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Midair, The Photography of Pascale Lafay, 2005

Arrivé à l'intérieur de La Finestra à Los Angeles, le spectateur est d'emblée confronté à un ensemble de grandes photos accrochées sur des panneaux de plexi transparent distribués au milieu et sur le mur blanc dans le fond de la salle centrale. Jetant leurs reflets dans l'espace, les images semblent comme captées "en plein vol", comme paralysées par notre regard curieux, voire impudique. Au rythme d'une cybermusic qui accompagne l'installation, le spectateur découvre une sélection de la nouvelle série de Pascale Lafay, intitulée "Beat" (2004/05).

Celle-ci consiste, au départ, en quatre volets de dix images chacune :
Les Courses blanches (une jeune femme vêtue d'une robe blanche courant sous un soleil écrasant dans des couloirs architecturaux), les Courses noires (la même femme en blanc fuyant à travers la nuit, saisie dans un faisceau de lumière comme un papillon), L'eau (la femme, nue, immergée dans l'eau au ras de la surface), le Vide (des vues plongeantes depuis le haut d' immeubles).
L'impact qu'effectuent ces images expressives et arrêtées dans le même temps, renvoie au simple constat que nous sommes des animaux dotés du pouvoir d'imagination, ce qui nous permet de reconnaître des sensations diverses, allant de la panique au plaisir et de la passion jusqu'au morbide.
Plus retenues, mais aussi trompeuses que "Beat", les "Statues" (2001/02) exposées dans les salles adjacentes abordent un thème également audacieux. Il s'agit de statues qui décorent les centres muséifiés de Paris la romantique et de Rome l'éternelle : un sujet qui s'écarte des règles de l'art contemporain. Les héros semblent vivants, dissolus dans les airs et les nuages. Notre position devant l'image imprimée sur papier aluminium crée des changements chromatiques permanents. Dans ce dialogue à la fois physique et mental, ces apparitions tissent un lien entre un temps imaginaire et le temps réel.

Le travail de Pascale Lafay est le mariage parfait entre séduction et métaphysique : deux éléments apparemment contradictoires qui, comme le plaisir et l'effroi, l'élégance et l'horreur, font partie de l'unique vie que mène chacun.
Nous voilà au cœur du discours de l'artiste.
Si la photographie exprime, par définition, une volonté d'effet de réalité, de vrai, Pascale Lafay s'expose dans un pacte du leurre. Son œuvre est le domaine par excellence d'une autofiction, qui joue sur des sensations, en deçà et au-delà de la vision optique. Si la plupart de ses séries, comme les "Statues" mais aussi les "Tunnels" (1999) ou "White Snow" (2005), présentent les sensations qu'évoquent, à des moments donnés, des objets et espaces dans l'environnement urbain, l'artiste se met en scène dans "Beat" et dans la série d'autoportraits "Elle comme moi" (2003/04).
Dans les deux séries, l'autofiction repose sur des faits biographiques, une chute et un accident représentant de profondes ruptures.
Véritable nuancier de sensations autour de la solitude, les séquences qui constituent "Elle comme moi" (actuellement intégré dans l'exposition "Girls Girls Girls" à Neuchâtel) présentent le passage d'une rêverie nostalgique vers des visions cauchemardesques.
Scanné par fragments, le corps de l'artiste apparaît aussi proche et insaisissable que les corps célestes, dont des images nous parviennent par satellite. Ici, couper la vue sur le corps relève de la séduction et de la notion du désir, tout comme dans les "Statues" la vue brouillée donne au sujet une qualité romanesque.

La nécessité de rapprocher le spectateur de l'image s'exprime, par définition, par la matérialité du support choisi en fonction de la sensation et l'accrochage de l'œuvre à quelque distance du mur. Elle est également visible dans l'organisation rigoureuse des images de "Beat", avec, centré, debout, le corps du modèle qui se chevauche avec la vision, horizontale des représentations du vide.
Prolifique et généreuse, l'œuvre de Pascale Lafay dépasse la recherche formelle en construisant des visions.

Adriaan Himmelreich, Paris, mai 2005

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