Terminaisons nerveuses

Depuis deux années, je développe un travail intitulé "The Pretenders". "The Pretenders" est le titre générique d'un ensemble de séries construites selon un dispositif systématique : inviter un modèle à choisir une action, un sentiment - ou encore un état - et faire semblant de l'accomplir devant l'objectif. La personne se concentre sur une représentation intérieure de l'acte qu'elle prétend produire. Ce protocole provoque ainsi un instant partagé de mentalisation où chacun élabore sa propre image. A ce jour, deux séries ont été finalisées, "The Pretenders 1" et "The Pretenders 2" (réalisée et exposée au Château de Cheverny dans le cadre d'une commande d'Images au Centre).

Terminaisons Nerveuses est en quelque sorte une extension à caractère biographique de "The Pretenders", partant d'un évènement (une séparation). Pour la première fois, j'utilise mon propre corps, donc une image privilégiée comme élément de construction de l'image photographique : ce corps-image - son histoire, sa mémoire.

Et puis l'amputation - la séparation - et le membre-fantôme : syn. illusion de l'amputé. sensation trompeuse, parfois douloureuse, suggérant l'existence d'un membre amputé (définition des éditions Masson).
Le détachement photographique permet un auto-examen quasi clinique, médical, qui doit néanmoins se traduire en termes esthétiques, non pas seulement dans une projection de l'espace du dedans mais d'explorer, construire un langage au delà des mythologies personnelles, au dehors du propos; comment représenter la rémanence des affects et percepts dans l'image? : l'Autre (l'Etre qui fût aimé) est, dans l'ensemble des images disponibles, à l'instar de l'image de mon propre corps, une image privilégiée.

Terminaisons Nerveuses explorent les possibilités de représentation, par le vecteur de la facticité, de ce qui n'est pas présent, à la fois l'Autre et cette entité que l'on nomme couple, qui n'est pas la somme de deux images privilégiées, mais une image particulière, indépendante.