous par là ?

B – L'oreille ne cesse de questionner… y compris les messages sonores les plus péremptoires et les plus calibrés.

A – Ah ! je crois que dans la scénographie de l'écoute qui nous attend – de plus en plus enveloppante – l'oreille risque d'être plutôt submergée… et "abasourdie" !

B – Vous vous référer aux expériences de multiphonie, de "sur round", etc… ?

A – Oui. Un exemple. Mister Braun (l'un de nos auditeurs les plus sophistiqués, il a transformé son espace domestique en une sorte de studio) s'installe chez lui, au milieu de son orchestre de haut-parleurs. Il a mis ses pantoufles, allumé son cigare ; il ouvre le bouton du poste… Le voici aussitôt projeté du cul-de-sac du privé au cœur de la fête sonore (il s'agit des sons d'une jungle, disons). Le mobilier de la pièce où il se trouve fait désormais partie de la jungle : Mister Braun squatte la jungle, pourrait-on dire. Il est en état complet d'immersion…

B – Wawes…

A – Comme dans un bain à remous… un Jacuzzi bath !

B – On dit pourtant que, dans l'eau, les tympans ne sont plus opérationnels…

A – Oui, mais la perception sonore s'exerce désormais à travers les pores de la peau, par conduction osseuse… C'est dire que, malgré la forme interrogative de ses oreilles, Mister Braun n'est plus en état de poser des questions.

B – Alors Mister Braun est un "suicidé par les ondes". Son fauteuil, du reste, a tout l'air d'une chaise électrique : c'est comme si on lui envoyait du courant dans le corps. Il est électrocuté, pétrifié, il n'a plus d'échappatoire. Il est prisonnier dans son lieu d'écoute, qui est une sorte de citadelle coupée du monde extérieur, des vibrations atmosphériques.

A – Alors que l'écoute, dites-vous, devrait être un acte de liberté.

B – Une sorte de va-et-vient actif – de soi au son (c'est-à-dire au monde), du son à soi.

A – Ecouter, ce serait, d'une certaine manière, se mettre de profil, en vue de privilégier une sorte de "Verfremdung Effekt"…

B – Oui, Brecht imaginait ce mouvement de navette, ce mouvement dialectique, qui permet une prise de distance critique.

A – …tique, tique, tique. Une question : à qui vous adressez-vous ?

B – L'auditoire est muet.

A – Il existe des techniques de feed-back. Organisez des talk-shows, etc.

B – Vous croyez à ces formes atrophiées de pseudo-communication, à cette démagogie spontanéiste ?

A – Je comprends. Vous préférez vous identifier au berger érythréen. Il paraît qu'au crépuscule, il récite des poèmes à son troupeau, qui soudain cesse de bêler…

B – Nous avons besoin d'oreilles, quelles qu'elles soient – même s'il n'y a pas de réponse. Mais l'image du troupeau ne convient pas. Toute écoute est individuelle.

A – Il n'empêche qu'à la réception, il y a toujours un "trou noir". Vous travaillez dans les ténèbres.

B – Sans doute. Mais on pourrait dire aussi qu'il y a déjà un auditeur dans la bande-son.

A – Devant la bande-son plutôt.

B – Non, dedans. Listening-in.

A – C'est vous, l'auteur, qui êtes dedans ?

B – Oui, mais flanqué d'une sorte de double fantômatique – un confident, si l'on veut, comme dans la tragédie classique. Le premier auditeur, en un sens…

A – Et c'est ainsi qu'avec votre voix de ventriloque, vous guidez l'écoute à venir. Vous imposez sournoisement votre point de vue.

B – Non, il s'agit simplement de suggérer, ;non de donner des ordres. L'auditeur n'est pas un copiste zélé. C'est un scribe un peu distrait. Son histoire interne est impalpable.

A – Et vous estimez que dans la masse des échantillons et des signes sonores que vous proposez, chacun va pouvoir se tailler un habit d'Arlequin à sa guise ?

B – Pythagore, vous le savez, s'adressait à ses disciples à travers un rideau…

A – Oui, on a appelé ça "l'acousmatique", je crois…

B – Eh bien, ce rideau blanc est, en somme, un écran, où l'auditeur est convié, à partir de ce qu'il entend, de projeter ses propres images à lui.

A – Mais sans pouvoir interrompre le cours de l'œuvre !

B – Il s'agit tout de même d'une forme d'interactivité, non ?

A – Bravo, vous êtes prêt pour la live-radio !

B – Toute radio, même la plus élaborée, est “live” – puisque liée au présent de la transmission.

A – Et l'on n'échappe pas à la linéarité, c'est un déroulement continu. Et le son, toujours, passe sans retour, et nous oblige à courir, à nous essouffler derrière lui, dans son sillage.

B – C'est pourquoi l'auteur ne doit pas réduire le temps radiophonique à une simple duplication du temps réel. Il faut aussi prendre en compte l'intériorité même du récepteur.

A – Voilà ce que les théoriciens de la communication oublient le plus souvent, je vous l'accorde : ils ne parlent pas de voyage, ils parlent de transport ! Alors vous allez nous faire l'éloge de la lenteur, je suppose ?

B – L'éloge de la résonance, plutôt.

A – De l'écho ? Je vois, vous êtes amoureux de cette jeune nymphe, changée en rocher par Jupiter et condamnée à répéter mécaniquement et mélancoliquement la fin des phrases.

B – Non, cela n'a rien à voir avec le phénomène du “perroquet”. Il faut simplement laisser le son s'exhaler,se propager et se couler dans le corps de celui qui écoute, s'inscrire dans sa conscience.

A – Vous prêchez pour une dramaturgie du silence ?

B – Le silence est l'élément primordial à partir duquel nous travaillons, et auquel nous ne cessons de revenir. J'aimerais que, par delà la volatilité, la fluidité immatérielle des messages et des sons, on retrouve un peu de “pesanteur”.

A – Vous voulez donc chausser l'auditeur de semelles de plomb ?

B – Non, lui rappeler que le son est un corps vivant. Lorsque vous l'entaillez, il saigne, il crie… De même, l'écoute n'est pas un phénomène purement intellectuel, c'est une question de vibrations.

A – Ecouter, vibrer, émettre, transmettre : diffuser. L'auditeur est aussi en “émetteur”.

B – Oui, à condition qu'il y ait dans l'œuvre des “fenêtres”. Il faut que l'œuvre s'ouvre à lui, se laisse pénétrer, lui offre des possibilités d'escale, des espaces de dérive.

A – Pour vous, la marge est aussi importante que le texte ?

B – La marge fait partie du texte.

A – Mais ne risquez-vous pas de faire de l'auditeur un songe-creux, et de l'embourber dans des sables mouvants ?

B – Non, laissons-le flâner, prendre son temps. Laissons-le aussi jouer l'œuvre pour lui-même, l'accompagner – comme le berger ses moutons.

A – Vous changez le statut de l'auditeur : de mouton il devient berger !

B – C'est un homme sur le qui-vive, en état de veille, oui : un veilleur.

A – Diriez-vous que la radio est une sorte de livre de chevet vivant ?

B – Si l'on veut.

A – Mais alors destinée aux gens couchés, ou aux malades ?

B – Non, à ceux qui acceptent de laisser entrer un peu de nuit dans leurs yeux, de laisser se ralentir en eux le flux journalier, pour partir en voyage.

A – Platon soutenait que dans l'urgence, on ne peut pas penser… Un voyage donc, qui évite les autoroutes…

B – Un voyage au cours duquel on s'allie au paysage traversé, on rencontre des carrefours…

A – Et où on tombe aussi sur des mirages ?

B – Oui, utilisez le pouvoir combinatoire de la radio, vous aurez des constructions imaginaires : la scène sonore est, par excellence, une scène de l'impossible.

A – Donc, une dramaturgie de la résonance, …du silence, …du qui-vive, …de l'impossible …Eh bien, je vous souhaite bonne chance !


Référence Radio Grenouille :
www.grenouille888.org

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