"En l'Etat" de Franck Gérard
chez Briobox
Franck Gérard
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Franck Gérard

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Le 15 octobre dernier s'est ouvert une nouvelle galerie en art contemporain "Briobox" près du Centre Pompidou. Les nouveaux galeristes Françoise et Patrice Briolet sont de fervents collectionneurs depuis une vingtaine d'années. Leur passion commune avait bien commencé avant, aussi ils ont décidé de la partager et de se rapprocher des artistes Malgré une ère économique difficile, ils se sont lancés. Ce sont de vrais professionnels, tout est murement réfléchi et fait dans les règles de l'Art. Ils ont acquis au fil des ans une bonne connaissance, ils se sont beaucoup investis et savent s'entourer des acteurs du milieu de l'Art Contemporain. Ils ont ouvert juste avant la FIAC. Ils ont choisi pour leur première exposition l'artiste Franck Gérard né en 1972. Il vit et travaille à Nantes. Artiste est déjà bien connu du milieu des institutions culturelles et présent dans les collections publiques. A la sortie des Beaux Arts de Nantes, il fit sa 1ere expo en 1998 au Confort Moderne de Poitiers.
Il est obsédé par la forme créée par les autres et la représentation, comment allier les deux. Ses photos sont prises sur le moment, sur le vif, telles quelles dans l'espace public. Il joue sur l'état de réceptivité. Travail sur l'habitude du lieu, du quotidien, ce moment de glissement où l'image vient. En entrant dans la galerie, nous passons entre les (State) ou photosculptures choquées, froissées en équilibre à même le sol. Des photos contrecollées sur des plaques d'aluminium plastifiées, ont été déformées avec précision à l'aide d'une masse d'où l'unicité de chaque photosculpture. Elles sont à la fois la représentation par le statut de l'image et à la fois projection de violence par l'impact des chocs. Puis une série de photos sur les "Chimères" Plus loin, la photo "Rue François Coppée" on y voit un tuyau chargé dans la voiture par un homme, elle nous fait penser à l'œuvre de Mac Carthy "Spaghetti Man", d'où la pensée, la compréhension des images liée à sa propre culture, son savoir.

Une image de son Doudou d'enfance, bien usé est le 1er objet auquel on s'attache, jusqu'au jour où on l'abandonne. Maintenant, on nous présente "I Phone" comme un élément " fétiche", une assuétude à l'objet. En liaison, au sol, cinq petites statuettes en forme d'ours, blanchâtres en porcelaine froide, sèche (fécule de maïs avec de la colle blanche), objet créé de toute pièce. Nous pensons à "Tintin à l'oreille cassée", les tribus amazoniennes d'Amérique du Sud. Il traite ici le passage de l'enfance et de ses rituels.
Une photo représente un morceau de terre, c'est la terre où repose sa grand-mère. On revient à la terre. Et au pied, cinq sculptures en forme d'urnes pleines dans la même matière brute, le poids de la terre. "Archéologue" était le premier travail qu'il ait eu envie de faire.

Le rapport au temps, à la terre, à la forme, aux mythes liés à la mort Une photo prise sur l'instant d'un de ses pansements accompagne au sol plus d'une soixantaine de statuettes en forme de tours imaginaires .On pense à Babylone, à la tour de Babel, aux statuettes en albâtre et stéatites du musée du Quai Branly, aux grandes tours architecturales de Dubaï, un travail dur et long. C'est une réflexion sur l'idée du temps et du labeur.
Une photo d'une assiette allemande de 1937, faite à Vienne avec le sigle nazi, et puis à terre une assiette publicitaire façon Delphes. Comment l'objet est utilisé comme propagande, présentation publicitaire insidieuse, par la marque apposée à l'objet, l'accent est mis sur un régime dictatorial et un régime libéral et la soi-disant liberté de consommer.

A l'opposé des "Chimères", des photos sur les objets, les scènes extérieures anecdotiques du quotidien. L'exercice de son regard sur le monde est instantané, poétique et centré sur autre chose. Entre autres, la photo d'un côté d'une orange et à côté la deuxième photo de la face cachée de celle-ci, elle sont le symbole des échanges Nord riche/Sud pauvre. La nourriture est la base de l'économie. L'une représente une belle orange, terre saine au départ, l'autre la face cachée de l'orange, l'homme continue à abimer la planète, le pourri ne peut revenir en arrière.

Au Sous-sol, " Vanités" une photo de "Merles" morts l'un à côté de l'autre, "Roméo et Juliette" et le poison sur fond noir, le noir aspire la lumière et la chaleur. Au sol une peinture médicinale formée du sigle de Nestlé (1ere société d'agroalimentaire) suivi du slogan de Kraft Foods (2ème société d'agroalimentaire) : "Make today delicious" fait de lait en poudre, chocolat, café…Ce qui nous lie tous la mort est la nourriture et la manipulation de ces groupes par le pouvoir.

Trois photos, celles déjà exposées dernièrement à l'Espace Paul Ricard à la demande de Jean-Yves Jouannais nous parlent de la limite transversale de la mer et tout ce qu'elle évoque. "En l'etat" Travail progressif commencé le 13 juillet 1999 suite à un accident. A la fin de l'exposition, nous pouvons visionner son film. Pendant sa convalescence, il filme de sa chambre une Tour qui disparait sous une pluie diluvienne, le jour, la nuit, élément naturel, dans les années 70 construction de tours dans chaque ville, en corrélation avec le travail présenté.
BRIOBOX est sa première présence dans une galerie parisienne, il y présente un travail pas commun, alliant photographie et sculpture.
C'est un succès, plusieurs œuvres ont déjà été vendues.
 
Elisabeth Petibon
Paris, novembre 2009
 
 
Galerie Briobox 67, rue Quincampoix 75003 Paris
du 15 octobre au 22 novembre 2009
www.brioboxgalerie.com

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